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Depuis très longtemps, du moins dans la culture moderne occidentale, la montagne est considérée comme une origine du paysage. L'expérience physique de l'ascension, ses difficultés, ses dangers et ses bonheurs sensibles ont contribué à faire de la montagne un lieu privilégié de l'apparition d'un rapport esthétique, spirituel, paysager à la nature, à l'espace, au monde terrestre. Mais qu'en est-il aujourd'hui de cette sensibilité paysagère propre à l'expérience de la montagne ? Qu'est devenue la montagne, dans sa réalité effective aussi bien que dans les expériences dont elle est le théâtre, par-delà les images et les représentations que l'art, la science, le tourisme de masse, la décision politique ont plaqué sur elle ? Les modifications géomorphologiques et climatiques, l'histoire et la géographie des transformations territoriales, l'évolution des représentations esthétiques et plus largement culturelles, font de la montagne un paysage en perpétuel écart par rapport à une hypothétique valeur de permanence qui lui serait attachée. Les montagnes bougent continûment sous les regards et les pieds de ceux qui veulent les capter ; il y a de l'irreprésentable. Comment alors retenir, dans les images et dans les mots, ce qui court et fuit ainsi constamment devant les yeux ? Comment prolonger la puissance polysensorielle de l'expérience corporelle de la montagne ? Les montagnes sont aussi des espaces et des territoires. Or la géographie montagnarde, physique et humaine, a été profondément modifiée par les nouveaux usages de loisirs, le développement des transports, la densification des réseaux urbains, le retrait des trames agricoles et des pratiques pastorales. Les montagnes sont aujourd'hui des territoires où se déploient des intentions et des intérêts très variés, qui nécessitent de permanentes négociations. La question qui se pose aujourd'hui est celle de la possibilité d'un projet collectif pour la montagne, articulant les dimensions existentielles, esthétiques, culturelles, économiques, politiques et environnementales. Ce numéro réunit quatre ensembles de contributions. - Le premier, «Expériences», rassemble des témoignages, sur des modes différents : la contemplation, la course à pied, l'escalade, le souvenir. Ce sont des expériences singulières qui cherchent à se dire et à restituer la vigueur du milieu montagnard. - Le second, «Représentations», interroge différentes manières dont l'image de la montagne a été élaborée et diffusée, jusqu'au moment où, peut-être aujourd'hui, la montagne disparaît, recouverte par les images projetées sur elles.
- Le troisième, «Ville et montagne», cherche à rendre compte de l'un des enjeux les plus significatifs de la question de la montagne aujourd'hui : le développement des villes. Loin d'être restés à l'écart du mouvement d'urbanisation généralisée, les espaces montagnards sont soumis à des multiples pressions urbaines et aux réorganisations territoriales qu'elles imposent. Mais symétriquement, la figure ou la présence de la montagne sont devenues des éléments-clés dans les stratégies patrimoniales, environnementales et identitaires de certaines métropoles.
- Le quatrième, «Projets», a pour ambition de présenter quelques réalisations et propositions significatives de paysagistes et d'aménageurs ayant pris le parti de la montagne.
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