"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Depuis quatorze ans dans l'armée, où il est devenu enquêteur, Mick Hardin revient dans ses collines natales du Kentucky pour constater que son mariage est brisé. Sous le choc, il s'enferme dans la cabane de son grand-père avec une solide provision de bourbon. Mais sa soeur Linda, première femme shérif du comté et pas du genre à se laisser marcher sur les pieds, vient solliciter son aide sur une affaire : le cadavre d'une jeune veuve vient d'être retrouvé dans les bois. Or les gens des collines ont tendance à rendre justice eux-mêmes, d'où la nécessité de court-circuiter les rumeurs inopportunes, avant que les vendettas ne dégénèrent. Peut-être Mick, enfant du pays et vétéran respecté, pourra-t-il apprendre la vérité et agir à temps ?
Comme Nuits Appalaches, le nouveau roman de Chris Offutt plonge dans l'univers âpre des collines du Kentucky, où la violence côtoie parfois une certaine poésie.
Chris Offut a été particulièrement remarqué pour ces précédents romans appalachiens « Nuits Appalaches » et « Le Bon frère », et adoubé par ses illustres aînés, aujourd’hui disparus, Jim Harrison, James Salter ou encore Larry Brown.
« Les Gens des collines » est le premier volume d’une trilogie policière qui se déroule au cœur du Kentucky et de ses collines, dont le deuxième opus « Les Fils de Shifty » vient tout juste de paraître aux éditions Gallmeister.
Le corps d’une femme a été retrouvé dans les bois par le vieux Tucker. Vêtue d’une robe élégante, dans une position disgracieuse, une chaussure manquante.
Linda Hardin, la shérif du comté, a besoin, pour résoudre cette enquête, de son frère. En poste depuis peu, tous ou presque veulent la voir déguerpir : que ce soit le maire qui veut que la police de Morehead prenne le relais, l’administrateur du comté qui, détestant leur famille, veut refiler l’enquête à la police d’État, ou encore un grand manitou du charbon qui va, d’ailleurs, lui coller un agent spécial du FBI pour l’assister. En somme, avoir une femme shérif ne plaît guère à la gente masculine.
Linda va chercher l’appui de son frère, Mick, de la division des enquêtes criminelles de l’armée, actuellement en permission, le plus à même de recueillir des confidences, d’autant qu’il connaît les collines comme sa poche. Un service qu’il ne peut lui refuser même si l’objet de sa permission n’avait qu’un unique but : tenter de sauver son mariage avec Peggy...
« Les Gens des Collines » est un titre approprié à ce roman dans lequel Chris parle finalement principalement de ces « gens », car l’enquête de Mick reste classique dans sa résolution – sans coup d’éclat – et ne sert que de prétexte à raconter cette communauté rurale, où tout le monde connaît les petits secrets ou les traumatismes de chacun, l’écho lointain du monde se fait entendre.
Chris Ottuff chronique avec beaucoup de justesse cette Amérique profonde qui semble figée dans le passé et gangrénée par la petite criminalité, celle des trafics de drogue et d'armes, la petite délinquance des jeunes déshérités de cette région.
Cela offre des dialogues savoureux où les silences pèsent aussi lourd que les paroles et l'auteur sait parfaitement gérer les deux avec efficacité. Néanmoins, l'ennui risquera de vite gagner le lecteur à cause de répétitions ou encore des atermoiements successifs des protagonistes. On ne compte plus les mentions du personnage principal qui monte dans son pick-up, et on regrettera l'absence quasi totale de la nature sauvage qu’on imagine pourtant dans cette région reculée des Etats-Unis.
Avec une impressionnante économie de moyens - chaque mot pesé avec soin - l’auteur fait sentir le désarroi de cet homme blessé qui n’est plus chez lui nulle part, ni dans sa maison, ni dans la vieille cabane de son enfance. Cela pose les bases d’un personnage dont l’évolution sera intéressante à suivre dans la suite de la trilogie.
Ne vous y meprenez pas, cette fiction policière avec meurtre, flic et enquête, ne trouve d’intérêt que dans sa chronique sociale d’une Amérique profonde en proie au déclassement et à une criminalité endémique. Un début de trilogie qui pose des bases solides, sans pour autant convaincre pleinement.
Chris Offutt les connait par cœur, les collines du Kentucky ; cela se sent immédiatement dans ce roman imprégné de ce terroir.
Mick est enquêteur dans l’armée sur les terrains les plus dangereux. Il vit davantage hors de chez lui qu’auprès de son épouse. Cette dernière s’apprête à donner la vie ; et c’est d’ailleurs pour cela, car prévenu par sa sœur le shérif de la ville, qu’il revient. Le ménage ne va pas bien ; on le découvrira au fil de cette histoire.
En parallèle, le corps d’une veuve est découvert sans vie dans les collines. Linda, le shérif demande de manière informelle l’aide de son frère, considérant, entre autres, qu’il gagnerait à être occupé plutôt que de noyer son chagrin en s’enfermant dans une cabane au fond des bois.
