"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Rome, 1975. Un vent de liberté souffle sur la ville, tout semble possible, et pourtant nos destins ne tiennent qu'à un fil, une rencontre parfois. Les vacances d'été touchent à leur fin, trois garçons des beaux quartiers rencontrent deux jeunes filles du peuple. Ils flirtent en musique dans les cafés et au volant de belles voitures. Ils boivent, fument et ne vivent que dans l'attente de la prochaine soirée. Jusqu'à ce que les garçons invitent les filles à faire la fête dans une villa somptueuse du mont Circeo, une petite cité balnéaire au sud de Rome. Là-bas, racontait-on, Ulysse et ses compagnons avaient débarqué au pied du palais de Circé et la magicienne avait ensorcelé les marins. Les hommes s'étaient transformés en porcs.
En cette belle fin d'été, sous le soleil du Circeo, le pire est arrivé. Le fait divers est resté célèbre sous le nom de « massacre du Circeo ».
Pierre Adrian convoque dans ce roman noir toutes ses mythologies : l'Italie des années de Plomb et de Pasolini, la fin de l'enfance, le temps des dernières insouciances, l'explosion des sens et la découverte des corps, la musique des années 70 et les paysages comme des décors de cinéma.
Il explore aussi la complexité des relations entre filles et garçons, la séduction quand elle bascule dans la violence, l'espoir des filles de s'élever socialement et le mépris de classe des garçons. Enfin, comme un leitmotiv tragique, il revisite les lieux et les mythes : en quoi le sort jeté par la magicienne de L'Odyssée sur le mont Circeo résonne encore en 1975 et aujourd'hui ?
Né en 1991, Pierre Adrian vit à Paris. Son premier livre, LA PISTE PASOLINI, fut couronné en 2016 du Prix des Deux-Magots et du Prix François Mauriac de l'Académie française. Son deuxième livre, DES ÂMES SIMPLES, a reçu le Prix Roger-Nimier et le Prix Spiritualité d'Aujourd'hui 2017.
Bon roman ! Au-delà du sordide de certaines situations c'est la description attentive et minutieuse de l'italie des années 1970 qui en fait un petit bijou. On plonge dans la toufeur des ambiances de Rome écrasée de soleil ou dans la moiteur de certaines nuits propices à certaines débordements. Bien vu aussi une jeunesse friquée mais cependant décadente. Et l'on perçoit que notre jeunesse actuelle n'est pas si différente parfois. Le monde, les hommes, les femmes, les ados, un éternel recommencement. Et des sujets récurrents, ceux qui font tourner le monde en le détournant : le fric, le cul, le pouvoir !
Pierre Adrian traite les sujets au scalpel, il ne pouvait en être autrement parce que la vie est tragique, qu'on se le dise !
Sec et enlevé, roman de bonne facture !
Vivre vite, à lire rapidement,
CM
« C’était un jour bleu, un dimanche à tout foutre en l’air. Les filles riaient, serrées l’une contre l’autre sur la mobylette. Rafaela conduisait à fond les manettes avec le sentiment que rien de grave ne pouvait arriver. »
Ça commence en 1975 dans l’insouciance d’un été romain. Trois jeunes garçons de la Rome des beaux quartiers et deux jeunes filles des faubourgs populaires se rencontrent. Ça sent bon la légèreté, la Dolce Vita. La fougue de la jeunesse, des corps. Les rêves d’avenir. Pour un peu on s’ennuierait presque dans cette histoire....
La suite va se dérouler dans une villa somptueuse de San Felice Circeo, une cité balnéaire au sud de Rome. Là-bas, raconte-t-on, Ulysse et ses compagnons avaient débarqué au pied du palais de Circé. La magicienne avait ensorcelé les marins et les hommes s’étaient transformés en porcs.
Impossible d’en dire plus pour ne pas spoiler. Inspiré d’un fait divers italien, « les bons garçons » est un roman à deux vitesses. Il faut attendre la seconde partie pour que l’image de carte postale disparaisse et laisse place au sordide. Je me suis fait cueillir. J’étais gentiment installée dans une ambiance agréable, une lecture indolente frisant l’indifférence par moment. Et puis... et puis l’auteur nous embarque dans l’abject.
