La Revue de Presse littéraire de juin
« De longs après midis désoeuvrés ponctués de pistaches sous la voûte d'un bleu brûlant. Des passants aux aguets surveillent jalousement les tchadors noirs qui s'ouvrent furtivement. Indice de Pute. Tchador clignotant !» On apprend, avec étonnement, que l'Iran des mollahs est rempli de prostituées : sous le voile. Téhéran, Ispaphan. Mashhad, ville religieuse, haut lieu du pèlerinage chiite. Il existe même des putes halal !
Pourtant la charia iranienne condamne prostituées et homosexuels à la peine de mort car leur « sang est sans valeur». Au nom de cette loi islamique, des assassins décident de tuer « des saletés de femmes dépravées qui répandent le Mal », car le gouvernement ne les éradique pas, même s'il en pend nombre d'entre elles.
Tout en suivant le destin de deux amies, séparées dès l'âge de douze ans, nous sommes interpellés par la voix des femmes assassinées. Témoignages d'outre-tombe. « Séduisantes, sensuelles, mutines, courageuses. Foutrement irrespectueuses. Politiquement incorrectes. » Le ton, la parole, le visage de ces femmes les distinguent : elles nous surprennent par leur intelligence, nous bouleversent par leur histoire. Certaines, provocantes, éveillent en nous le désir. D'autres, fantasques, nous défient par leur humour noir. Elles nous dévoilent comment la pudibonderie criminelle de ceux qui inculquent la haine du plaisir, la haine du corps féminin et de la femme qui désire, a fait de tout un pays une prison islamique.
Ce roman documentaire, parfois cru, puissant à couper le souffle, est construit savamment : chaque personnage - homme, femme, mollah, assassin, libertaire, prostituée -, questionne, à son tour, les notions du Bien et du Mal. Le lecteur sera amené à le faire aussi.
Les femmes dans ce roman sont si vivantes qu'on dirait qu'elles sortent du livre pour rester à jamais dans notre mémoire.
La Revue de Presse littéraire de juin
En Iran, à Masshad, les hommes ont le droit de tuer en pleine rue des prostituées, et de les laisser pourrir sur le trottoir. Ils ont le droit de tuer n'importe quelle femme qui pourrait ressembler, d'après eux, à une pute.
Les Mollah ont le pouvoir de signer ou de faire signer un contrat de mariage, qui peut ne durer que 24 heures, le temps qu'un homme, déjà marié, viole et jouisse en vitesse d'une autre jeune femme, sans que cela ressemble à une faute, et avec la bénédiction de Dieu : "le sigheh".
Les pères, les oncles, les grands-pères, les frères usent et abusent des filles, qui sont moins considérées que les objets, et qui vivent dans une société-labyrinthe où tout est fait pour qu'elles ne puissent jamais s'en sortir, tant l'humiliation et la violence sont quotidiennes.
Les hommes sont convaincus que les femmes, quoi qu'elles fassent, sont diaboliques et contiennent tous les maux de la terre, et sont, surtout, responsables de la conduite masculine. A partir de là, violence et haine contre elles sont autorisées et logiques.
Des mots volontairement crus et percutants pour provoquer le lecteur, son dégoût, son désir aussi, des mots également lucides et documentés dans un livre fort, qui résonne comme un cri d'alerte.
Fiction ou pas fiction, étrange entreprise littéraire.
Le fait est réel (assassinat en série dans la ville de Mashhad en Iran) mais l'auteur donne la parole à ces prostituées, crûment mais aussi drôlement.
Au-delà de la dénonciation de la condition de la femme en Iran et de celle des prostituées (« Un rien fait de vous une pute dans cette contrée. Femme, dès qu'on vous remarque, pour quelque raison que ce soit, vous êtes forcément une pute. Une femme vertueuse est une femme invisible. ») , c'est toute une réflexion sur le sexe, le plaisir, le désir, le rapport au corps dans nos sociétés, même occidentales qui est menée par l'auteur. « Les prudes sont obsédés par cette expression vide de sens : vendre son corps. Comme si le corps d'une femme se réduisait à son sexe. Je ne vends pas plus mon corps qu'un malheureux ouvrier exploité qui se casse le dos avant 50 ans à force de corvées. »
Ce livre nous donne une autre vision de la prostitution, du sexe, loin de la morale et du jugement. Relation sexuelle et plaisir sexuel tarifés, pourquoi pas, car ils sont essentiels à l'épanouissement physique et psychique aussi… « Ce sont les conditions dans lesquelles ce métier est exercé qui sont très souvent condamnables et non pas la vente du plaisir sexuel en soi. »
Un livre fort, à ne pas rater.
http://desmotssurunepage.eklablog.com/un-coup-de-poing-a136109384
Dès le titre on sait que dans ce court roman les mots de seront ni mâchés, ni édulcorés, et que l’auteure ne sera ni politiquement correcte, ni diplomatiquement policée.
