"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Face à la morosité des avenirs que nous annoncent les discours politiques et que les dystopies traitent avec simplisme, voire à échelle industrielle, certains auteurs choisissent une autre voie, tel Neal Stephenson qui avait lancé en 2012 un appel : il faut écrire de la science-fiction positive ! La science-fiction positive fait l'archéologie de ces futurs où l'humanité a évolué vers plus de paix, plus d'harmonie. Pour faire un bon roman, il faut un grain de sable.
Pour faire de la bonne science-fiction, il faut une technologie qui a évolué. Mais ces romans nous donnent l'espoir que le monde peut suivre un cours meilleur que celui qu'on semble nous promettre. L'oeuvre du grand écrivain français de science-fiction Roland C. Wagner dans son ensemble s'est fait fort d'appliquer ce principe narratif.
Lovelace, intelligence artificielle née à bord du Voyageur à la fin de L'Espace d'un an, accepte de se transférer à bord d'un corps synthétique.
Devenir humaine, une chance ?
À ses côtés, Poivre, mécano, l'aide de son mieux.
Ancienne enfant esclave libérée par miracle, grandie seule sur une planète ravagée, elle aussi a dû lutter pour accéder pleinement à l'humanité et se construire une vie, sinon ordinaire, du moins normale.
Libration - nom d'un point de l'espace en équi- libre entre deux astres, zone de stabilité mouvante qui accompagne les planètes dans leur danse - raconte l'histoire de ces deux femmes. Chacune à sa façon s'arrache à une vie liminale pour se tailler une identité, conquérir l'indispensable : la dignité.
Becky Chambers, au lieu de prolonger l'histoire des personnages du précédent roman, l'élargit.
Sa tendresse et sa lucidité nous offrent des pages déchirantes, et un chant d'amour plein de confiance et de courage.
- pour le plaisir de mettre en avant Becky Chambers et la SF positive
- 2 protagonistes qui de part leur passé ont du mal à s’intégrer
- un texte qui prône la diversité et la tolérance
le centre de l’histoire est autour du questionnement suivant : comment être heureux et trouver sa place quand on a vraiment piocher les mauvaises cartes au départ ?
- amitié, famille choisie et place des IA dans la société
- la psychologie des personnages, les relations entre personnes pensantes sont très bien traités
- c’est bien écrit/traduit
- c’est doux, plein de bons sentiments et pourtant les protagonistes ont vécu des horreurs
Après avoir enfin pu jouer (et terminer) le dernier jeu vidéo Mass Effect, le moment me semblait parfait pour me lancer dans la suite de L'espace d'un an, le magnifique Space Opera de Becky Chambers que j'avais adoré. Libration a beau être très différent de ce dernier, j'ai tout de même retrouvé beaucoup de choses qui avaient fait battre mon cœur..
Ce deuxième livre s'intéresse aux mecanos Poivre et Bleu ainsi qu'à Lovelace, l'intelligence artificielle du Voyageur qui a malheureusement été reprogrammée à la fin du premier tome, effaçant complètement la personnalité que l'on connaissait. Poivre et Bleu, après la mésaventure à bord du Voyageur, et pour le bien de la nouvelle Lovelace, l'ont transféré dans un kit corporel et ont rejoint Port Koriol pour mener une vie plus tranquille.
Cette suite nous permet vraiment d'en apprendre plus sur Poivre. Dans L'espace d'un an, ce n'était pas mon personnage préféré, mais ce deuxième tome nous révèle des vérités insoupçonnées qui m'ont fait redécouvrir le personnage. Le livre alterne les chapitres du point de vue de Lovelace, dans le présent, et les chapitres sur l'enfance de Poivre. De ce fait, on ne s'ennuie vraiment jamais, d'autant plus que les parties sont vraiment très différentes.
Et le livre est vraiment très bien fait, l'auteure adaptant son écriture à chaque personnage pour vraiment les différencier. Lovelace ne dit jamais "mon corps" mais parle de "kit". La petite Poivre qui a toujours vécue recluse et ne connais pas grand chose au monde a du mal à trouver ses mots et le narrateur s'exprime très simplement lors des chapitres qui lui sont dédiés.
C'est un livre tout aussi fort que le premier que l'on découvre, un livre qui pose des questions, qui nous fait grandir, un livre humain et beau. Les relations sont une nouvelle fois très importantes et l'auteure creuse vraiment au plus profond de ce qui fait l'humain avec le personnage de Lovelace. Comme dans L'espace d'un an, il y a des passages très forts qui resteront longtemps dans ma mémoire. Becky Chambers m'a une nouvelle fois transportée et j'espère pouvoir très vite lire un nouveau livre d'elle.
https://bookshowl.blogspot.com/2018/01/libration-becky-chambers.html
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