Si ce roman est une enquête, il n’est pas que cela. Il faut une excellente connaissance de la psychologie des gens des collines, leur esprit clanique, pour parvenir à démêler les haines, loyautés et rivalités qui lient chacun d’entre eux. Mitch, véritable homme du cru, et servi de ses qualités de militaire enquêteur endurci est l’homme de la situation pour aider sa sœur, encore inexpérimentée, femme en milieu misogyne qu’un fédéral débarqué sur place s’amuse à décontenancer.
Autre personnage de ce très beau roman noir, bien entendu cet univers rural hostile, isolé que sont ces collines. Le lecteur apprend à en connaître chaque parcelle, chaque espèce animale ou végétale.
Enfin, nous ne pouvons passer sur ce qui ronge le cœur de Mitch, son mariage qui s’en va à vau l’eau avec une réflexion intéressante sur ce que veut dire devenir père.
Saluons l’excellent traduction d’Anatole Pons-Reumaux qui a su parfaitement traduire l’atmosphère particulière de ce coin perdu, lui donner à la fois sa poésie et sa rudesse .
Encore une fois Chris Offut parvient à me séduire dans son tout nouvel opus qui serait le début d’une trilogie avec Mitch. Si c’est le cas, j’ai déjà hâte de découvrir le prochain !
https://leblogdemimipinson.blogspot.com/2022/08/les-gens-des-collines.html
Une femme a été assassinée. Mick Hardin, enquêteur militaire au sein de la CID ( Criminal Investigation Command ), de retour au pays, donne un coup de main officieux à sa soeur shérif prise dans le goulot d'étranglement du sexisme, du manque de moyen et de la pression exercée par le FBI. le point de départ est classique, l'intrigue policière bien menée mais est en elle-même assez légère pour accrocher totalement.
Très rapidement, on sent bien que l'enquête n'est qu'un prétexte pour Chris Offutt à sonder les ténèbres de la terre et de la famille, comme toujours dans son Kentucky natal, rural, dont il connait le paysage de fond en comble, des traditions aux paysages en passant par la faune, la flore et enfin les hommes. Il en capture brillamment les nuances avec un sens du lieu qui respire la sincérité.
Mick se retrouve entrainé dans un réseau d'interactions tissées autour de la femme assassinée dont la mort expose les loyautés et les rivalités d'une communauté rurale profondément enracinée et farouchement privée. C'est le guide parfait tellement il maitrise l'esprit clanique et le laconisme des locaux, il sait gagner leur confiance, ce qui lui permettra de résoudre l'affaire en décelant les serments de sang et les vengeances familiales. Cette authenticité transpire dans chaque page et apporte beaucoup, avec toujours la nature appalachienne comme contrepoint superbe aux tragédies aigues qui s'y déroulent et à la laideur des hommes remplis de préjugés mesquins et de certitudes immuables.
Même si je m'attendais à plus de puissance ( comme celle ressenti lors de la lecture des Nuits appalaches) , je suivrai avec grand plaisir la suite de la trilogie policière initiée avec Les Gens des collines. J'ai aimé son humour pince sans-rire à la Fargo dans le Kentucky, la tendresse bourrue douce-amère qui s'en dégage et l'empathie de l'auteur pour ses personnages. Celui de Mick est très attachant, en quête de réconciliation avec lui-même, oscillant entre stress post-traumatique d'un vétéran de l'Irak ou de l'Afghanistan, gueule de bois et désenchantement intime.
Un coup de cœur pour ce superbe thriller qui m'a captivée du début à la fin. Il aura suffit d'une mort suspecte pour qu' une petite communauté du Kentucky, profondément ancrée dans ses traditions se retrouve chamboulée dans un jeu de rivalités et de vengeances qui risque bien d'avoir de fortes répercutions sur les gens des collines. On retrouve le style inimitable de Chris Offutt, une prose descriptive et des personnages intenses qui ne laissent pas indifférents. J'ai aimé que l'auteur nous entraîne sur deux pistes, celle du crime commit pour lequel Mick ancien vétéran va être mis à contribution par sa sœur Linda, shérif du comté mais aussi celle plus personnelle qui vient bouleverser la vie de Mick et de sa femme Peggy. Une épreuve de la vie pour se couple qui prend de plus en plus d'importance au fil des pages et se révèle bientôt plus importante pour moi que le mystère du crime à résoudre. Je reviens sur la description des lieux , de la nature faune et flore tellement bien amenée que l'on peut sentir l'atmosphère des collines mais aussi le danger des serpents ou le chant des oiseaux. Tout cela dans le courant du natural writing cher à mon cœur. Les dialogues font aussi très couleur local et la traduction est bien rendue, tout cela nous transporte en immersion totale. Les familles qui vivent dans les Appalaches ont leur propres façons de rendre la justice, venger les crimes qui parfois s'étendent sur des générations. On vibre avec Mick en ressentant sa vulnérabilité, sa droiture et sa force intérieure. Son attachement à cette région rurale où la pauvreté règne et où les opportunités sont inexistantes est admirable. J'ai aimé les retournements de situations qui viennent tordre l'histoire et le final qui me laisse espérer une suite, car Mick est un personnage fort que j'ai envie de retrouvé. Bonne lecture.
http://latelierdelitote.canalblog.com/archives/2022/05/12/39412294.html
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