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Qui était Hélène d'Oettingen, née Elena Miontchinska en Ukraine avant de devenir l'une des grandes figures de la Belle Époque ? Peintre, poétesse, romancière, cette femme passionnée et avant-gardiste fut à la fois muse et mécène, empruntant autant de pseudonymes que de vies. Derrière, une seule et même personnalité hors du commun.Habité par la légende de son arrière-grand-père, célèbre imprimeur d'art et ami d'Hélène, Thomas Snégaroff retrace le destin de cette femme mystérieuse, morte dans l'anonymat et la pauvreté. Au fil d'une enquête littéraire, il fait de la vie d'Hélène d'Oettingen un roman.C'est toute la bohème fiévreuse de Montparnasse qui est ici convoquée, celle de Modigliani, d'Apollinaire, du Douanier Rousseau ou de Picasso, dans les ombres et les lumières des vies rêvées d'une femme éprise de liberté. Thomas Snégaroff, journaliste et historien, est l'auteur d'essais consacrés à l'histoire de l'Amérique, et d'un roman, Putzi, le pianiste d'Hitler (Gallimard, 2020) qui a rencontré un grand succès.
Alors que se remettant d’un cancer du sang, Thomas Snégaroff s’interroge sur son histoire et sur celle, trouée de silences, de sa famille, le voilà qui, s’acharnant sur le tiroir resté longtemps bloqué du bureau hérité de son arrière-grand-père imprimeur, y découvre des dessins signés François Angiboult, nom de peintre de la baronne d’Oettingen. L’historien qu’il est s’empresse d’enquêter, se plonge dans le Montparnasse de la Belle Epoque et, fasciné par la personnalité de cette Hélène d’Oettingen qui côtoya les plus grands artistes de son temps en tant que muse et mécène, mais aussi comme peintre, poète et écrivain sous différents pseudos, laisse libre champ à son imagination pour la faire revivre dans une œuvre de fiction.
Née en Russie d’un père inconnu et d’une comtesse polonaise, la jeune Hélène divorce sitôt mariée du Baron d’Oettingen dont elle conserve le titre et, attirée comme un papillon par les lumières de Paris, s’empresse de venir s’y installer en compagnie de son cousin Serge Férat, un peintre qu’elle fait passer pour son frère. Très fortunés, ils deviennent les mécènes du foisonnant Paris artistique de la Belle Epoque. Bientôt se pressent dans les salons d’Hélène tout ceux qui comptent dans l’art moderne, en tête desquels et parmi tant d’autres, Apollinaire et Picasso, pendant que, tâtant elle-même, non sans succès, de la peinture et de l’écriture, elle s’impose comme une figure aussi solaire que fantasque, aux mœurs résolument émancipées et aux humeurs toujours excessives, les emportements de son âme slave ne se départissant jamais d’une irrépressible et profonde mélancolie. Mais surviennent la révolution russe et la Grande Guerre. Sa fortune sous séquestre et ses amis artistes en partie décimés, la baronne ne survivra plus qu’en vendant peu à peu ses biens et ses tableaux, pour s’éteindre dans le dénuement et l’amertume en plein mitan du XXe siècle.
Aussi multiple que ses pseudos, difficile à cerner tant elle cultiva sa liberté et son propre mythe – ses autobiographies sont le strict reflet de son inventivité –, toujours extrême et passionnée, elle fournit au romancier l’étoffe d’un personnage d’exception en même temps que le cadre fabuleux d’un monde effervescent, peuplé des plus grands noms de l’art de son siècle. Et si l’ensemble, touffu jusqu’à risquer d’effriter l’attention du lecteur dans le tourbillon des détails et des personnalités rencontrées, perd un peu de son élan romanesque dans ses aspects les plus documentaires, l’on reste fasciné par ce portrait flamboyant et par ce destin traversé par tant d’immenses figures artistiques. Il est heureux qu’un tiroir décoincé lui ait permis de sortir de l’oubli !
Dimitri Snégaroff alias Abraham Negamkin vit à Vitebst, refuge des juifs de l’époque. Puis, l’exil l’amène à Paris où son nouveau métier, imprimeur, lui permettra de rencontrer le Tout-Paris artistique. Ainsi, le grand-père de l’auteur rencontre la Baronne D’Oettinger dont l’histoire est racontée dans ses vies rêvées.
