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En Haïti deux demi-soeurs grandissent à l'ombre d'une femme sauvagement autoritaire, sous le regard fantomatique et fantasmé d'un père absent. Nées le même jour de deux mères différentes, elles se ressemblent étrangement. De Lorette ou de Claudette, laquelle est légitime ? Fortes du pouvoir de cette gémellité inexpliquée, les jeunes filles grandissent entre violence et sensualité, comme dans une lutte charnelle et viscérale menée pour s'extraire des carcans imposés à la fémininité par la religion et par la misère d'une île exsangue mais vigoureuse. La rue Saint-Nicolas est l'un de ces lieux qui enferment et qui scellent l'être à sa condition et dont il faut s'arracher, quitte à y laisser quelques lambeaux de peau et d'être. Comme une mise en abyme des migrations subies, ce récit schizophrénique plonge le lecteur dans les affres de la quête d'identité. Celle de ceux qui cherchent à prendre forme et dignité entre l'exil et le retour.
Haïti, dans les années 80. Etienne, bien que marié à Marie-Rose, est un homme volage. La preuve : deux petites filles naissent le même jour à quelques heures d’intervalle.
L’une, prénommée Lorette, est sa fille légitime. L’autre, Claudette, est celle de sa maîtresse.
Les deux petites filles se ressemblent tellement que l’on pourrait croire qu’il s’agit de jumelles. Elles en joueront d’ailleurs toute leur vie durant.
Lorette est élevée par une mère rigide ; Claudette, orpheline à un an de sa mère, est recueillie par des cousins. Leur père tient à ce qu’elles se connaissent et il fait venir de temps en temps Claudette au domicile conjugal au grand dam de Marie Rose.
La vie en Haïti est difficile, la misère est partout. Etienne doit s’exiler à Miami où il devient chauffeur de taxi. Toute sa famille vit dans l’espoir d’obtenir ainsi un visa pour les Etats-Unis. Les années passent, les fillettes grandissent et deviennent des femmes aux comportements totalement différents.
Si Claudette est en capacité d’étudier tout en travaillant dans un magasin de vêtements, Lorette mène une vie plus dissolue et débridée sexuellement. Le comportement de sa mère face à la grossesse de la jeune femme va lui causer un terrible traumatisme entraînant des séquelles psychologiques graves.
Dès lors les vies de Claudette et Lorette seront intimement entremêlées jusqu’au point de ne plus savoir qui est qui. Le terrible combat qu’elles vont devoir mener contre Marie Rose leur ouvrira finalement une porte vers la liberté.
Ce roman, dans lequel alternent les voix des deux soeurs, est écrit dans une langue qui ne prend pas de détour pour nommer les choses de façon très crue parfois. Ce qui, à mon sens, donne une peinture juste de l’environnement dans lequel vivent Claudette et Lorette. Il nous permet aussi de découvrir la situation d’Haïti, la misère qui y règne en maître et le désir de bon nombre des îliens d’émigrer.
Un roman fort que j’ai apprécié. Je remercie Babelio, Masse Critique et les Editions Project’îles pour cette découverte.
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