"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Plume est une Ombre, une jeune acrobate qui sillonne les rues d'AnÓcour et vole pour survivre.
Estéblan est un écuyer de la confrérie des Chevaliers du Vent. Il accompagne la délégation qui sera reçue au palais et doit nouer des relations avec le nouveau roi qui s'est emparé du pouvoir sans être adoubé par la confrérie.
Quand la délégation est assassinée, Estéblan décide de venger ses compagnons. Mais il croise Plume. Plume qui le dissuade d'intervenir... dans l'immédiat.
Dix ans après, c’est toujours aussi difficile de se faire à l’idée que Pierre Bottero n’enchantera plus nos vies de nouveaux récits, de nouvelles aventures, de nouveaux rêves. J’ai un petit pincement au cœur à chaque fois que j’y pense, un petit vide à l’âme à chaque fois que cette triste réalité traverse mon esprit. Alors, quand Rageot a annoncé la sortie prochaine de ce bref récit, paru en 2005 dans Je Bouquine, l’heure était à la joie … bien que subsiste toujours cette petite étincelle de regrets : maintenant, c’est véritablement fini. Maintenant, il ne me reste plus qu’à prendre mon courage à deux mains pour me procurer – enfin – les quelques ouvrages de Pierre Bottero que je n’ai pas encore, puis d’oser les lire, en sachant qu’après cela, je ne « découvrirai » plus jamais une histoire Botteresque. Je ne sais pas combien de temps il me faudra pour passer ce cap, mais il faudra bien le franchir un jour. En revanche, je n’ai pas pu résister bien longtemps avant de me plonger dans ce petit livre …
Plume et Estéban ont tous les deux 13 ans, mais tout les sépare : Plume est une Ombre, et son quotidien est fait de petits larcins qui lui permettent de subvenir à ses besoins, tandis qu’Estéban est écuyer pour les fiers Chevaliers du Vent et leurs aigles géants. Ils n’auraient jamais dû être amenés à se rencontrer, et encore moins à se côtoyer et à devenir amis. Mais ils se sont retrouvés au même endroit au même moment : dans le palais du prince. La première pour voler quelques objets demandés par son commanditaire, le second pour accompagner la délégation de Chevaliers venus s’entretenir avec le nouveau Roi. Mais lorsque ces derniers sont sauvagement assassinés par les gardes du Roi, le jeune Estéban n’a pas d’autre choix que fuir s’il ne veut pas mourir à son tour. Et contre toutes attentes, c’est Plume qui va lui venir en aide …
On retrouve ici la plume unique et inimitable de Pierre Bottero : cette sobriété mêlée de poésie, cette simplicité pleine de magie. C’est en en disant peu qu’on en dit le plus : jamais Pierre Bottero ne s’embarrasse de longues descriptions, de longues explications. Il raconte, tout simplement, et tout fait sens, comme une évidence. Contrairement à beaucoup trop d’auteurs de fantasy, qui s’imaginent qu’il faut nécessairement expliquer en long, en large et en travers tous les menus détails qui composent l’univers, comme pour exhiber leur imagination, Pierre Bottero s’est toujours arrêté à l’essentiel : l’histoire. C’est ce que cherche le lecteur, c’est ce qui le passionne. Et c’est ce que Pierre Bottero lui offre avec Les Aigles de Vishan-Lour : un récit d’une brièveté et d’une force incroyables, un récit qui le happe du début à la fin, un récit qui le fait passer par toutes les émotions possibles et inimaginables. En l’espace d’une toute petite centaine de pages, il a su me captiver comme peu de livres savent le faire, il m’a fait oublier tous mes petits tracas et mes gros soucis, il m’a fait rêver les yeux ouverts, et ce fut un tel plaisir !
