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Jérôme et Florian sont sur le point d'acheter des produits dopants lorsque la douane débarque, obligeant les deux jeunes espoirs du cyclisme à prendre la fuite, le coffre plein d'argent et de marchandise. Leur cavale va les mener de Dieppe jusqu'au Mont Ventoux. Une poursuite tragi-comique durant laquelle le petit Pignon devra également affronter le fantôme de son père, coureur professionnel mort à 37 ans d'une embolie pulmonaire.
Les Porteurs d’eau, en cyclisme, sont les obscurs du peloton, ceux qu’on ne voit jamais passer la ligne d’arrivée, à la télé, et c’est le titre d’une BD signée Fred Duval pour le scénario et Nicolas Sure pour les dessins. Ma passion pour le cyclisme est bien servie par Masse Critique de Babelio et par les éditions Delcourt/Mirages que je remercie pour ce bel album.
Ma passion ? Il a bien fallu ouvrir les yeux et constater la réalité, ce goût profondément humain pour la triche afin de récolter honneur, gloire et fric. Si le dopage a été et est toujours un fléau dans le vélo, il n’épargne aucun sport hélas mais les auteurs ont bien fait de choisir ce cyclisme qui fait rêver : passer pro pour faire le Tour de France !
Quand j’ouvre ce beau livre – j’aime bien ce format – je suis tout de suite un peu surpris par les couleurs un peu ternes, même si elles sont bien marquées. Cette première impression s’estompe très vite car elles mettent bien en valeur personnages et paysages. Captivé par l’intrigue, j’ai dévoré cette BD, véritable thriller que les auteurs ont découpé comme une course à étapes, avec un prologue, quatre étapes et même une journée de repos.
Tout commence sur les pentes mythiques de l’Alpe d’Huez… Jérôme Pignon est seul en tête mais, page 7, c’est le cauchemar, un cauchemar que Jérôme (18 ans) raconte à son comparse Florian Cornu (17 ans). Ils roulent vers la frontière franco-belge et se garent dans la cour d’une usine désaffectée, avant de rentrer à Lyon.
Tout de suite, Jérôme parle de camelote, de douane et une vignette, en bas à droite indique qu’ils sont pris en photo, donc surveillés. Une grosse berline arrive bientôt avec quatre hommes et un chien qui s’appelle Eddy… ça rappelle un grand champion et ça deviendra presque comique à la fin…
Sans dévoiler la suite, je peux détailler la livraison, contre 80 000 € : Erythropoïétine (EPO), hormones de croissance et stimulants plus un diurétique, l’hydrochlorothiazide, du clenbutérol et deux mille seringues ! La scène suivante est une excellente séquence de polar, très bien menée avec une succession rythmée de petites vignettes, toutes éloquentes.
Puis on passe en revue tout l’engrenage du dopage avec anciens coureurs, ex-soigneur, épouses complices, dirigeants corrompus et cette omerta qui empêche de véritablement faire le ménage malgré les sanctions sportives et la police.
« Tricher pour gagner, je trouve ça débile, mais je peux comprendre… Mais quand même, Marc, en arriver à consommer des opiacés, vous vous rendiez pas compte ? » demande la mère de Jérôme à Marco qui était soigneur, comme on les appelait. Devenu pompiste, il avouait : « C’est ce qui était le plus proche de ce que je sais faire : fourguer de l’énergie au moyen de tuyaux… »
Remarquablement menée jusqu’à son terme, cette histoire se termine sur les pentes du Ventoux où est érigée « une stèle à la mémoire du coureur anglais Tom Simpson, mort dans la pente du Mont Chauve, d’un collapsus cardiaque, lors du Tour de France du summer of love 1967 ».
Chronique illustrée à retrouver sur : http://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/
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