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La mère, La Varienne, c'est l'idiote du village. La petite, c'est Luce. Quelque chose en elle s'est arrêté. Pourtant, à deux, elles forment un bloc d'amour. Invicible. L'école menace cette fusion. L'institutrice, Mademoiselle Solange, veut arracher l'enfant à l'ignorance, car le savoir est obligatoire. Mais peut-on franchir indemne le seuil de ce monde ? L'art de l'épure, quintessence d'émotion, tel est le secret des Demeurées. Jeanne Benameur, en dentellière, pose les mots avec une infinie pudeur et ceux-ci viennent se nouer dans la gorge.
Très court texte de Jeanne Benameur empreint d'une poésie, d'une grande pudeur et qui va au plus profond des personnages sans en rajouter dans le pathos, le mélo.
Elle est très belle cette histoire de femmes, de l'amour inconditionnel et réciproque mère-fille, de la volonté de Solange d'instruire tous les enfants, même les moins favorisés. Elle est belle parce que même sans dévoiler, même si le pari de Solange n'est pas gagné et se heurte à de fortes réticences, la graine semée est là, bien enfouie. Pour travailler avec des enfants au parcours difficile, je suis persuadé de cela, qu'un éducateur, un instituteur, un assistant familial qui y croit, apporte un petit quelque chose qui servira à l'enfant plus tard.
"Des mots charriés dans les veines. Les sons se hissent, trébuchent, tombent derrière la lèvre.
Abrutie.
Les eaux usées glissent du seau, éclaboussent. La conscience est pauvre.
La main s'essuie au tablier de toile grossière.
Abrutie.
Les mots n'ont pas lieu d'être. Ils sont" (p.11)
C'est le début du texte, qui continue comme cela jusqu'au bout, sec, poétique, dur. J'aime beaucoup, il est concis, dense.
Merci à Anne -qui se reconnaîtra- pour le prêt.
Lien : https://www.livresselitteraire.com/2019/03/les-demeurees-de-jeanne-benameur.html
Jeanne Benameur a une écriture époustouflante. Poétique. Épurée. Une écriture qui vous enveloppe, vous souffle un truc un peu indescriptible. Viscéral. Quelque chose qui nous rappelle à l'état animal. Parce que c'est de ça aussi dont il est question dans Les Demeurées. L'animalité. Le flair. J'aime bien se verbe. Flairer. Ça décrit bien cet instinct animal qu'on a conservé. Ce qui nous rapproche de la bête. Comme La Varienne avec Luce. La mère qui couve sa petite. Ne pas laisser le monde extérieur pénétrer l'antre. Le nid. Leur nid.
La Varienne incapable de dire. De parler. « Demeurée » comme ils l'appellent ‒ et qui n'est pas sans me rappeler le Simple de Julie Estève ‒ parce qu'ils ne la comprennent pas. Parce qu'elle ne sait ni lire ni écrire. Demeurée. À leurs yeux. Parce qu'il faut toujours catégoriser les gens. La Varienne. Celle qui travaille dans la grande maison de Madame. Celle qui protège son enfant. Dans le silence le plus total. Elles ne parlent pas. Jamais. Mais ensemble elles ont construit leur vie, leur tanière.
Alors quand la petite Luce doit aller à l'école, parce que c'est la loi, La Varienne a le cœur lacéré de cette absence. La peur silencieuse, tapis au-dedans. Cette peur de la perte qui guette. Mais Luce comprend. Luce dont le regard se pose, le matin, à travers la fenêtre, sur les grands arbres à défaut de savoir attraper le regard de sa mère. Il n'y a pas besoin de parler pour savoir. Ça fonctionne à l'instinct. Au flair, justement.
Alors Luce d'un accord tacite, refusera d'apprendre.
L'enfant est-elle aussi demeurée ? Mademoiselle Solange n'y croit pas. Elle croit en la petite Luce même si elle ne comprend pas pourquoi la petite refuse. Alors elle persévère. Savoir, apprendre est essentiel pour s'élever. Le pense-t-elle. Commençons par le nom. Petit à petit, avec délicatesse.
Mais le nom fait vriller la petite. L'être tremble. Ce nom. Elle n'a pas de nom. Luce. C'est tout. C'est tout ce qu'il y a savoir. Elle sait que laisser entrer les mots, c'est briser le lien avec la mère. Elle ne veut pas voir, pas connaître. Faire disparaître les mots, les laisser sur le bord du chemin, tout en haut des arbres. Les laisser mourir, ne rien retenir. Se battre contre eux. Jusqu'à la fièvre. Mais les mots sont tenaces, vivants. Quand il est question d'émotions...
Jeanne Benameur nous livre un court roman fait de silences et de regards fuyants. Poignant. Les mots claquent, résonnent dans une sorte de cri intérieur. On trésaille à la lecture. C'est en tout cas ce que j'ai ressenti. Un tressaillement, le corps tendu, les mains serrées autour du livre car l'auteure fait aussi appel aux sens.
Dans une poésie folle, elle pose la question du savoir. De son importance. De la volonté ou non d'y accéder. Du ressenti d'un monde à l'autre, d'un regard à l'autre. De son poids face à l'amour. L'enseignement est-il le seul savoir qui nous fasse grandir et avancer ? Vaste question magnifiquement mis en mot par l'écriture dentelle, à la fois douce, pudique et saccadée de Jeanne Benameur.
Les Demeurées ne pouvait que me bouleverser par sa langue, par son thème, par cette fin tristement belle, par sa réflexion et sa pudeur.
