"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Jip Sand est revenu de tout et surtout d'un sale cancer. Il est aussi revenu à Paradis, dans la ville et la maison de son enfance, pour se requinquer et retrouver sa fille, Annie dite Na, qui semble avoir disparu depuis plusieurs mois. Paradis, sa clinique privée, ses eaux thermales et ses Jardins d'Éden. Mais aussi Charapak, l'envers du décor, la casse des Manouches, et le corps à moitié dévoré de Manuella, l'amie de Na, retrouvé dans les bois quelques années plus tôt. Ce que Jip n'a pas cherché à élucider à l'époque, il veut le comprendre aujourd'hui. Pour Na. Pour savoir ce qui lui est arrivé. Mais il y a des vérités plus mortelles que des maladies...
Pierre Pelot fait partie de mes écrivains favoris. Impossible de lui coller une étiquette, il n’entre dans aucune des cases que certains veulent nous imposer avec leur classement en genres et c’est à ça que l’on reconnait cet électron libre. Il sait écrire et son vocabulaire est riche.
Dans ses livres il y a des mecs et des nanas qui ne sont pas des ectoplasmes. Ils sont souvent cabossés parce que la vie est faite pour cela, nous donner du relief. La nature aussi, c’est notre ancrage et elle évolue avec ou sans nous, mais bien présente.
Le tout très écrit et très imagé.
C’est pourquoi les lecteurs entrent dans ces histoires comme envoutés.
Paradis est un village avec deux verrues Charapak, camp manouche et Les Jardins d’Eden thermes, parc d’attractions et casino.
Un beau jour Jean-Pierre Sand dit JIP y revient, sa maison de famille est déserte. C’est un ancien journaliste qui a survécu à une sale maladie et à ses addictions. Ses souvenirs sont en charpie.
« Les temps changent, JIP. T’es ressuscité des morts, mais t’es journaliste, non ? Ne me dis pas que ça a fini de t’intriguer, la disparition de la gamine de la Manouche, et puis comment on l’a retrouvée à demi bouffée par les bêtes ou je ne sais quoi… ne me dis pas. C’était la pote de ta gamine à toi. Si les flics se sont endormis là-dessus, et avec eux la presse de la région pour qui il me semble que t’étais bien parti pour remuer la merde, tu vas bosser pour un autre, de canard, non ? »
Autrefois JIP faisait partie des 4 mousquetaires : les jumeaux Touetti dont l’un a épousé Virginia mère de Manuella, la fille retrouvée morte, Julien Angolf dit Titi devenu maire.
Ils ont passé ensemble leur enfance, leur adolescence et pourtant qu’en reste-t-il ?
Il y a un contentieux et son retour, sa résurrection est-elle la bienvenue ? JIP a une certitude c’est que sa fille Na a disparu et que certains n’ont pas intérêt à le voir remuer la m…
JIP tient debout par miracle et il a une notion du temps devenue différente, ses journées s’étirent dans le présent et lui se sent hors-jeu, chaque rencontre est un affrontement, un duel entre lui et les autres. Entre ce qu’il dit et fait lors de ces rencontres il y a la réalité et ce que son cerveau sur le qui-vive lui envoie comme signaux.
Céline est là, elle l’accompagne, le soutient, est l’oreille qui va recevoir les bribes du passé.
Je ne vous en dirais pas plus sur cette intrigue.
Y a-t-il en chaque être une bombe à retardement ?
Ce qui m’intéresse, ce n’est pas de tourner les pages à la vitesse grand V, mais au contraire de ralentir ma lecture pour baigner dans cette atmosphère d’une rare intensité.
Une construction au cordeau, sculptée pour que chaque coup de couteau lève un coin du voile. Le vocabulaire est précis, efficace va droit au cœur de la cible.
C’est un drame très visuel, noir et lumineux car il y a beaucoup d’humanité dans ce personnage bancal.
Tout est savamment dosé. La nature est détaillée dans sa rudesse et sa beauté, véritable énergie dans l’histoire.
J’espère qu’un réalisateur aura la bonne idée de faire un film de ce livre. Dommage Jean-Pierre Bacri aurait fait un magnifique JIP.
En refermant le livre je ne peux que penser que Pierre Pelot a une véritable place dans la « Série Noire ». C’est une évidence.
Ce qui me paraît encore plus évident, la France possède des talents qui n’ont rien à envier aux USA.
©Chantal Lafon
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