Thomas Snégaroff s’attache à donner vie à la communauté d’artistes de l’époque, à partir de ce portrait de femme terriblement libre, fantasque et passionnée cachant malgré tout une grande détresse. Habilement, il fait revivre l’ambiance, les conditions de vie et l’exaltation créatrice qui faisait la réputation artistique du Paris de l’époque.
Mais, la Baronne d’Oettinger est aussi une femme tourmentée, imprévisible et terriblement étonnante. Psoriasis récurent, douleurs oculaires, manque d’appétit, état dépressif, tout peu d’un coup complètement déraper et l’épuiser. Son médecin de cure diagnostique l’hystérie, aujourd’hui, on ajouterait bipolarité.
Est-elle folle ou vit-elle follement sa vie ? Évidemment l’époque appréciera sa folie car, en plus, ils seront nombreux à en profiter. Ainsi, Thomas Snégaroff dresse, en historien précis à la documentation sérieuse, le portrait complexe du milieu artistique de Montmartre puis de celui de Montparnasse. Milieu interlope lors de l’avant-première guerre mondiale : du Picasso des saltimbanques de la période bleue ; du vieux peintre Rousseau guettant un sourire de Léonie, travailleuse à l’économie ménagère ; de Guillaume Appolinaire qu’Hélène soutiendra lors du départ de Marie Laurencin, ouvrant son salon des 229 boulevard Raspail à Montparnasse à toutes les créations artistiques en cours et à venir.
Son cousin éloigné depuis le début de son exil l’accompagne, veille sur elle et la protège de tous ses excès depuis le début de leur départ jusqu’à son dernier jour. Devenu peintre, il connaîtra son petit succès sous le nom de Serge Férat.
La baronne sera au départ Eléna Miontchinska, née en Ukraine en 1886 au Château de Krasnystaw. Puis, elle devient La baronne Hélène d’Oettinger de son union de jeunesse. Et, lorsqu’elle devient incontournable dans le milieu artistique, elle se présente aussi comme Roch Grey, écrivain au talent reconnu, François Angiboult, artiste peintre, et Léonard Pieux, pour la poésie, mais aussi directrice de la revue les soirées de Paris, imprimée dans la boutique Snégaroff. Ce personnage est certes haut en couleur, mais Thomas Snégaroff lui donne une consistance complexe, multiple et complètement inoubliable.
Dans cette fiction, certainement très proche de la réalité, le travail de documentation fourni est phénoménal de vérité. Un vrai plaisir de lecture et aussi beaucoup de choses apprises, mises en formes, pour comprendre l’époque, le ressenti de cette femme en découvrant son portrait unique et mémorable.
Chronique entière et illustrée ici
https://vagabondageautourdesoi.com/2024/07/15/thomas-snegaroff-les-vies-revees/
Hélène d’Oettingen, nom de naissance Miochinska,est née en Ukraine, en 1885, et meurt à Paris, en 1950. Peintre et écrivaine russe de langue française. Mariée un an au baron d’Ottingen, elle partage le pseudonyme, Jean Céruse (ces russes) avec Serge Yastrebzov, né à Moscou. Les deux sont très fortunés.
Hélène est peintre sous le pseudonyme Francois Angiboult, poétesse sous celui de Léonard Pieu, et en tant que romancière, sous celui de Rock Grey.
Sœur ou cousine de cœur de Serge Yastrebzov, le peintre qui s’appellera plus tard Serge Ferrat, connu sous le pseudo de Roudnief.
La baronne vit en concubinage avec Léopold Survage, né à Moscou qui a épousé Germaine Meyer. D'abord à Montmartre puis à Montparnasse, dans un grand appartement, est peinée par la disparition ou la mutilation de ses amis pendant les deux guerres. Fréquente beaucoup de personnalités, s’installe les étés à Saint-Jean-Cap-Ferrat avec Serge qui épousera plus tard Irene Lagut.
