"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Philadelphie, 1923. La jeune Hattie arrive de Géorgie pour fuir le Sud rural et la ségrégation. Aspirant à une vie nouvelle, forte de l'énergie de ses seize ans, Hattie épouse August. Au fil des années, cinq fils, six filles et une petite-fille naîtront de ce mariage. Douze enfants qui égrèneront, au fil de l'histoire américaine du XXe siècle, leur parcours marqué par le fort tempérament de leur mère, sa froide combativité et ses failles secrètes.
Les Douze tribus d'Hattie, premier roman éblouissant, a bouleversé l'Amérique et conquis les lecteurs français.
Telles les pièces d'un puzzle, les douze tribus d'Hattie dessinent en creux le portrait d'une mère insaisissable et le parcours d'une nation en devenir.
Années 20, le Nord et le Sud des États-Unis, deux endroits totalement différents pour les noirs à cette époque. Hattie, sa mère et ses sœurs quittent le Sud où les noirs doivent raser les murs, pour Philadelphie où leur vie sera plus libre.
À seize ans Hattie épouse August et met au monde des jumeaux, Jubilee et Philadelphia… puis Floyd, puis Six, puis Ruthie, Ella, Alice, Billups, Franklin, Bell, Cassie.
On traverse le siècle au gré de leurs personnalités et de leurs destinées, ainsi que celle de Sala, la fille de Cassie. Et on a là un étonnant panorama de l'Amérique. J'ai eu l'impression d'assister à une énumération des douleurs du monde, comme pour nous rappeler que la vie est une vallée de larmes. L'histoire nous montre que la bonté n'est pas forcément là où elle semble se trouver, que les apparences sont souvent trompeuses.
Hattie est le pilier de sa famille, elle est forte, et même indestructible, mais froide comme la glace. Après le drame vécu dans sa jeunesse il semble que quelque chose en elle se soit brisé, comme prisonnière d'une amertume inextinguible. Je l'ai trouvée absolument pas attachante, sauf peut-être un peu au début. Il y a quelque chose d'effrayant en elle, le cœur rempli de toutes ses déceptions.
Onze enfants dont une paire de jumeaux, une petite-fille, dix chapitres, neuf années différentes. Chaque chapitre sur chaque enfant contient un secret qui se dévoile au fil des pages, des rancœurs, des meurtrissures. On arpente l'Amérique de 1925 à 1980, la ségrégation, le deuil, le patriarcat, l'homosexualité, la misère, la religion, la guerre, l'alcoolisme, les trahisons, et c'est ainsi qu'on découvre peu à peu les douze tribus d'Hattie et son long parcours sans joie, celui de ces femmes qui tiennent la famille à bout de bras, elles qui sont la clé de voûte de leur clan.
J'ai dévoré ce roman que j'ai trouvé passionnant mais qui m'a entraînée dans une sombre tristesse, sur le versant sans soleil de la vie.
L'auteur dresse le portrait d'Hattie, mère d'une famille de 11 enfants, symbole de milliers de noirs américains ayant fui la Géorgie ségrégationniste pour rejoindre les états du Nord à la recherche de liberté et de bonheur.
C'est à Philadelphie que les rêves d'Hattie et d'August vont se construire pour rapidement se fracasser aux dures réalités de la vie.
11 enfants, comme autant de destins et de visages d'une amérique en pleine mutation, des années 1925 à 1980.
Floyd, le musicien de Jazz, Six le prédicateur, Cassie et sa névrose, Franklin hanté par les horreurs de la guerre du Vietnam....
Au coeur de chacune de ces histoires, le personnage froid, distant, meurtri mais o'combien fort et protecteur d'Hattie surgit à un moment.
Hattie a déjà traversé les douleurs de la vie que ses enfants ne tarderont pas à rencontrer et elle fait au mieux pour les en protéger.
Un roman qui se referme avec Sala, la petite fille d'Hattie, l'Avenir qu'il faut préserver car sur ses épaules repose l'espoir.
Un roman bien construit, original et fort mais bien loin de la puissance des oeuvres de Toni Morrison à laquelle l'auteure a parfois été comparée.
