Inspirée d’une histoire vraie, cette BD apporte des conseils et des solutions pour sortir de l'isolement
Début du XXe siècle : l'Asie du Sud-Est est humiliée, soumise à la colonisation par les Européens. Début du XXIe siècle : c'est une région triomphante, qui, avec la Chine, s'apprête à dominer le monde. Entre les deux, il y a eu ces Jungles rouges et son héros énigmatique, Xa Prasith : une histoire de révolution et d'amour fou vécue par des êtres de couleur de peau et de culture différentes.
Qui est Xa Prasith ?
À travers une succession d'époques et de lieux, on découvre le destin d'un homme qui aurait tour à tour été : le fils du boy khmer des Malraux pendant leur aventure indochinoise en 1924 ; un militant nationaliste cambodgien, meilleur ami de Saloth Sâr, le futur Pol Pot, durant son séjour à Paris vers 1950 ; un officier khmer rouge, responsable de la propagande, et qui, désertant un mouvement devenu fou, confie Phalla, sa fille venant de naître, à un couple de Français lors de la chute de Phnom Penh en 1975 ; et cette figure de père mythique, hantant Phalla et son petit ami, Jean Douchy, dans les années 1990 et 2000. Une révélation finale viendra bouleverser tout ce qu'on croyait savoir sur lui.
Les Jungles rouges renouvellent le roman choral et reconstituent avec passion et minutie un grand basculement : l'Occident se couche, l'Extrême-Orient se relève. Mais par-delà l'Histoire, ce livre explore magistralement ce qui échappe à toutes nos idéologies : les amours mixtes, le goût de l'ailleurs, et une volonté farouche d'indépendance.
Les Jungles rouges de Jean-Noël Orengo est une invitation à traverser le XXème siècle au cours d'un grand voyage à travers l'Asie du Sud-Est – Vietnam, Cambodge – et la France – Paris et la Normandie.
La figure de Xa Prasith, jeune communiste cambodgien, unit les fils de cette immense jungle de paysages et de rencontres. Né en pleine Indochine française, Xa Prasith nous propose de le suivre dans les méandres de la colonisation et dans sa lutte pour le soulèvement des masses. Expatrié à Paris dans les années 50, il côtoie d'autres insurgés et organise le combat. Au même titre que les jungles d'Asie au sein desquelles la rébellion rouge-communiste s'organise, Paris est aussi une jungle à biens des égards : c'est depuis la capitale que se tisse la toile de la contestation, que les différents réseaux communistes se ramifient, et que les discours de la lutte convergent. Jean-Noël Orengo a su trouver en Xa Prasith un incroyable personnage de roman qui réussisse à lier autour de lui André Malraux, Pol Pot, et Marguerite Duras.
L'utilisation d'un vocabulaire riche différencie l'auteur de nombreux écrivains contemporains souvent mis en lumière pour d'obscures raisons. Toutefois, pourra t-on reprocher un style parfois trop adjectivé où l'auteur peine à s'estomper derrière le narrateur, et donnera une impression de lourdeur à un texte dont on sent trop qu'il a été travaillé et re-travaillé. le roman est très bien documenté ; aussi, s'il présente l'avantage de parfaitement l 'ancrer dans une réalité spatiale et temporelle, le lecteur profane, qui ne maitriserait pas toutes les subtilités de la géographie de l'Asie du Sud-Est ni les forces politiques en jeu, pourrait à certains moment se sentir perdu. Mais après tout, le lecteur, avec les Jungles rouges, n'est-il pas convier lui-même à pénétrer dans une jungle inconnue?
Roman complémentaire des oeuvres de Rithy Panh et Patrick Deville sur l'Asie du Sud-Est. Formidable talent de conteur dans le respect de l'histoire. Depuis "La Fleur Du Capital" on aura compris que Jean-Noël Orengo s'impose comme un des romanciers français les plus originaux et gardien du temple d'un héritage laissé par Kessel, Malraux, Loti et les autres.
Jean-Noël Orengo livre ici un roman particulièrement intéressant. Le lecteur est surpris de découvrir dès le début qu'il va suivre des personnages bien connus comme les Malraux, on retrouvera dans la suite du roman le futur Pol Pot ou bien Marguerite Duras.
On découvre aussi en fil conducteur du roman d'autres personnages d'une même famille et qui s'avèrent tout aussi intéressants : Xa, le boy khmer des Malraux, Xa Prasith, le fils de Xa, et Phalla, la fille de Xa Prasith.
Le lecteur est invité à suivre ces destins sur fond de colonisation européenne de l'Asie du sud-est au début du XXème siècle, puis de guerre civile cambodgienne. On fait donc régulièrement des sauts dans le temps, le livre couvrant un siècle quasiment.
C'est très dense comme ouvrage, surtout sur le plan historique. J'ai été amené à faire deux-trois recherches en parallèle car ce n'est pas évident à suivre si vous n'êtes pas familier de l'histoire de ces pays. J'ai donc rafraichi mes connaissances et appris également pas mal de choses durant ma lecture.
