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Les sociologues, l'école et la transmission des savoirs dix ans après

Couverture du livre « Les sociologues, l'école et la transmission des savoirs dix ans après » de Jerome Deauvieau et Jean-Pierre Terrail aux éditions Dispute
  • Date de parution :
  • Editeur : Dispute
  • EAN : 9782843032844
  • Série : (-)
  • Support : Papier
  • Nombre de pages : 328
  • Collection : (-)
  • Genre : Pédagogie
  • Thème : Pédagogie
  • Prix littéraire(s) : (-)
Résumé:

Initialement paru en 2007, cet ouvrage consacré à la sociologie de la transmission scolaire des savoirs entendait en présenter les oeuvres majeures et en donner à lire les textes parmi les plus essentiels.
Une décennie plus tard, les raisons de l'entreprise perdurent. Les ratés de l'entrée dans... Voir plus

Initialement paru en 2007, cet ouvrage consacré à la sociologie de la transmission scolaire des savoirs entendait en présenter les oeuvres majeures et en donner à lire les textes parmi les plus essentiels.
Une décennie plus tard, les raisons de l'entreprise perdurent. Les ratés de l'entrée dans la culture écrite se sont plutôt aggravés, contredisant les besoins sociaux les plus évidents et accentuant le mécontentement des familles. Comprendre comment les apprentissages scolaires en viennent à échouer est une exigence qui s'impose plus que jamais. La vitalité d'une discipline de recherche qui interroge dans leur réalité la plus factuelle les pratiques de transmission et les processus d'apprentissage, aux côtés de celles qui s'orientent principalement vers l'édiction de normes, telles la pédagogie et la didactique, reste en ce sens cruciale. Il importe toujours autant d'en faire connaître le patrimoine et d'en favoriser l'appropriation par les jeunes générations de chercheurs et d'enseignants.
Nous insistons beaucoup, dans cet ouvrage, sur le caractère relativement marginal de cette partie de la sociologie de l'éducation qui se préoccupe au premier chef de la transmission des savoirs. Seule une minorité de sociologues interroge de ce qui se passe dans l'école elle-même ; et lorsque c'est néanmoins le cas, cette minorité s'intéresse davantage aux conditions du maintien de l'ordre scolaire qu'à l'efficacité des pratiques pédagogiques ou aux contenus d'enseignement. Nous exprimons aussi une autre préoccupation, regrettant que dans les travaux s'emparant effectivement des questions de la transmission, l'attention des chercheurs se focalise de façon parfois exclusive sur les comportements des élèves, comme si le déroulement des apprentissages devait tout au milieu culturel des familles et rien à la conduite pédagogique de la classe. Nous étions en effet convaincus, dès avant 2007, de la nécessité, pour comprendre l'échec scolaire, de « détourner le regard des élèves pour le porter sur l'institution »1.
À ce dernier égard, la décennie écoulée a vu l'amorce d'heureux changements. Pour nous en tenir à la France, on constate qu'un certain nombre de chercheurs, anciens ou nouveaux, ont choisi en effet de s'intéresser aux contenus d'enseignement, aux dispositifs pédagogiques, aux pratiques enseignantes, du point de vue tant de leur genèse que de leurs modalités et de leurs effets sur les apprentissages. Ceux de ces travaux qui ne sont pas restés en l'état de rapports de recherche ont trouvé une issue éditoriale, pour l'essentiel, dans plusieurs ouvrages collectifs dus au moins pour partie à l'activité du groupe ESCOL de l'université Paris VIII, ou dans la collection « L'enjeu scolaire », à La Dispute, inaugurée en 2007 par le présent ouvrage, et qui a publié depuis une quinzaine de titres.
Parmi les publications de recherche récentes concernant les contenus d'enseignement, on signalera l'ouvrage d'Isabelle Harlé qui relance, en s'appuyant sur le cas de trois disciplines, la réflexion sur les facteurs socio-historiques à l'oeuvre dans la détermination et l'évolution des programmes scolaires2 ; et celui dirigé par Stéphane Bonnéry sur la tendance à l'élévation des exigences imposées par l'école3. Parallèlement, le GRDS (Groupe de recherches sur la démocratisation scolaire) a lancé en 2013 un séminaire public consacré aux contenus d'enseignement qui a suscité l'élaboration, par des spécialistes des domaines concernés, d'historiques réfléchis des programmes dans une douzaine de disciplines scolaires4.
Le renouveau des investigations empiriques concerne aussi le domaine des dispositifs pédagogiques et des pratiques enseignantes, l'intérêt des recherches tenant largement à ce que la plupart d'entre elles ont adopté une démarche d'observation « in situ », impliquant la présence du chercheur dans les classes elles-mêmes, démarche peu usitée jusque-là dans la tradition de la sociologie de l'éducation.
Certaines de ces recherches ont concerné l'école maternelle5 ou le secondaire6 ; un plus grand nombre se sont intéressées à l'enseignement élémentaire, au moment décisif de la confrontation des élèves aux bases de la culture écrite. C'est le cas des enquêtes interrogeant l'efficacité des pratiques d'enseignement de la lecture au CP7, comme de celles qui, du CP au CM2, s'attachent à mettre en regard la conception des procédures d'apprentissage et le cheminement intellectuel effectif des élèves, et d'appréhender le comportement des enseignants confrontés aux difficultés de ces derniers8.
Les observations de classe ont un avantage décisif : elles se mènent là où se joue au plus près le succès ou l'échec des apprentissages. Elles ont de ce fait une portée purement locale, et toute généralisation hâtive de leurs résultats peut être aisément contestée.
Quand elles sont répétées, toutefois, dans des conditions suffisamment diversifiées, et que leurs constatations convergent régulièrement ; quand on est dès lors suffisamment assuré que leur réitération n'apporterait pas d'information nouvelle susceptible de modifier significativement les conclusions auxquelles on est déjà parvenu, le nombre relativement limité d'études de cas n'est pas de nature à obérer la solidité de ces conclusions. D'autant, en l'occurrence, que ces dernières viennent confirmer et/ou éclairer les investigations sociologiques et les enquêtes statistiques menées dans les années 1960/80 et dont nous faisons état dans le présent ouvrage.
Le socle de connaissances critiques ainsi établi ouvre la voie à la compréhension des liens essentiels entre les modalités de fonctionnement de notre système éducatif et la persistance de fortes inégalités sociales dans les parcours scolaires. Il devient dès lors aujourd'hui possible d'identifier les réaménagements dans l'organisation des scolarités9 et dans la conduite des apprentissages10 qui seuls permettraient une véritable démocratisation de l'accès aux savoirs élaborés de la culture écrite ; et d'ouvrir le dossier des contenus d'enseignement qui pourraient être appropriés à une tel objectif11.
Les apports empiriques et les avancées théoriques des auteurs que nous présentons dans cet ouvrage ont pesé de façon décisive pour que puissent émerger aujourd'hui ces nouveaux horizons de pensée.

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