Voyage en Italie, notamment pour soigner son psoriasis mais aussi rencontrer son amour de toujours Soffici. Ses amis sont Apollinaire, Picasso, Robert et Sonia Delaunay, Max Jacob, Bracque, Archipenko, Léger, Gleizes, Le Douanier Rousseau. Lieux d'amusement à Montmartre et au cirque Medrano, lieux de rire pour guérir du spleen, puis elle suit le mouvement et déménage à Montparnasse.
Habitera 229, boulevard Raspail dans un magnifique appartement. Après la chute du Tsar, sa situation devient compliquée et elle va être obligée de réduire son niveau de vie.
Dernier défenseur de la baronne, le poète Pierre Albert- Birot qui la considère comme une génie.
Femme libre qui s’invente constamment. Tout à tour peintre, écrivaine ou poétesse, elle change d’après ses humeurs.
Côtoie les plus grands artistes de l'époque à Paris. Voyage, tombe amoureuse et se fait désirer. Meurt dans la pauvreté, après une vie pleine de rebondissements. Serge, son ami ou frère ou cousin, l’accompagnera fidèlement jusqu’à son dernier soupir.
Thomas Snégaroff est historien et journaliste. Il est l'arrière-petit-fils de l'imprimeur Dimitri Snégaroff, Abraham Nehamkin, qui publia les ouvrages d'Hélène dans l'Imprimerie Union.
Thomas part de 3 dessins qu'il a trouvés chez son arrière grand-père.
Paul Éluard aurait écrit qu’il n’y a pas de hasard mais que des rendez-vous. Assurément, cachés dans un bureau, papiers, manuscrit anonyme et trois portraits de Dmitri Snégaroff peints par une certaine Françoise Angiboult attendaient tranquillement qu’une main les découvre un jour. Cette main est celle de l’arrière-petit-fils de l’imprimeur russe : Thomas Snégaroff. Quant à la mystérieuse Françoise Angiboult, elle était tout simplement la « baronne » d’Oettigen qui s’inventait moult vies pour fuir la réalité. Mais qui étiez-vous Hélène d’Oettingen ?
Thomas Snégaroff peint un tableau livresque tout en nuances et en couleurs malgré les nombreuses teintes grises – et carrément noires à partir des années 30 – qui ont jalonné la vie de cette inclassable. Née en Ukraine sous le nom de Miontchinska, la date réelle de naissance et le nom de son géniteur resteront un mystère. Elle se plaisait à dire que son père était François-Joseph… quand on s’invente une vie, autant que ce soit grandiose ! Après une brève union avec le baron et officier du star Otto von Oettingen elle part en France : l’oiseau éprit de liberté ne pouvait se retrouver sous le joug d’un époux. L’argent continue de couler à flots, la belle s’entoure d’amants et de luxe, profitent de soirées interminables entre artistes et rêve, rêve, rêve. Seule échappatoire à ses soubresauts psychiques, à son spleen, à ce désir d’amour tout en quittant ses amants de peur qu’ils s’attachent trop à elle et en souffrent. Du talent, elle en avait à revendre, trop peut-être pour être admise.
Le journaliste retrace ce parcours avec brio et fantaisies entre les frasques d’un Modigliani, la verve d’un Apollinaire et du moderne Survage, entre autres. Toute une époque ! Quant à cette femme, que de paragraphes lumineux pour lui redonner vie, la faire ressurgir de l’oubli. Une réussite.
Le Domaine de Squirelito ==> https://squirelito.blogspot.com/2024/01/noisette-biographique-les-vies-revees.html
Née en Ukraine en 1885, d’une comtesse russe et d’un père inconnu, Elena Miontchinska s’invente très jeune des mondes pour échapper au manque d’amour et se construire une vie romanesque. Pour mettre encore un peu plus de distance avec sa vie familiale, et parce que la jeune fille est à la fois fantasque et romantique, Elena accepte la demande en mariage d’un baron plus âgé qu’elle. Union qui s’avèrera un fiasco mais qui lui permet de prendre sa liberté. Et sa liberté Elena veut l’écrire en France là où se trouve la richesse du monde culturel. Elle devient alors Hélène, baronne d’Oettingen et, accompagnée de Serge Férat, un cousin qui deviendra son plus fidèle allié, elle s’installe à Paris à la toute fin du XIXème siècle. Aidée par une fortune personnelle conséquente, elle devient alors le soutient mais aussi la muse des nombreux artistes venus de tous les coins de monde (Chagall, Survage, Picasso, Modigliani…) et qui peuplent Montmartre puis Montparnasse en ces années d’avant la première guerre mondiale et après. Proche d’Apollinaire, qu’elle aide financièrement pour sa revue Les Soirée de Paris, elle est elle-même peintre, poète, romancière. S’inventant des personnalités pour chacune de ses vies, elle est tour à tour François Angiboult, Léonard Pieux ou Roch Grey. C’est dans le cadre professionnel qu’elle va ainsi rencontrer Dimitri Snégaroff, arrière-grand-père de l’auteur, lui-même exilé russe et imprimeur, entre autres, des Soirée de Paris. Hélène est aussi une grande amoureuse. Mais une amoureuse qui refuse d’être enfermée dans une relation et qui veut conserver sa liberté. L’après seconde guerre signe toutefois pour la baronne la fin de l’opulence et des jours heureux. Hélène terminera ses jours dans le plus grand dénuement.