Par ailleurs, j'ai trouvé le style de l'auteur agréable. Au-delà de la densité historique, la construction du roman est bien pensée et on ne s'y perd pas, je n'ai pas eu besoin de revenir en arrière comme cela peut arriver avec certains romans de cette densité.
Un roman intéressant, érudit, au style agréable et mêlant habilement la grande histoire avec des éléments romancés et des destins particuliers. Une belle petite découverte !
Etape de la page 100...
Je l’avoue, je suis perplexe.
Que penser de ce roman, riche en références historiques, plaisant à lire malgré un univers qui ne m’est pas familier ?
L’Indochine : que retenir de cet épisode colonial ? Que penser de l’attitude de certains colons ?
Pour le moment, je l’avoue, les tenants et les aboutissants de cette histoire m’échappent.
La critique :
Un seul mot pour définir ce roman : complexe.
De par son thème, bien sûr : l’Indochine, les colons, les Khmers rouges, la tragédie ; mais aussi de par l’itinéraire des personnages, notamment Xa Pratish, à la ligne de vie plutôt bousculée (fils du boy khmer des MALRAUX en Indochine, meilleur ami du futur Pol Pôt à Paris, officier Khmer rouge responsable de la propagande, déserteur alors que le mouvement devenait fou et confiant sa fille Phalla à un couple de français lors de la chute de Phnom Penh en 1975).
« Les jungles rouges », ce sont ces forêts où les plantes enserrent les pierres jusqu’à faire corps avec elle, déchirant les cités de leurs tentacules voraces et sans limite ;
« Les jungles rouges », c’est un roman mettant en scène l’Extrême-Orient, son agonie puis sa résurrection, et l’Occident : son apogée et son déclin. Telle la nature, l’histoire est en marche, inexorablement, et rien ne peut arrêter sa course folle.
S’attachant aux pas d’hommes et de femmes d’exception, porté par une écriture plaisante, agréable à lire, ce roman avait pour pour être un grand roman.
Malheureusement, la narration chaotique, passant d’une époque à l’autre, d’un histoire à l’autre, m’a perdue en route et a dissous en moi toute émotion.
Je ne peux pas dire que je n’ai pas aimé, mais…
J’ai lu ce roman presque mécaniquement et je pense que je l’oublierai très vite.
Dommage car il apporte un éclairage de l’Histoire intéressant.
Lu dans le cadre des explorateurs de la rentrée littéraire 2019
Jean-Noël Orengo retrace l'histoire de l'Asie du Sud-Est, de la période coloniale des années 20, aux quêtes d'indépendance dans les années 60, la chute de Phnom Penh dans les années 70, et jusqu'à nos jours. Ceci n'est toutefois pas seulement un livre historique. Jean-Noêl Orengo aborde son sujet non pas du point de vue des européens ou des américains mais fait parler deux cambodgiens, Prasith et Phalla, à deux époques différentes.
J'ai vu en Prasith, le fil conducteur du récit. Nous le suivons des années 60 à nos jours, au Cambodge et en France. Il a été tour à tour ami de Saloth Sar, futur Pol Pot, khmer rouge, puis opposant à ce combat : un homme trouble ! Quant à sa fille Phalla, que nous accompagnons de sa naissance en 1975 à 2017, elle trace sa voie dans le milieu artistique français et se construit dans l'admiration d'un père, héros politique qu'elle n'a pratiquement pas connu.
Mais que retient-on de l'Histoire, que ce soit dans son immédiateté ou plusieurs décennies plus tard : les faits ou leur interprétation? La vie d'un homme n'est pas forcément manichéenne, une part de celle-ci peut parfois être inventée ou rêvée, par lui ou par les autres. Comme l'écrit si bien l'auteur, "Il y a toujours un ailleurs désirable, situé quelque part le plus loin possible aux antipodes de chez soi".
Jean-Noël Orengo a pris un risque en mettant au premier plan Prasith et Phalla, et reléguant des figures historiques telles que Pol Pot, les Malraux, Paul Monin, ou Marguerite Duras (pour ne citer qu'eux) au rang de personnages secondaires. Un pari réussi !
Explorateurs de la rentrée littéraire 2019, page 100
Nous voilà plongés en parallèle dans l'Indochine des années 20, et le Paris des années 50. Il y est question de communisme, de khmers rouges, de lutte pour l'indépendance, du rôle des français installés en Asie-du-Sud-Est mais aussi des cambodgiens immigrés en France. Nous croisons des figures historiques telles que les Malraux, Jacques Vergès, ou Pol Pot. Mais le personnage qui pour l'instant m'a le plus touchée est Xa Prasith, un cambodgien courageux qui tente de concilier ses idées politiques et l'amour pour sa famille. Sera-t-il le fil conducteur de ce récit, ou faut-il s'attendre à un changement total de cap? Je poursuis ma lecture !