Un condensé des faces sombres de l'Amérique.
Un excellent moment de lecture !
Toujours sur les conseils très avisés de ma chère Lydie, je me suis lancée dans la lecture des "Douze tribus d'Hattie".
Alors, ce livre est scindé en douze chapitres (un pour chacun des enfants qu'a eu Hattie) formant le portrait de cette mère incapable d’affection, dépressive, agressive, froide et au cœur sec parce que trop éprouvée par la vie.
D’ailleurs le premier chapitre nous met immédiatement dans l’ambiance : Hattie a fui avec sa famille de Géorgie en raison d’une ségrégation raciale trop présente en raison des lois Jim Crow, avec l’espoir d’une vie meilleure et plus égalitaire à Philadelphie.
Mariée à 16 ans, elle a ses deux premiers enfants, des jumeaux, à 17 ans et ceux-ci connaissent un destin tragique puisqu’ils meurent de pneumonie à 7 mois. Ce chapitre est déchirant et franchement j’ai hésité à continuer ma lecture tant ça m’a marquée et j’ai trouvé ça dur.
Puis, j’ai continué à tourner les pages et je ne le regrette pas. L’amertume est prégnante dans ce récit rythmé par la vie d’Hattie marquée par les déceptions successives.
Elle aura donc douze enfants et le récit de sa vie va se dérouler de 1925 à 1980 : Il y aura Floyd, le musicien de Jazz), Six, le prédicateur, Billups, Bell qui fera des études, Ruthie, , fruit d’une liaison extra-conjugale, Cassie avec sa maladie mentale, Sala, Ella, Franklin qui va s’engager dans l’armée et « faire » le Viet-Nam et la dernière, Alice, née alors qu’Hattie avait 46 ans et qui sera en quelque sorte « sacrifiée ».
Son manque d’amour manifeste ou du moins son incapacité à l’exprimer nous amène à nous poser la question suivante : l’instinct maternel existe-t-il ? Moi, je dirai oui, car si Hattie est avare de démonstration sentiments elle n’en jette pas moins toutes ses forces dans la survie des siens et n’a plus ni amour, ni tendresse à donner, comme pour ne plus se brûler aux émotions. Mais c'est une vraie combattante car elle n’oublie pas ses devoirs envers ses enfants.
Mais à mon avis, on peut donner à ce récit une autre dimension et une interprétation un peu différente :
Ces douze histoires représenteraient toute la mosaïque du peuple noir en Amérique symboliquement rassemblées en un livre et fait d’Hattie une mère universelle et/ou qu’elle représente la « mère patrie » soit les États-Unis… donnant peu d’amour (c’est-à-dire pas d’attention ou du moins inégale à son peuple démuni…
Toutes ses histoires seraient le condensé de tous les malheurs subit et justifierait l’accumulation de catastrophes et d’histoires tristes et sordides.
Dans cette optique, douze devrait être aussi un symbole donc… J'avais pensé aux premières étoiles sur la bannière américaine, mais elles étaient au nombre de treize… peut-être douze enfants plus Hattie la fédératrice = treize !
D’accord, c’est capillotracté… donc, là du coup, je sèche. Enfin tout cela n’est que supputation et peut-être que je m’égare !
Cela étant dit, j’ai beaucoup aimé cette histoire pleine de désespoir et qui résonne comme une complainte des minorités défavorisées.
Sur plus d'un demi siécles nous découvrons les douze tribus d'Hattie. Et à travers elle et ses enfants nous voyageons du sud au nord des USA, et partageons la condition des noirs dans ce pays où le rêve américain a rejeté longtemps beaucoup de ses enfants donc la couleur de peau n'était pas celui de la neige.
Hattie a eu onze enfants et une petite-fille, et si elle a rêvé d'une belle vie et d'un bonheur paisible pour elle et chacun d'eux , la réalité d'un pays déchiré par les lois raciales piétinera ses illusions.
Entre désillusions, mensonges, faux-semblants, Hattie et ses enfants traversent le vingtième siècle et si certains d'entre eux arriveront à se faire une petite place au soleil, la plupart souffriront.