Quand on pense que le récit de ce destin incroyable ne tient qu’à l’ouverture d’un tiroir ! Car c’est en tombant sur des papiers, et notamment des portraits de son aïeul peints par Hélène, dans le tiroir d’un bureau dont il vient d’hériter que l’auteur va s’intéresser à cette personnalité hors du commun.
Et il aurait vraiment été dommage de ne pas redonner sa place à cette femme indépendante à la personnalité complexe, capable des plus grands enthousiasmes comme des plus profonds abattements. A travers se portrait étonnamment moderne et vivant, Thomas Snégaroff décrit aussi un monde qui s'achève. La description du décrochage un à un des tableaux de la baronne qu'elle est obligée de vendre et qui disparaissent progressivement est une image forte et terriblement mélancolique.
Il montre aussi combien les sentiments et les relations, durant toutes ces années, n’ont finalement été que frivoles et superficielles car la baronne finit sa vie seule avec pour seul soutient son cousin Serge. Elle est en effet abandonnée de tous à partir du moment où elle n'a plus les moyens financiers de soutenir tous ces artistes.
Mais avant cela, quelle vie, que de passions, quel destin ! Un livre qui se lit avec grand plaisir et un personnage auquel on s’attache et dans les pas duquel on est ravi d’arpenter les rues de Paris.
Début du XXème siècle, à Paris, dans le quartier du Montparnasse, les artistes se retrouvent, tout le monde se connait dans ce "petit village" en plein Paris. Peintres, poètes, écrivains, mécènes, tous vivent au jour le jour !
Mais dans cet univers, une figure s'impose, une figure que tout le monde connait et agite le monde des artistes : la baronne d'Oettingen. Tout le monde sait aussi qu'elle n'est pas plus baronne, que Vénitienne, et qu'elle porte plusieurs pseudo.. il faut alors remonter le temps pour tout savoir de cette fameuse baronne..
Habité par la légende de son arrière grand père, célèbre imprimeur d'art et ami de la baronne, Thomas Snégaroff retrace alors le destin de cette femme mystérieuse mais morte dans l'anonymat complet et la pauvreté après avoir eu une vie riche et mouvementée..
Hélène d'Oettingen, née Elena Miontchinska en Ukraine, garde son titre de baronne, qu'elle doit à son premier mariage (union pour se livrer des carcans de sa mère). Divorce validé, muni d'un "frère" Serge Ferrat, elle prend la route de l'Italie puis de Paris, son rêve !
Grâce à son argent, elle entre dans le Paris Bohème, devient mécène, muse, refuge, amie, amoureuse aussi.. Le Douanier Rousseau, Modigliani, Picasso, Max Jacob, Léger, Apollinaire.. Mais la guerre passe, les âmes partent, la vie change, l'argent ne rentre plus, les artistes s'éloignent, les tableaux vendus.. la maladie et la pauvreté comme seule fin..
Quel magnifique roman sur cette baronne totalement tombée dans l'oubli alors qu'elle a tout fait pour des grands noms qui sont adulés à l'heure d'aujourd'hui. La plume est fluide, addictif, passionnante, aboutie, un vrai régal de se retrouver au milieu de cette vie rocambolesque et d'entrée dans ce Paris des artistes. Une réussite !
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