Till Brindille ne sait pas très bien d'où il vient. Ce petit bonhomme en bois est sorti d'un oeuf, en bois lui aussi, qu'un fermier a un jour reçu sur la tête en plein champ. En jetant cet oeuf au feu, le fermier et sa femme le voient éclore et donner naissance à un étrange petit garçon. Ce sera leur fils, l'enfant qu'ils n'ont jamais pu avoir.
Till Brindille grandit très vite. À l'école, il s'affirme peu à peu auprès de ses camarades de classe, au point de devenir le chef de son petit groupe. Un premier événement vient élargir son horizon : le passage d'un cirque - avec son inoubliable spectacle et sa conteuse, qu'il écoute chaque nuit, au coin d'un feu de camp. Pendant les vacances d'été, il est recruté par un éleveur de hérissons, qui fabrique toutes sortes de brosses et de pinceaux, à partir de leurs piquants. Il comprend peu à peu que les animaux en cage ne sont pas forcément heureux, et il partage leur souffrance au point d'en libérer un, la nuit, en secret. Mais un jour, la vie de Till Brindille bascule : pendant une récréation, il oublie sa force et frappe si fort l'un de ses petits camarades que celui-ci s'envole, et se tue en atterrissant. Till Brindille prend la fuite sans réfléchir et, après avoir traversé seul une campagne inconnue, entre dans une grande ville. Commence un long voyage d'initiation, semé d'aventures et d'embûches. Jusqu'au jour où il apprend une vérité qui le bouleverse : alors qu'il se croyait unique, il s'avère qu'il appartient au peuple des gens de bois, originaires d'une île lointaine. Et ces gens, avant même leur naissance, sont vendus comme esclaves dans le monde entier : leurs oeufs font l'objet d'un véritable trafic. Il tente alors de se rendre sur cette île pour retrouver ses véritables parents et libérer son peuple du trafic d'esclaves...
Dès les premières pages de Till Brindille, on pense très vite à Pinocchio. Un pantin de bois doué de vie, élevé dans la droiture par un couple modeste. Beaucoup plus qu'une simple marionnette, pas tout à fait un humain. À travers cette fable philosophique, on a évidemment là l'émouvante métaphore de l'enfance, avec les passages obligés par des erreurs, des épreuves pour devenir " grand ". Le héros grandit d'abord dans un foyer, qu'un événement fondateur l'oblige à quitter. Il découvre alors le vaste monde, la générosité des uns, la méchanceté des autres, jusqu'à l'accomplissement de son destin final.
Ici, cette trame classique est merveilleusement enrichie, dans tous les sens du terme. Le monde de Till Brindille déborde d'invention, de poésie et d'imagination (on pense à Tim Burton mais aussi à Jean-Pierre Jeunet dans La Cité des enfants perdus), tour à tour drôle et émouvant, parfois inquiétant, toujours captivant. On n'est pas loin de Peter Pan ou encore d'Alice au pays des merveilles. Entre sagesse et dérision. Entre gravité et merveilleux. Une leçon de vie et de bonheur.
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