Et effectivement, très très vite, on se retrouve enseveli sous la violence des mots et des actes, la brutalité des termes et des coups. De la première à la dernière page il n’est question que de cela : au mieux indifférence et irrespect, au pire, haine, mépris, viols, moqueries, meurtres. Chahdortt Djavann nous emmène en Iran, un Iran rétrograde, sale et kafkaïen, qui maltraite ses filles et ses femmes en faisant d’elles des sous-citoyennes de peu de valeurs.
Car derrière la vie de ces prostituées payées, huées et assassinées, c’est bien de l’image de la femme dont il est réellement question dans ce livre. Vues des Iraniens (notamment des mollahs, ces religieux qui régentent tout et tout le monde, mais pas que), une femme n’est rien, ou pas grand-chose.
Ou plutôt si… Ce sont des possessions (comme un tapis, un vase ou un paquet de cigarette), vendables et échangeables, jusqu’à ce qu’on ne puisse faire qu’une seule chose : les jeter (au sens propre !) Car trop souvent « utilisées ». Le père possède la fille, le mari possède la femme, le proxénète la prostituée et l’Etat le droit de vie et surtout de mort …
Dans ce pays, être belle est un malheur car la beauté, même cachée sous un voile, finit par se repérer, et alors on peut vite être vendue par un père qui veut éloigner tout risque de déshonneur (attirer le regard des hommes est une honte dont une gamine de 9 ans, 10 ans, 12 ans, est forcément la seule responsable), tout en espérant une bonne rétribution. Etre laide, ou jusque quelconque, est aussi un terrible malheur, car alors (même voilée) aucun homme ne veut vraiment de vous et pour survivre, le seul choix qui reste, c’est la prostitution.
Dans ce pays tel que décrit par l’auteure, le rapport au sexe -et avant cela la vision des relations entre hommes et femmes- posent de terribles questions. La notion de viol n’existe pas, celle de pédophilie semble floue (marier une fillette de 10 ans semble anodin), quant à parler de plaisir…
Une question se pose toutefois à la lecture : tous les Iraniens sont-ils des monstres ? Toutes les Iraniennes des victimes ? Car dans ce roman, tous les hommes sans exception sont décrits comme frustres et frustrés, les femmes « bien » (comprenez celles qui se taisent et courbent le dos) comme aigries et jalouses ; quant aux mollahs, ils profitent du système en leur faveur, en faisant preuve d’une hypocrisie sans nom. Mais est-vraiment le cas ? Ou bien un trait forcé pour nous permettre de comprendre une réalité qui nous semble à nous, occidentaux, impossible et impensable ?
Quelle que soit la réponse, le roman est un coup de poing et un hurlement adressé à ceux qui le lisent, un roman à lire d’urgence si vous avez le cœur bien accroché, et à fuir si vous craignez le langage crû et la description d’actes parfois très violents.
« D'outre-tombe. Je vais nommer ces prostituées, assassinées dans l'anonymat, leur donner la parole pour qu'elles nous racontent leur histoire, leur vie, leur passé, leurs sentiments, leurs douleurs, leurs doutes, leurs souffrances, leurs révoltes, leurs joies aussi. Certaines ont été assassinées sans que nul ne déclare leur disparition, sans que nul ne réclame leur corps ou pleure leur mort ».
Chahdortt DJAVANN donne la parole à des femmes iraniennes… Des prostituées. Voix muselées qu’il était temps de faire entendre au Monde entier. Corps meurtris, qui ne leur appartiennent plus. Corps battus et abattus, jetés dans le caniveau.