Nous sommes dans l’Italie des années 70, au cœur des années de plombs. L’Italie rouge d’un côté et de l’autre la noire, celle de l’extrême-droite droite toujours bien présente. La jeunesse dorée est biberonnée aux idées fascistes et au mépris de classe. Est-ce que cela explique totalement cet horrible fait divers? Bien sûr que non, mais vous ne m’empêcherez pas d’y voir les racines du mal.
J’avais adoré Les âmes simples et l’art de Pierre Adrian de dire beaucoup en un minimum qui donne à voir, réfléchir et sentir, sans étalage superflu. Lors d’une rencontre nous avions échangé sur son amour de l’Italie via La piste Pasolini.
Ce roman, tiré d’un fait divers sordide, réuni les qualités littéraires que j’aime rencontrer dans mes lectures.
Une jeunesse sans couvre-feu !
L’Italie de 1974 bruit de la liesse du titre de champion de football de La Lazio. Même sans aimer ce sport, le lecteur ne trouve ni longueur ni ennui, juste l’atmosphère de l’allégresse procurée par la victoire.
Deux jeunes filles, deux amies, Maria Grazia employée dans un bar, se lève tôt et rapporte son salaire à la maison pour faire « bouillir la marmite » et Raffaella la lycéenne plus extravertie sillonne la ville en scooter à la recherche de distractions. Elles rêvent toutes les deux de liberté.
Emilio, frère de Raffaella veille sur sa sœur de façon autoritaire.
Dans les quartiers chics de la ville, trois garçons de la bourgeoisie noient leur ennui dans l’alcool et les produits illicites et le sexe.
Mattéo est un dragueur « lourdingue », Alberto beau gosse timide et Gabriele absent au début de l’histoire pour cause d’emprisonnement.
Ces garçons évoluent dans l’opulence, leur richesse visiblement devrait leur servir de guide. En effet ils ne subissent aucun contrôle parental. S’ils se comportent en famille selon les codes ancestraux ils s’assurent d’une liberté sans entraves.
« Les garçons faisaient surtout parler les filles et semblaient les écouter d’une oreille distraite. Elles n’apprirent rien sur eux ; toutes leurs questions finissaient en blagues. »
Entre ces deux mondes il y avait une chance sur mille que ces garçons et filles se rencontrent et pourtant l’été 1975…
Le piège va se refermer sur ces deux jeunes filles, inéluctablement.
« La "route du soleil" s’éloignait encore davantage de la vulgarité des plages, prenait de la hauteur. On entrait dans un monde supérieur. Il y avait ceux d’en bas, qui grouillaient sur le sable, entre les marchands de glace et les restaurants bon marché. Et il y avait ceux d’en haut qu’on ne voyait jamais. »
Le lecteur passe du soleil qui réchauffe et rend heureux lors d’un été où chacun profite pleinement de sa liberté à un ciel qui amoncelle des nuages noirs avant que la tempête ne se déchaîne.
Il faut beaucoup de talent pour raconter ce fait divers des plus scabreux sans tomber dans le sordide d’un étalage complaisant.
La construction, la finesse de l’écriture, la subtilité de la pensée qui sont l’apanage de ce jeune auteur fait de ce livre un modèle de ce peut être la littérature.
Une écriture qui épouse à la perfection toutes les étapes de cette histoire passant de l’innocence, de l’insouciance à la peur.
Le conte de Circé revisité magistralement.
©Chantal Lafon-Litteratum Amor 29 octobre 2020.
Comme l’an passé, j’ai la chance de faire partie du jury du Prix des lecteurs Privat. Nous avons eu le samedi 17 octobre, notre première rencontre pour la sélection n°1 : 5 titres de roman dont je vais vous parler au fil de mes lectures. Je ferai un premier bilan après la lecture complète de la première sélection – cela me permettra de voir si un coup de coeur s’en dégage.
J’ai ouvert la lecture de ce prix des lecteurs avec le roman de Pierre Adrian Les bons garçons. La couverture et la présentation sentent bon l’Italie et plus particulièrement Rome.
