80 ans après, il est toujours essentiel de faire comprendre cet événement aux plus jeunes
«... Car nous sommes ici pour civiliser, et civiliser veut dire, littéralement, soigner, éliminer le complexe panique, vous sortir de la psychose tellurique, aussi notre travail exige, vous le comprenez bien, avant tout, que nous pénétrions au coeur même de l'âme indigène, que nous y plongions jusqu'au fin fond, jusqu'aux profondeurs où se forgent, monstrueuses et difformes, comme dans les tableaux de Jérôme Bosch, vos idées anarchisantes et vite destructrices, vous me comprenez bien, n'est-ce pas, et je suis sûr que mon père ne comprit rien à ce discours, sauf que j'étais la tête de file d'une conspiration destinée à saper l'autorité sacrée du père, et bien sûr, il m'attribua une scélératesse absolue, du moins c'est ce que je crus pendant ma convalescence, une scélératesse digne de l'imagination enfiévrée et maladive de Jérôme Bosch, c'est qui celui-là, mon fils, je n'en sais rien papa...» À travers le regard innocent et angoissé, spirituel et sensuel d'un enfant qui vit la tentative missionnaire de l'effacement de la société ancestrale au profit du système colonial, nous voyons la réalité d'un pays pris entre le culte du passé et la volonté d'entrer définitivement dans le XIX? siècle, sans rien perdre de son identité première.
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