"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Le 27 novembre 1967, le Général de Gaulle alors président de la République française donne une conférence de pre ss e. C'est au cours de cette conférence qu'il prononce cette petite phrase au sujet du « peuple d'élite, s ûr de lui-même et dominateur ». Soit 5 mois après la Guerre des 6 jour s. Pendant vingt minutes, il est furieu x, de mau v ai se foi. Dans le salon d'un petit appartement de la banlieue parisienne, un enfant de 1 3 an s, sa petite s oeur et ses parents a ss is tent à cette conférence, médusés.
C'est un choc dont le fils reçoit l'onde de plein fouet et qui l'amène à comprendre qu'on peut av oir à quitter son pa ys, comme ses parents cha ss és de chez eu x quelques années plus tôt, avant la France.
Il questionne donc ce premier ex il, pose des questions s ur le moment où on décide de partir, ce qu'on emporte dan s ses v ali se s, la tra v er s ée en bateau, mai s personne ne lui répond, comme si on lui cachait quelque chos e. Ju squ'à cette nuit où il intercepte le s confidences de sa mère de l'autre côté du mur.
Une confe ss ion destinée à Maria, cette vois ine couturière qui lui confectionne ses robes d'après le s modèles porté s par le s s tar s de Holl yw ood dan s le s films des années 40. Rita Ha yw orth, Lana Turner, Gene Tierney ... Entre le s films que sa mère in voque à tout bout de champ, le fils tente de recons tituer une hi stoire où s' entrelacent le cinéma, l'amour, la couture et le cha g rin.
En di sant s an s dire, en suggérant s an s nommer, ce roman cherche à rendre cet ex il singulier plus général et à montrer comment la souffrance des départs et des arrachements s' habille, se transforme, ruse av ec elle-même pour rendre l'a venir po ss ible, faire du nouv eau pa ys le meilleur pa ys . Cons truit en spirale et dan s un enchevêtrement de temporalité s, il met en scène l'oppre ss ion que suscitent le s chocs émotionnels et le tremblement des identités. Scandé par la confection des robes et l'é vocation des films hollywoodiens de la grande époque, le roman s' élabore comme un vêtement s an s coutures apparente s, tendu entre l'Orient et l'Occident.
Dans les années 60, un jeune garçon de treize ans se pose des questions sur la vie en général et sur l'exil de ses parents, juste avant sa naissance, en particulier.
Mais il n'obtient guère de réponses.
Son père est plus préoccupé de politique et du général de Gaulle que des questionnements de son fils.
Sa mère est plus passionnée par les tenues des vedettes hollywoodiennes des années quarante, dont elle connaît la vie et les films par cœur, que des attentes du garçon. Heureusement qu'il a sa toute petite sœur à qui il voue une véritable passion.
Natahalie Azoulai a parfaitement réussi à se mettre dans la peau d'un enfant.
Le cheminent des pensées, la curiosité,les questions, les ruses, les frustrations, les obsessions, les angoisses....
Je trouve tout parfaitement maîtrisé.
Et c'est une réussite justement d'avoir raconté tout ça par le biais d'un enfant qui voit la vie par le prisme de ses parents et des quelques adultes qu' il côtoie.
J'ai beaucoup aimé l'atmosphère de la famille, des progrès des années 60, comme l'arrivée de la télévision en même temps que celle de la petite sœur, des confidences avec Maria, la couturière attitrée, des délires de la mère sur les acteurs américains.
Beaucoup de choses sont suggérées plus qu'affirmées, et ça donne un ton particulier au roman.
Je vois que les critiques ne sont pas très élogieuses , et pourtant, personnellement, j'ai trouvé ce livre vraiment sincère et puissant.
« Les spectateurs » révèle le regard d'un enfant sur la complexité du monde, le défi de l'intégration, la douleur de l'exil, l'injustice de la maladie et les problèmes insondables des adultes. Un seul moyen d'embellir cette vie tout au moins en apparence, les robes des stars hollywoodiennes , Rita Hayworth, Gene Tierney ou encore Hedy Lamarr à qui ressemble la mère.
Qui est la famille de notre jeune héros, d'où vient-elle, Israel, Machrek, Maghreb, difficile à savoir. La réaction du père face à la conférence du général de Gaulle le 27 novembre 1967, la participation à la manifestation de soutien au peuple juif laissent entrevoir les racines de la famille. Pourtant, plus que les origines elles-même, Nathalie Azoulai nous interroge sur l'impossible oubli de l'exil, la difficile de se construire pour un enfant de réfugiés. L'exil est il inévitable, se transmet-il par héritage ? De l'orient à l'occident, d'Israël ou du Machrek à Hollywood, Nathalie Azoulai témoigne des liens comme des fractures que partagent ces deux mondes. «Les spectateurs», c'est aussi une fenêtre ouverte sur la France des années soixante, un père impliqué dans la chose politique, une mère qui, pour s'évader, se protéger elle et sa famille, s'envole vers les étoiles du cinéma, un fils de 13 ans qui se construit entre intégration et origine et une petite sœur. Cette petite soeur dont on ne sait si elle pourra marcher, résume à elle seule l'ensemble de l'ouvrage. Un enfant d'exilé peut-il vivre debout, se reconstruire et marcher ?
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