A travers l’histoire de Soudabeh et Zahra, amies d’enfance qui n’ont eu d’autre tort que de naître belles, mariées de force à douze ans, mères et veuves très rapidement, et contraintes à la prostitution pour survivre , l’auteure brosse un portrait cru et sans concession aucune (mais faut-il en faire ?) d’une société murée et claustrée par l’hypocrisie d’un régime totalitariste. Ces femmes assassinées, lapidées, violées, massacrées, sortent enfin du silence. Trop tard pour elles.
La langue est crue, abrupte, dérangeante parfois. Violente souvent. Elle secoue, elle éveille, elle réveille. Elle dit, elle crie. Elle interpelle. Et il est impossible de refermer ce livre en faisant comme si on ne savait pas. Là est tout le mérite, tout le courage de Chahdortt DJAVANN. Car du courage, il en faut pour dénoncer la charia, surtout quand on est femme, plus encore quand on est iranienne.
Les putes voilées n’iront jamais au paradis est une lecture nécessaire. De celles qui vous mettent en colère. De celles qui dénoncent. Et je pense qu’il nous appartient, à notre petite échelle occidentale, française, de faire circuler cette parole. Au nom des Femmes. Au nom de la Liberté.
" C’est pas ironique ça ? Une république islamique avec tant de gardiens de la morale et tant de putes ! Tout se fait en catimini, sous le tchador, sous le voile, sous le foulard. Les gens sont devenus menteurs, tricheurs, voleurs, violeurs, vils, charlatans… Les charlatans, eux, sont promis à un avenir radieux. Peut-être que partout c’est comme ça, mais ici tout est pourri. Interrogez n’importe qui dans la rue, il vous dira la même chose".
En Iran, un corps de femme est retrouvé en pleine ville. Sûrement une prostituée. Une femme dont le sang n’a aucune valeur.
Sous couvert de nettoyer la ville de leur présence, de nombreuses femmes vont subir le même sort, sans que personne ne s’en émeuve.
Ce livre donne la parole à ces femmes assassinées, par des inconnus ou la loi d’un Etat devenu fou.
Elles nous racontent leur quotidien, la vie qui les a menées sur le trottoir ou dans une maison close, la misère ou, parfois, seulement l’impureté de leur corps de femme qui, dès leur naissance, de cette façon à la place d’une autre, les a condamnées.
« Les putes voilées n’iront jamais au paradis! » est un livre d’une infinie violence alors même que rien n’y est mis en scène pour choquer. Juste la réalité dans toute sa crudité et son infamie.
Impossible de rester insensible aux mots qui vous assaillent au fil de ces quelques pages.
Une grosse colère tripale m’est venue à la lecture de ce livre et n’a cessée depuis.
Une femme est retrouvée morte dans son tchador, c’est automatiquement une pute. Sauf l’ouvrier qui l’a trouvée et se demande s’il doit avertir la police, personne, ni femme, ni homme pour avoir une once d’humanité devant le cadavre de cette femme.
« Moi, j’ai entendu une fois un gardien dire qu’il faudrait exterminer toutes ces femmes qui répandent le mal et pervertissent les croyants
Moi, je dis qu’elle méritait ce qui lui est arrivé
Moi, je dis pas
Et tu dis quoi ? Il faut les laisser faire, ces putes ?
Non, il faut les sanctionner fermement
Rien n’arrête une pute. C’est vrai, on n’en peut plus de ces traînées
Nos fils sont pervertis
Et nos maris alors ?
Une femme qui va avec des hommes inconnus ne mérite pas mieux que ça.
J’espère que ça va servir de leçon aux autres
Il faut laisser son corps, comme un chien, pour que les autres traînées la voient.
C’est vrai quoi ! On n’ose pus marcher Danby la vie à cause de ces traînées…
Vous dites n’importe quoi. Il ne manquait plus que des assassins dans ce quartier !
Ce n’est pas un assassinat, c’est du nettoyage.
Enfin un homme qui a eu le courage de nous débarrasser d’une souillure !
En tout cas, c’est un croyant courageux. »
Que voici une bonne mise en appétit !
Oui, il y a un homme courageux, un bon croyant qui prend la peine de débarrasser l’Iran de ce fléau que sont les putes. Les a t-il exterminées avant ou après usage ??? J’opterais pour le numéro deux. De toute façon, ce n’est pas grave, le sang de ces femmes était sans valeur, des chiennes.
Zahra et Soudabeh deux amies d’enfance, belles comme le jour, ont, au départ des envies, des espoirs. Las ! Zahra est mariée à douze ans, impubère, à un homme peut-être plus âgé que son propre père, ce qui signifie plus d’école et plus d »avenir.