Plume est une jeune fille très attachante, qui n’est pas sans rappeler la petite Ipiu aux lecteurs familiers de l’univers de Gwendalavir : orpheline, débrouillarde, agile et déterminée, elle est la meneuse des Ombres, petite bande de gamins livrés à eux-mêmes qui n’hésitent pas à dérober quelques menus objets chez les puissants de ce monde pour subvenir à leurs besoins. Face à elle, il y a Estéban, jeune écuyer rêveur et courageux, le cœur plein de bons sentiments mais aussi de naïveté. Cette histoire, ce n’est rien de plus que la rencontre entre ces deux mondes : le jeune noble promis à un bel avenir de Chevalier du Vent, et la jeune gamine des rues obligée de voler pour se nourrir. Ils sont aussi opposés que peuvent l’être Sillage et Tempête, la chouette effraie de la fillette et l’autour des forêts de l’adolescent. Un oiseau nocturne, un oiseau diurne. Le jour et la nuit. Ils n’auraient jamais dû se rencontrer … et encore moins devenir amis. Mais cette amitié, née d’un simple regard, représente le cœur même de cette petite histoire : le reste n’est qu’accessoire. Parce qu’il faut bien un peu d’aventure. Mais l’essentiel, il est là, dans cette Amitié avec un grand A, cette amitié aussi simple qu’évidente, évidente car elle est simple, simple car elle est évidente. Il y a besoin de peu quand l’amitié est forte …
Et les aigles, dans tout cela, me demanderez-vous à juste titre, au vue du titre ? Ne vous inquiétez pas, ils sont bien présents. Ils constituent finalement la petite touche de fantasy qui manquait au récit, le petit élément qui fait toute la différence entre une simple histoire d’amitié entre deux enfants que tout oppose, et un véritable récit de l’imaginaire. Imaginez des aigles de cinq mètres, libres et fiers, qui acceptent d’être chevauchés par des Chevaliers du Vent. Mais imaginez aussi une petite chouette effraie et un autour des forêts, prêts à tout pour aider et protéger leurs compagnons humains. Imaginez, tout simplement, la confiance et le respect mutuels qui lient ces majestueux oiseaux et ces simples humains, et vous comprendrez qu’ils occupent une place discrète mais essentielle dans ce récit. Ils représentent le rêve ultime de tout enfant, celui de s’envoler, de côtoyer les étoiles et de toucher les nuages. Ils représentent la liberté la plus absolue, celle de l’imaginaire qu’aucune prison ne peut arrêter. Ils représentent l’audace, aussi, l’audace de ces deux enfants qui vont braver le danger et les gardes royaux pour aller les libérer. Une quête « simple », mais périlleuse et noble.
En bref, vous l’aurez bien compris, je ne peux qu’approuver les éditions Rageot qui parlent sur le bandeau d’une « pépite » ! Comme souvent avec les ouvrages de Pierre Bottero, je ne peux pas me contenter de parler d’un « coup de cœur », car l’expression est bien faible comparé à ce que je ressent : c’est comme rentrer chez soi après un long et éprouvant voyage, pour se lover au coin du feu en se sachant à l’abri de tout danger, c’est comme serrer dans ses bras les personnes qu’on aime en se sentant aimé. C’est comme une petite renaissance dans l’amour de la fantasy, et c’est indiscutablement un petit ouvrage que j’aurai tant aimé lire vers huit ou neuf ans, voire même un peu avant, tandis que je découvrais le monde merveilleux de la lecture. A mes yeux, ce livre constitue une véritable passerelle pour l’imaginaire, une porte vers ces univers magiques et fantastiques qui ne demandent qu’à être visités par des lecteurs aux yeux remplis d’étoiles d’émerveillement. Alors si vous avez dans votre entourage un enfant qui aime – plus ou moins – lire, mais surtout qui aime rêver, je vous l’assure, vous avez trouvé votre prochain cadeau !
http://lesmotsetaientlivres.blogspot.com/2020/03/les-aigles-de-vishan-lour-pierre-bottero.html
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