De 1920 à aujourd’hui, le roman nous narre l’histoire de Xa Prasith, khmer cambodgien et de sa famille. Histoire mouvementée de la colonisation du Cambodge par les français puis la naissance du mouvement des Khmers rouges. Xa Prasith évolue durant toutes ces années : à la fois fils d’un boy de couple blanc en 1920 qui l’initie à la cause coloniale, puis militant khmer rouge. L’histoire fait alors un bond jusqu’en 1970 où Xa vient en aide à une photographe française. Il est alors officier communiste, avant de devenir déserteur Khmer, dont on suivra ensuite l’histoire de la fille.
Une grande fresque familiale, foisonnante, où Xa croisera de nombreux personnages de l’Histoire qui l’influenceront. À travers ce personnage, c’est une histoire de l’Asie du sud-est originale que nous narre l’auteur. Une histoire qu’on connaît peu du point de vue de son peuple.
Un début dense, qui va se poursuivre tout au long du roman. Mais le texte aurait mérité d’être plus aéré. On ne peut nier la documentation poussée à l’extrême et les multiples références et célébrités, au point qu’on s’y perd. Cette façon de passer à travers le temps et les personnages les rend impalpables, on ne s’y accroche pas, ils deviennent flous. L’histoire de l’Asie les avale tout entier.
Peut-être aurais-je davantage apprécié le récit en me documentant sur cette Histoire plutôt qu’en la découvrant ici : l’Indochine, les guerres coloniales… Mais cela reste un grand hommage à l’histoire orientale, un beau roman au souffle historique.
Surpris, au début, de trouver Clara et André Malraux, en 1926, dans ce qu’on appelait à tort l’Indochine, colonies qui regroupaient des peuples différents (les Khmers, les Amanites et les Vietnamiens), j’ai peu à peu pris goût à l’histoire.
Les Jungles rouges est un roman qui m’a éclairé sur une période pas si lointaine, période qui a vu l’empire colonial français, comme on disait, s’effondrer. Jean-Noël Orengo, auteur que je découvre grâce aux Explorateurs de la rentrée littéraire 2019 de Lecteurs.com, démontre une écriture flamboyante, bien en adéquation avec cette jungle dans laquelle il nous entraîne à plusieurs reprises et qu’il décrit si bien.
Je me suis fait rapidement aux changements d’époque. Alternent le milieu des années 1920 avec la montée de plus en plus évidente des désirs d’indépendance en Indochine, les années 1950 durant lesquelles les futurs leaders indépendantistes se retrouvent et se forment à… Paris, puis 1973 et 1975 avec la prise du pouvoir sanglante par les khmers rouges, la fin du XXe siècle revenant à Paris et même à Trouville et le coup de théâtre final, en 2016. L’auteur précise, pour chaque nouveau chapitre, le lieu et la date pour ce qui va se passer, ce qui est précieux.
Entre volonté farouche d’indépendance et départ vers des horizons fantasmés - l’Asie du sud-est pour les Européens et l’Europe de l’Ouest pour les Thaï, Khmers, Vietnamiens - le roman est dense, un peu fouillis mais c’est volontaire, je pense, même si cela m’a désorienté parfois. Pourtant, cela a été une formidable motivation pour aller au bout de cette histoire terrible mêlant amour, politique et sexe tarifé ou non.
Jean-Noël Orengo m’a bien fait ressentir les dégâts irréparables de la colonisation, les mélanges de peuples pas toujours réussis et l’échec de théories parfaites sur le papier mais désastreuses dans leur application. Plongé dans cette histoire compliquée, je voulais toujours en savoir plus et je suis parfois resté un peu sur ma faim. En tout cas, les souffrances, les drames, les morts innombrables causés par la barbarie des khmers rouges et les bombardements américains ne doivent pas disparaître des mémoires
L’auteur m’a donc fait aussi rencontrer Clara et André Malraux, démystifiant le grand homme, puis m’a plongé dans la vie quotidienne au Cambodge, en Thaïlande, au Vietnam mais aussi en France. Son style est bluffant parfois, son écriture d’une richesse intense et le coup de théâtre final, même s’il emprunte des chemins détournés, mérite d’être souligné.
J’ai beaucoup appris en lisant ce livre. J’ai été ému, horrifié aussi, lassé parfois par des détours que je n’attendais pas. Marguerite Duras est même venue compléter le tableau. Était-ce vraiment nécessaire ? Oui, mais pas indispensable.
Chronique à retrouver sur : http://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/
Explorateurs de la rentrée littéraire 2019, avis de la page 100 :
Surpris, au début, de trouver Clara et André Malraux, en 1926, dans ce qu’on appelait à tort l’Indochine, colonies qui regroupaient des peuples différents (les khmers, les amanites et les vietnamiens) j’ai peu à peu pris goût à l’histoire. Au moment où je fais une pause, je suis impatient de savoir comment ont évolué ces hommes décidés à affirmer l’indépendance de leur pays, le Cambodge, et à se libérer d’un pouvoir détesté pour enfin installer la révolution, Les Jungles rouges. Hélas, nous savons comment cela s’est passé ensuite mais Jean-Noël Orengo, en alternant deux périodes distinctes – années 1920 et 1950 – décortique l’évolution des esprits, mettant bien en évidence le désastre de toute colonisation.
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