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Les Enfants d'Alexandre : La littérature et la pensée grecques 334 av. J.-C. - 519 ap. J.-C.

Couverture du livre « Les Enfants d'Alexandre : La littérature et la pensée grecques 334 av. J.-C. - 519 ap. J.-C. » de Jean Sirinelli aux éditions Fayard
  • Date de parution :
  • Editeur : Fayard
  • EAN : 9782213031583
  • Série : (-)
  • Support : Papier
Résumé:

Célébrant vers 1510 la pensée antique renaissante, Raphaël choisit, pour la symboliser, de représenter une Ecole d'Athènes idéale où, sous le regard tutélaire de Platon et d'Aristote, sont assemblés Démocrite, Zénon, Epicure, Archimède, Ptolémée et bien d'autres écrivains et savants "... Voir plus

Célébrant vers 1510 la pensée antique renaissante, Raphaël choisit, pour la symboliser, de représenter une Ecole d'Athènes idéale où, sous le regard tutélaire de Platon et d'Aristote, sont assemblés Démocrite, Zénon, Epicure, Archimède, Ptolémée et bien d'autres écrivains et savants " hellénistiques ". En 529, dans un geste pareillement symbolique, Justinien avait voulu clore l'ère du paganisme en fermant une Ecole d'Athènes chargée de tous ces souvenirs et revivifiée par le néoplatonisme de Plotin. Les neuf siècles évoqués ici sont en effet constamment hantés, comme sous le pinceau de Raphaël, par les grandes figures de l'époque classique.Une grande aventure intellectuelle et esthétique se déroule dans un monde ouvert à la langue et à la pensée grecques par les victoires d'Alexandre et y fait prospérer une culture jalousement fidèle à la floraison du Ve siècle. Ses protagonistes se livrent, dans un contexte historique et souvent en des lieux différents, à un extraordinaire travail d'approfondissement et d'adaptation des leçons de leurs modèles. Exégètes attentifs et novateurs certes, ils sont pourtant bien autre chose que des épigones, des commentateurs, des compilateurs. Ainsi font-ils une avancée décisive dans la découverte de l'universalité de l'humanité et enracinent-ils l'idée que tous les hommes sont identiques (sinon égaux). Mise au service de l'idéologie impériale romaine, puis systématisée par le christianisme, cette certitude s'installe pour toujours dans la pensée européenne. L'éducation tend dès lors à transmettre non plus les seules valeurs d'une cité, mais celles qui sont communes à tous les êtres civilisés. Un peu plus tard s'impose le sentiment de la singularité de l'individu. Celle-ci trouve son prolongement dans la conquête d'un espace intérieur où jouent les passions et les décisions: le roman, la biographie, l'autobiographie _ apparus à cette époque _ procèdent de cette anthropologie nouvelle qui aura des effets décisifs dans l'histoire de l'Occident. Une perception différente des relations, plus intimes, plus ferventes, de l'homme avec la divinité s'ensuit et ouvre la voie au christianisme. Cette attention portée à l'individu, croissante à mesure que l'espace hellénisé s'étend et que les temps s'écoulent, conduit enfin les lettrés obsédés par le classement et la constitution de sommes de savoirs, à ordonner les événements et à définir des chaînes de causalité: le sens de l'histoire est né.D'Athènes à Alexandrie, de Rome à Antioche, des poètes, des moralistes, des savants, des philosophes transmettent l'héritage. Sans l'altérer, ils l'accroissent, le transcendent, le subliment. Notre dette à leur égard ne le cède en rien à celle que nous avons contractée auprès de Sophocle, de Thucydide ou d'Aristote.Jean Sirinelli est professeur émérite de littérature grecque à l'université de Paris-IV et président de la Commission nationale pour l'Unesco.

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