« Une fille si belle est un danger permanent, une tentation diabolique même pour ses propres frères ».
« Son époux avait dépucelé la gamine sans égard ni tendresse. Brutalement. Ce qui l’avait fait jouir puissamment. Préparer sa très jeune épouse avec des caresses et des baiser, l’exciter de sorte que son vagin fût humide et prêt à être pénétré était une vision avilissante et dégradante pour la sexualité virile des hommes de son milieu. On pénètre sa femme avec force, d’un coup, comme on enfonce une porte. Comme on viole. On pénètre sa femme vagin sec et fermé avant qu’elle n’écarte les cuisses comme une pute. »
Veuve à dix-sept ans, avec deux jeunes enfants, sans avoir connu l’insouciance de l’adolescence, et très naïve, elle sera mise sur le trottoir par un très bon ami de feu son mari. Elle n’est pas belle la vie !!!
Soudabeh, quant à elle, pour ne pas se trouver mariée à l’adolescence, et tout aussi naïve, à treize ans, fait une figue qui se termine… au bordel
« En tant que novice, c’est avec talent et obéissance que Soudabeh se soumit à la volonté de Dieu et débuta sa carrière de prostituée. Puisque Dieu en avait décidé ainsi, elle accomplirait de son mieux sa destinée. ».
Soudabeh devient pute de luxe. Ces macs ne cessent de lui rappeler d’où elle vient.
« N’oublie jamais dans quel taudis on t’a ramassée, ta chance est inespérée. »
N’est-il pas !
Chahdortt Djavann, entre fiction et réalité, vous donnez la parole à ces femmes qui se sont prostituées et qui, toutes, sont mortes parce qu’elles étaient putes. Elles sont cueillies par la misère, pour avoir fait confiance à la mauvaise personne, payer les drogues parentales et ou maritales, vendues, bonnes à tout faire, dans le plein sens de l’expression. Ces fillettes n’ont aucune éducation et lorsqu’à 17 ou 20 ans, elles sont veuves, répudiées, divorcées quel autre destin peuvent-elles avoir. De toute façon, la mort est au bout de leur chemin d’épines. Mouche sur le tas de fumier qui leur sert de vie, la mère, à sa naissance ne la déclare pas et se sert du certificat de naissance de l’aînée morte à quelques trois mois. Dès le début les dés sont pipés, une fille cela ne cause que des ennuis, alors, le plut tôt elle sera mariée, le mieux ce sera.
Les termes sont crus, durs. Elles parlent de cul, de bite, de branlette, de violence, de sueur, de saleté, de viol, jamais de l’amour, elle ne l’on jamais connu. Ces termes n’évoquent que la violence
« Une femme de ce pays, même une pute, se déplace sans faire de bruit. A travers le tchador noir, les clients ne voient ni jambes, ni seins, ni peau, ni boucles de cheveux, ni chute de reins… Les hommes visent directement le trou où tremper leur bite, c’est tout. »
Shahnaz assume son métier, elle aime le sexe, c’est presque l’exception qui confirme la règle, mais sa fin fut commune aux autres femmes.
« Je préfère la bite et le sperme à l’urine et les excréments, et même parfois, outre le pognon, je prends mon pied avec vos pères, vos frères et vos maris ».
Elle dit aussi
« Ce n’est pas pour rien que, dès que les extrémistes islamistes s’emparent du pouvoir, ils s’en prennent tout de suite au plaisir en général et au plaisir sexuel en particulier… Pour eux, la sexualité des femmes est diabolique. Ils ne supportent pas l’idée que leur mère ait écartée les jambes pour les fabriquer. »
Ces mollahs, ces hommes vertueux, religieux, obéissants…. Sont issus du ventre de leur mère. Est-ce pour cela qu’ils ne veulent pas écouter ni voir le plaisir d’une femme ? parce que la jouissance, possible, de leur génitrice la rabaisserait ? Touche pas à ma mère, mais je viole ta sœur qui est seule dans la rue ou je l’épouse pas encore nubile.
Epouser une gamine de huit, dix ans, pour moi, c’est de la pédophilie. Tout comme ces contrats de mariage temporaire s’apparentent à du proxénétisme. Une fois le contrat terminé, la jeune femme ne sera plus vierge et, finira au bordel ou dans la rue. Quelle belle morale vous nous donnez-là, messieurs les mollahs !
