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Lorsque la France s'effondre en juin 1940, Jacques Leboy se retrouve comme tant d'autres déporté vers l'est sans aucune certitude sur son avenir. Arrivé au terme de son voyage au camp de Stalback, il est assigné à un segment du stalag 1A peu commun. Cette section dite « aspilag », fruit d'un accord entre les autorités nazies et le gouvernement de Vichy, était en effet destinée à n'accueillir que des aspirants officiers de l'armée française vaincue. Dans ce camp-université, un seul but : former une élite française pour la « nouvelle europe » d'après la victoire allemande. Au gré de sa captivité et de ses tentatives d'évasions, Jacques questionnera tour à tour ses choix politiques et moraux, ainsi que sa foi en la religion et en l'humanité. Jusqu'à pouvoir, près de quarante ans plus tard, raconter ce pan méconnu de l'histoire à son plus jeune fils.
C'est l'histoire de son père, telle qu'il l'a apprise à l'âge de 19 ans. Une histoire dont il n'avait que des bribes depuis plus de quarante ans. Septembre 1939, Jacques Leboy s'engage en tant qu'aspirant officier pour combattre l'Allemagne nazie. Rapidement capturé sur le front, il est envoyé dans un camp particulier, un aspilag. On y apprend la bonne parole, c'est l'université de la collaboration.
Le journaliste Thomas Legrand s'inspire largement de l'histoire de son père mais aussi d'une documentation précise, pour faire un récit qui m'était inconnu jusqu'alors, celui de ce camp d'élèves officiers français. L'idée était d'y former les futurs cadres de l'armée d'après-guerre en assénant une propagande dirigée depuis Vichy. Que faire alors ? Subir, collaborer, chercher à s'évader ? Jacques Leboy est au cœur de ce questionnement...
Ce récit prenant est mis en scène par la belle ligne claire de François Warzala. J'avais beaucoup apprécié son travail dans le tome 1 de La trilogie berlinoise et je retrouve avec plaisir son dessin élégant, réaliste mais pas trop. Il parvient à montrer la vie dans le camp et brosse des personnages épais, qui doutent, se confrontent, se méfient des oreilles indiscrètes mais n'ont qu'un objectif: s'évader.
Outre le désir de mémoire, cet album a une valeur historique importante puisqu'il raconte une petite histoire très peu présente dans le récit de la grande Histoire. Un album important donc, une bonne lecture de ce mois de septembre !
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