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«- Depuis quelque temps, des pièces de fausse monnaie circulent. J'en suis averti. Je n'ai pas encore réussi à découvrir leur provenance. Mais je sais que le jeune Georges - tout naïvement je veux le croire - est un de ceux qui s'en servent et les mettent en circulation. Ils sont quelques-uns, de l'âge de votre neveu, qui se prêtent à ce honteux trafic. Je ne mets pas en doute qu'on abuse de leur innocence et que ces enfants sans discernement ne jouent le rôle de dupes entre les mains de quelques coupables aînés.»
Parmi mes genres littéraires favoris se trouve le Bildungsroman, le roman d’apprentissage, et lors du début de ma première lecture des Faux-monnayeurs, j’ai longtemps cru que c’était à un roman de ce type que j’avais à faire.
Tout commence en effet par le jeune Bernard, qui découvrant les lettres d’amour de sa mère réalise être le fruit d’amours interdits, et se rend compte que celui qu’il croit être son père ne l’est peut-être pas. Il lui écrit une lettre, une lettre d’adieu, une lettre définitive, dans laquelle il lui exprime son mépris, et lui explique son départ. Puis, il complote avec son ami Olivier, chez qui il a pouvoir aller trouver refuge. Bref, c’est là un début classique pour un roman d’initiation, mais très vite nous allons découvrir que M. Gide a pris un malin plaisir à démultiplier les intrigues, et a pris le parti osé d’introduire dans son récit l’oncle d’Olivier, Edouard, écrivain de son état, justement en train d’écrire un roman intitulé « Les faux-monnayeurs ». On croisera Vincent, Georges, Armand, Boris, Lady Griffith, Strouvilhou, Laura, le comte de Passavant, et bien d’autres encore, qui tous prendront à un instant ou un autre une importance particulière, de par leurs actes ou par un lien les unissant à un des autres personnages déjà rencontrés.
Le roman initiatique devient donc « autre chose », et l’auteur nous le fait clairement savoir aussi par sa multiplication de l’usage de formes littéraires diverses, le journal, la lettre, ou par ses incessants changements de points de vue narratif. C’est justement en cela que ce roman est un objet littéraire extrêmement intéressant, dans sa constante réflexion sur ce qu’est le roman, sur ce qu’il peut parvenir à dire et sur ce qu’il ne parviendra jamais à saisir. M. Gide nous offre là une exaltante réflexion, tout en réussissant la prouesse de rendre son intrigue éclatée lisible, et sa destruction volontaire d’une forme classique devient un atout majeur dans le charme que dégage ces faux-monnayeurs.
Ce livre fait partie de ceux que régulièrement je relis, toujours avec un même plaisir, certain que je suis d’y découvrir une nouvelle facette, une nouvelle grille de lecture m’ayant échappé précédemment. Il est de ces romans dont je ne me lasse pas. L’écriture de Gide, son style fin, parfois précieux, me charme toujours, et j’ai grand plaisir à me perdre dans les ambiguïtés des relations décrites, dans les non-dits, dans les actes manqués de ces personnages à la psychologie raffinée et si bien décrite. Il y a, à mon avis, dans ces pages, une justesse et des vérités intemporelles, et je ne peux que vous inviter à les découvrir au plus vite.
"Les faux-monnayeurs" est le roman que Sartre classa parmi les "antiromans" parce qu'il ne suit pas les règles habituelles de la narration que l'on retrouvait dans le "roman naturaliste" là où la description de la réalité primait sur l'écriture en elle-même. Donc Gide s'évertue ici, à mettre en scène successivement plusieurs intrigues où chaque protagoniste est lié filialement ou pas. L'auteur glisse également des clins d'oeil à certains Dadaïstes qu'il connut bien. C'est, in fine, un roman astucieux que certains critiques le jugèrent comme étant un précurseur du "nouveau roman", mouvement littéraire de l'après-guerre dont les principaux représentants sont Nathalie Sarraute, Alain Robbe-Grillet et Michel Butor.
Le roman présente l'entrée dans la vie adulte de deux jeunes hommes, Bernard et Olivier. Ils font leurs premiers pas dans le monde littéraire parisien et dans leur vie amoureuse. En même temps, Édouard, l'oncle d'Olivier, se met à écrire un roman mystérieux, qui s'intitule les Faux Monnayeurs. Est-ce le roman que nous lisons? Gide propose ici, dans son style aérien, ciselé, sensuel et poétique, un roman très touchant et délicat.
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