Ayana Mathis raconte son Amérique, pays d'inégalité et de rêves bafoués, contrée où tout est possible pourvu qu'on entre dans les bonnes cases et quand on est noir au pays de Jim Crow ces cases là ressemblent beaucoup à celle de l'oncle Tom.
Certaines places ont été conquises de haute lutte, d'autres ont été abandonnées, et nous nous savons que pour Hattie et sa tribu rien n'a été simple, et chacun a essayé de trouver un peu de joie à sa façon, et si c'était pas la bonne tant pis, c'est toujours ça de pris.
La traversée est triste et douloureuse mais l'histoire est magnifiquement contée, et par ci par là quelques lumières brillent.
Dans la ville de Philadelphie, Hattie, une jeune femme arrivée de Georgie pour fuir le Sud et la ségrégation, a 17 ans lorsque ses premiers enfants naissent en 1925, des jumeaux, Philadelphia et Jubilee. A travers ce roman construit comme un recueil de nouvelles, sous forme de puzzle, l’auteur nous dévoile la destinée de cette femme à travers les vies de ses 11 enfants et de sa petite-fille Sala. Nous découvrons à chaque chapitre un morceau de leur vie, un morceau trop rapide à mon goût qui m’a laissé sur « ma faim » à chaque fin de chapitre et pourtant j’avais envie de connaître encore et encore la vie des enfants d’Hattie, des destinées si différentes les unes que les autres. Une histoire touchante qui met en avant le courage de cette mère qui tout au long de sa vie fera son possible pour ses enfants sans toutefois leur apporter de la tendresse car sûrement trop éprouvé par cette vie si difficile.
Livres 4.00/5
Avec sa peau claire et son énergie débordante, Hattie, fraichement débarquée de Géorgie à Philadelphie en 1923, pouvait espérer une vie meilleure que celle de ses parents, marquée par le racisme et la ségrégation.
Oui mais voilà, Hattie se retrouve à 16 ans implacablement embarquée dans le piège de la maternité et d'un mariage subi plus que choisi : mère à 17 ans de deux jumeaux, elle devra également affronter leur mort tragique à 7 mois dans un premier chapitre féroce qui marque le début du malheur et des désillusions.
Hattie aura 9 autres enfants et une petite-fille, 10 enfants donc, qu'elle n'aura de cesse d'empêcher de mourir… tout son amour maternel s'emploiera à les nourrir et à les habiller malgré la pauvreté, malgré un mari sur lequel elle ne peut pas compter…
Dans une construction originale, chaque chapitre donne voix à l'un des enfants d'Hattie, dévoilant un pan de sa vie ainsi que ses rapports à sa mère et à sa famille : un kaléidoscope qui peu à peu forme le portrait d'Hattie, une femme courageuse, malheureuse, dure et ambigüe, marquée par son destin, par la difficulté d'être mariée à un bon à rien gentil mais paresseux, qui n'a que deux qualités : il aime ses enfants et il ne la bat pas… Piètre satisfaction pour une femme fière et orgueilleuse qui avait une grande ambition, celle d'acheter une maison.
Alors certes, le spectre du racisme recule, mais à chaque nouvelle grossesse, celui de la misère augmente.
A travers l'histoire poignante d'Hattie et de sa famille, c'est également un pan d'histoire du peuple noir américain que l'on découvre, de 1920 à 1980, des deux cotés de la ligne Mason-Dixon qui depuis la guerre de Sécession séparait les états esclavagistes du Sud des états abolitionnistes du Nord.
Magnifique.
L'Histoire à travers des histoires pour explorer la complexité des rapports parents-enfants et la difficulté de trouver sa place dans l'Amérique d'aujourd'hui.
Un roman comme un recueil de nouvelles où chaque chapitre raconte un passage de la vie d'un des enfants, tous relié par cette mère alternativement présente, perdue, optimiste, volontaire ou désespérée. Un roman qui parcourt quasiment un siècle d'histoire des US par petites touches et fait comprendre, sentir les ambiances, les mentalités, l'évolution de ce pays.
L'écriture est fluide et précise, agréable à lire.
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