Malheureusement, cela ne se passe pas qu’en Iran. La pauvreté engendre cette vie sans espoir, J’ai l’impression d’enfoncer des portes ouvertes. En France, je ne crois pas que les femmes venues chercher une vie un peu meilleure et qui se retrouvent sur le trottoir sans papiers, sous les ordres d’un mac, d’une mafia, soient plus heureuses. Laissons venir à la tête du pays, des ultras et….
Que de conneries sont faites et dites au nom de la religion… Toujours au détriment de la femme. C’est à elle de se cacher, de s’enfouir sous un tchador, pas à l’homme de se maîtriser. Je me demande si la religion qui interdit tout n’est pas la raison de cela, le serpent se mord la queue (pardon pour l’image).
Pour ceux que la longueur de ma chronique rebute, sachez que c’est un livre-document à lire absolument
C’est un livre-choc, une plongée dans la vie quotidienne des filles, des femmes, en Iran. Chahdortt Djavann est née dans ce pays, y a grandi et souffert avant d’arriver en France, en 1993, à l’âge de 26 ans. Ce livre est un cri d’alarme et un constat terrifiant.
Mashhad, la ville aux mille visages, est située au nord-est de l’Iran, non loin de l’Afghanistan. C’est aussi une ville sacrée avec le mausolée de l’imam Reza. C’est là que sont découverts plusieurs cadavres de femmes assassinées… des putes, comme les ragots qui circulent, les qualifient. Le style direct de l’auteure est percutant, précis, sans concession. Les gens admirent l’assassin et rappellent que l’islam dit qu’il faut éliminer les prostituées comme les femmes impures.
Zahra et Soudabeh sont deux fillettes qui vont à l’école dans cette même ville de Mashhad. La première est voilée dès l’âge de 4 ans, mariée à 12 ans à un homme qui a deux fois et demi son âge. Après sa nuit de noces, elle confie à Soudabeh que « c’était comme enfoncer d’un coup de marteau un clou. Ça fait mal, ça déchire, ça saigne, puis ça pique. » Un peu plus tard, Zahra découvre son corps grâce à un petit miroir cassé. Elle se trouve très belle et se caresse, éprouvant enfin du plaisir… Quant à Soudabeh, elle a fui pour ne pas subir le même sort.
Chahdortt Djavann ne nous épargne rien et décrit la vie de quelques femmes obligées de se prostituer avec des mots crus. L’auteure s’arrête un moment pour expliquer sa démarche pour décrire ce qui se passe en Iran : « Les femmes sont les biens des hommes, de leur famille et elles restent jusqu’à leur mort sous tutelle masculine. » Elle veut que son livre soit un sanctuaire, un Mausolée pour ces femmes qu’on « réprime, étouffe, pend, lapide, torture, assassine sous le voile. »
Elle poursuit avec l’histoire parallèle de Zahra et Soudabeh mais aussi avec d’autres cas de femmes contraintes à la prostitution pour survivre simplement ou élever leurs enfants. On les retrouve étranglées avec leur tchador, pendues ou lapidées après un jugement complété par 180 coups de fouet.
Un commerçant gentil, attentionné pousse Zahra vers le mariage temporaire, le sigheh, « une sorte de CDD sexuel », effectué par un mollah qui n’oublie pas de prendre sa commission et de se servir d’abord. Soudabeh est entraînée dans la prostitution de luxe pour satisfaire les riches Iraniens ou un émir du Golfe ou encore des hommes d’affaires européens.
Hava possède une maîtrise de philosophie et a même préparé une thèse à Berlin sur l’influence du soufisme persan sur le romantisme allemand. Revenue à Téhéran, elle se prostitue comme sa sœur, divorcée, chez qui elle loge. Elle constate que « l’humiliation féminine est devenue générale et nationale dans notre pays, puisque ce sont les lois elles-mêmes qui écrasent les femmes, leur dérobent les droits les plus élémentaires et les définissent comme des sous-hommes. »
Ces pages sont un formidable plaidoyer pour le plaisir, pour les femmes, pour l’humanité, tout simplement.
Chronique à retrouver sur : http://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/
Un livre à lire absolument ! Un roman intelligent. Les mots utilisés sont parfaitement choisis, percutant et parfois difficiles à encaisser.
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