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« Ce matin, nous nous sommes retrouvés tous les trois pour le thé devant la grotte, sous l'auvent que Pierre a formé en attachant une bâche aux rochers. Déjà presque une habitude : c'est le quatrième jour que nous sommes bloqués ici. La voiture reste immobilisée comme un gros scarabée mort. » Un couple de voyageurs accompagné d'un guide touareg se trouvent accidentellement pris au piège du Sahara, entre Hoggar et Tassili N'Ajjer, sans espoir de secours. Au fil des jours, alors que l'eau et les vivres diminuent progressivement, la jeune femme relate l'attente angoissante à laquelle ils sont soumis, les gestes qui rythment leur quotidien, mais aussi l'émerveillement devant la beauté du paysage infranchissable qui les enserre et de la vie qui s'y épanouit malgré tout.
Un couple de voyageurs accompagné d'un guide touareg se trouvent pris au piège en désert du Sahara. Les vivres leur permettent de durer un mois avant la mort, personne ne passe là où ils ont voulu allé. La femme est la narratrice, elle va, au fil des jours, écrire dans des carnets leurs vies dans ce désert mais aussi se raconter son passé, son abnégation pour l'homme qu'elle a suivi jusqu'ici, sa prise de conscience de sa décision d'aimer et non de tomber amoureuse: "pourquoi ai-je maintenant au fond de moi l'impression que cet amour fut pour moi une décision? Que cet amour est peut-être même une invention?" Et puis il y a le désert, sa description ses détails, la chaleur, le soleil, l'air brulant, le faux silence, dans une lenteur que l'autrice arrive à nous communiquer. Facile à dévorer, on ne lâche plus une fois coincé(e) là-bas les pieds dans le sable. Intéressant.
C’est toujours très ennuyeux lorsqu’un grain de sable vient contrarier une randonnée en amoureux.
Surtout au fin fond du désert !
C’est ce qui arrive à la narratrice dans les années 1980. Avec Pierre son compagnon plus vieux d’une vingtaine d’année, et Amastan leur guide marocain quand ils décident de randonner « hors piste » dans le Sahara. Une stupide panne de voiture les immobilise près d’une grotte connue pour ses peintures rupestres située à l’écart des routes ordinairement usitées.
Elle pense alors mourir.
Pour tromper son ennui, occulter l’idée de la mort, elle décide de noter sur des carnets, ce qu’elle voit, ses souvenirs d’enfance et surtout, les tenants et aboutissants de sa relation avec Pierre, tout en faisant un parallèle avec le roman « Lord Jim de Joseph Conrad ».
C’est la première fois qu’elle se retrouve face à la mort : « Mais la mort n’a pas traversé ma route : personne autour de moi n’a disparu, aucun de mes proches. Aujourd’hui, je me dis qu’au moins j’aurai eu la chance de n’avoir pas enduré cette douleur-là, puisqu’il est pratiquement certain que je serai moi-même la première morte de ma vie. »
Mais faire le point sur une relation amoureuse dont les règles n’ont été établies que par une seule des deux personnes, peut vite déboucher sur une impasse, sur un désert sentimental.
Ce roman souhaite nous emmener dans le désert, sa chaleur, ses rites, sa faune, avec un bon nombre de références (Théodore Monod, Henri Lhote). Il foisonne de termes touaregs avec un index lexical à la fin de l’ouvrage.
D’une écriture fluide, il se lit facilement mais a du mal à faire entrer le lecteur dans ce silence, cette lenteur, ces moments d’immobilisme thermique comme seul le désert peut nous offrir, pour les personnes qui ont eu la chance de pouvoir faire un séjour dans les sables du Sahara.
En résumé, un bon livre de découverte pour avoir une première approche du désert.
Chronique établie par Gérard G
Livre lu dans le cadre du prix Orange 2023
https://commelaplume.blogspot.com/
Trois voyageurs - un couple et leur guide touareg - se perdent dans le désert du Sahara. Seuls et condamnés, ils se trouvent confrontés à la peur, la solitude, la mort certaine. Chaque rituel et notamment la cérémonie du thé, va les réunir. Nous les suivons dans les carnets minutieusement tenus par la femme qui décrit chaque évènement pour survivre dans ce lieu à la fois magique et inhospitalier. Elle interroge le présent mais aussi son passé afin de comprendre pourquoi et comment l'écriture peut arrêter le temps. Au-delà de la fascination que peut exercer le désert, c'est la puissance de l'écriture face à la mort et au silence qui est au centre de ce très beau roman.
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