Couverture du livre « Les bons garçons » de Pierre Adrian aux éditions Des Equateurs
Nous voilà dans les années 70 à Rome où un terrible fait divers servira de point de départ à Pierre Adrian et constituera l’intrigue de notre roman. Mais avant de vous en dire plus, je vais vous présenter les protagonistes. Le roman s’ouvre non pas sur les « bons garçons » et les guillemets ont leur sens mais sur Raphaella et Maria Grazia, deux jeunes filles. Elles habitent dans les quartiers populaires de Rome, vivent dans une famille nombreuses et rêvent – sans grand espoir – de quitter le quartier de Montagnola. Ce sont de gentilles filles, respectueuses de leur famille mais en mal de nouveautés. Puis apparaissent les « bons garçons ». Tout d’abord, on découvre Matteo dont l’agressivité latente est abordée à demi-mot puis Alberto, Luca et Gabriele. Tous les quatre sont issus de familles favorisées, vivent dans le quartier des Parioli, ont reçu une excellente éducation, vont à la messe et pratiquent des loisirs de riches. Rien ne prédestine ces deux groupes à se croiser mais un jour Luca prend en stop les deux jeunes filles. Cette rencontre fortuite à un carrefour marque un tournant dans l’histoire des ces personnages. Un carrefour, une voiture, des jeunes gens et le mécanisme infernal et tragique est mis en branle.
Ces bons garçons ne le sont pas vraiment et se croyant au dessus de tout et surtout de ces deux jeunes filles en qui ils ne voient que de la chair fraiche, ils mettent en oeuvre un plan machiavélique, un piège au nom annonciateur d’un drame puisque la villa où ils les amènent est sur la colline du Circeo – l’île de Circée où les hommes sont transformés en porcs, leur véritable nature ?
Le lecteur découvre au fil des pages ce piège dont il aimerait extraire ces jeunes filles innocentes dont la seule erreur a été de rêver à autre chose. Une violence latente s’exprime dans ce huis clos où les jeunes filles, semblables à des papillons de nuit pris dans la lumière des Parioli se brûlent les ailes ; où la naïveté et l’innocence se retrouvent confrontées et démunies face aux vices et aux mensonges.
Pierre Adrian a une écriture qui sait faire naître la tension, qui saisir le lecteur impuissant face à ces « bons garçons » qui ne sont que l’incarnation du vice et du mépris pour les classes inférieures.
L’épilogue de ce roman est déstabilisant, injuste rappelant que les riches sont des nantis et que les pauvres subissent leur violence.
En résumé : un fait divers terrible, une violence physique, psychologique et sociale, une montée en tension tels sont les ingrédients du roman Les bons garçons
Rome, 1975, Maria Grazia et Raffaella, deux jeunes adolescentes issues de la classe populaire de la société romaine rencontrent trois bons garçons de la haute société de Rome. Mais, peu importe la classe sociale, une soirée est prévue dans une sublime villa dans le riche quartier de Circeo.
Inspirée d'un fait divers très connu en Italie, cette soirée va faire basculer la vie de ces jeunes romains. Avant d'ouvriers ce roman, je ne connaissais absolument pas cette histoire assez sordide de Rome.
Mi-figue, mi-raisin pour ce roman car la première partie qui nous immerge dans cette Italie des années 70 à la rencontre de la jeunesse romaine est selon moi trop long, et l'histoire a du mal à démarrer. Malgré ce côté dépaysant que j'ai beaucoup aimé, la description de Rome, les références musicales des années 70. On sent un auteur passionné par l'Italie et qui connait très bien Rome.
La deuxième partie du roman rentre dans le vif du sujet, "le massacre de Circeo". La plume de Pierre Adrian est fluide, directe, sans tomber dans la description scabreuse.
Un roman en demi teinte, mais très solaire, joyeux et tragique. Un récit qui ne tombe pas dans le glauque, ni le sanguinolent. La vraie réussite de ce roman est sans conteste l'atmosphère qui en ressort. L'atmosphère d'une Italie entre réformes, grêves, combats sociaux dans une Ville Eternelle en ébullition.
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