Les demeurées, ce sont une idiote du village et sa fille. Entre ces deux êtres , aucune parole. . Leur amour est silencieux, bâti sur leur seule présence l'une à l'autre. Leur vie recluse, solitaire, doit cependant prendre fin lorsque la petite Luce prend le chemin de l'école. Là, le monde l'attend et mademoiselle Solange, l'institutrice, est décidée à rompre l'ignorance, à faire jaillir les mots. La Varienne et sa fille vivent cette intrusion de l'extérieur comme une menace. Ensemble, elles renforceront ce lien primal, instinctif qui les unit: un amour quasi mystique, indéfectible, originel. Un texte très épuré et très fort
Profondément touchée par l'écriture du très beau "Laver les ombres ", j'étais restée sur ma faim avec "Les insurrections singulières", le sujet ne m'ayant pas touchée. Par la suite, avec "Profanes" puis "Otages intimes", j'avais retrouvé cette langue magnifique, palpitante comme une respiration, poétique et tout à la fois précise, concise. "L'enfant qui". Drôle de titre inachevé, ouvert sur tous les possibles. Il m'a fallu quelque temps pour sortir de cette lecture déroutante, envoûtante, hypnotique, incantatoire presque...
C'est l'histoire d'un enfant. On ne sait pas son âge, ni trop jeune ni trop vieux...Sa mère est partie ou morte, on ne saura pas, le laissant avec son père qui n'a pas su la retenir et sa grand-mère, qui n'a pas su l'accepter à défaut de l'aimer. Ni l'un ni l'autre ne peuvent aider l'enfant à vivre et à se construire avec cette absence, ils ont déjà tant de mal à tenir debout avec leur propre histoire. Il marche, l'enfant, dans la forêt, avec un chien bienveillant qu'il est seul à voir pour compagnon et les souvenirs de ce que sa mère lui racontait, avant. Il va lui falloir inventer sa vie. Une narratrice lui parle, à la deuxième personne du singulier et ce tutoiement répétitif donne le rythme et le souffle singuliers du roman.
En fait je ne trouve pas les mots pour vous parler de ce court roman(120 pages). Parce que cet univers empreint d'un riche imaginaire plein de poésie touche sans doute au plus profond l'enfant au fond de moi. L'enfant qui a perdu sa mère. Parce que le vrai sujet du livre c'est celà, faire face à la disparition de celle qui vous a donné la vie. C'est un conte, un poème, presque une déclamation. Une expérience sensorielle, cette lecture et je ne peux que vous conseiller de la tenter.
Bonjour , c'est une magnifique histoire d'amour entre une maman restée petite enfant et sa fillette . Un attachement si profond l'une à l'autre qu'il vous vrille le coeur . Une ode à un amour réciproque , unique ; celui d'une mère pour son enfant et d'une enfant pour sa mère . Ce qui m"a tout particulièrement marqué si ce n"est la beauté des mots , de l'histoire , c'est qu'encore une fois l'amour n'a pas de visage , de frontière , ce n'est pas parce qu'on a un gros défaut que nos parents ne nous aimeront pas et vice versa . Enfin c'est beau!!!!
Dans la maison de La Varienne, la tendresse ne s’exprime pas. Pas un mot, pas même un regard. Mais l’amour, bien là. Dans le village, c’est la maison de « la demeurée », ou des demeurées, car si la mère l’est, la fille l’est forcément. Stigmatisées, Luce et La Varienne, vivent à leur rythme, marqué par une musique régulière.
Pourtant, cette vie loin des rumeurs semble touchée à sa fin lorsque Luce doit entrer à l’école. La musique de leur quotidien commence à grésiller dès lors que le duo inséparable voit entrer dans la danse un troisième personnage. Mademoiselle Solange, l’institutrice prend son rôle à cœur, loin d’écouter le qu’en dira-t-on, elle a décidé qu’elle emmènerait tous ses élèves vers le savoir.
Mais Luce veut-elle apprendre ce que ne connait pas sa mère ? La rupture qu’engendre l’institutrice entre la mère et la fille n’est pas sans conséquence.
Un récit intime et poignant pour ma deuxième rencontre avec l’écriture de Jeanne Benameur. En moins de cent pages, l’auteure crée un univers particulier marqué par la musique de ses mots. Ces derniers sont âpres, mélancoliques. Le style ne se laisse pas facilement appréhender, c’est au lecteur de trouver sa place dans cette histoire. Dans cette histoire de famille qui questionne les limites de l’enseignement et l’accès au savoir. Les demeurées est un livre qui m’a profondément touchée, et encore plus car l’auteure explore toutes les facettes du mot « demeurée », lui donnant toute son humanité.
Merci Folavril pour le conseil de lecture, une nouvelle fois une très bonne recommandation !
Les Demeurées est le premier roman pour adultes que signe Jeanne Benameur. Auparavant, elle a publié de la poésie (Naissance de l'oubli), des pièces de théâtre (Fille d'Ulysse) et des nouvelles (Une bouffée de lilas), mais surtout de nombreux ouvrages pour la jeunesse (...Ça t'apprendra à vivre), tous profondément ancrés dans l'humain.
Les demeurées, ce sont une idiote du village et sa fille. Entre ces deux êtres d'infortune, nulle parole. Leur amour est silencieux, bâti sur leur seule présence l'une à l'autre. Leur vie recluse, solitaire, doit cependant prendre fin lorsque la petite Luce prend le chemin de l'école. Là, le monde l'attend et mademoiselle Solange, l'institutrice, est décidée à rompre l'ignorance, à faire jaillir les mots. La Varienne et sa fille vivent cette intrusion de l'extérieur comme une menace. Ensemble, elles renforceront leur lien qui les unit : un amour quasi mystique, indéfectible, originel. Beaucoup d'émotions dans ce livre
Un magnifique petit livre qui nous fait apprécier la différence entre êtres humains. A lire pour ne pas tomber dans l'indifférence.
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