"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Un immeuble a` moitie´ vide au milieu d'un vaste chantier de construction. Quelques occupants, oubliés de tous, qui résistent a` l'expropriation. Un soir, ils célèbrent la sortie d'un livre consacre´ a` leur combat. Mais tandis que la fête bat son plein, Hella, auteure du texte, et Molly, auteure des photos, se retrouvent face a` l'encombrant cadavre d'un homme. La décision qu'elles prennent alors va lier leurs destins, inextricablement. En un savant va-et-vient entre passe´ et présent, le récit des événements qui les ont conduites au drame révèle d'inquiétantes zones d'ombre.
J’ai découvert ce livre grâce au prix des lectrices de Elle.
Construit sur fond de spéculation immobilière, le roman nous fait découvrir une réalité de la capitale britannique, et les mouvements de protestation en découlant.
Les deux héroïnes sont finement décrites et le suspense reste entier jusqu’au dénouement final..
Un bon roman noir sur fond de spéculation immobilière à Londres. Le mètre carré y devient hors de prix et de portée, alors on exproprie à tours de bras armés, on spolie, on fait pression. Les quartiers populaires subissent la gentrification. C’est tout à fait l’image que j’ai de cette capitale dont l’âme semble se diluer à chaque renoncement coupable de la mairie. Business is business. Voilà le cadre. Après, il y a les deux personnages principaux, Hella et Molly, deux amies réunies par un coup de matraque. Leur amitié tient le bouquin, jusque dans ses rebondissements les plus inattendus, car la victime n’est pas celle que l’on croyait. Leur couple antagoniste résume l’affrontement de deux générations de femmes. La plus ancienne : militante, engagée, que l’argent et la reconnaissance importent autant que la garde-robe de la reine d’Angleterre. La plus jeune : pragmatique sinon cynique, narcissique, pilotant sa vie à vue, au gré des opportunités. Rien n’est gratuit dans cette histoire de complicité et de renoncement, chacune d’entre elles paye un lourd tribut à son passé tourmenté. Eva Dolan dessine finement leurs portraits psychologiques. C’est rare qu’une autrice décortique avant autant d’acuité les motivations de ses personnages. On ne pardonne pas mais on comprend, au point de laisser l’empathie nous faire perdre tout jugement devant la réalité du crime. Machiavélique. La narration, conduite à rebours (on s’enfonce dans le passé d’Hella) est exigeante mais très intéressante. C’était le livre idéal pour rester confinée sans finir confite. Vive la lecture !
Bilan :
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