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Léon Bloy, la littérature et la bible

Couverture du livre « Léon Bloy, la littérature et la bible » de Pierre Glaudes aux éditions Belles Lettres
Résumé:

Consacré à l'oeuvre de Léon Bloy, cet ouvrage revient sur l'étrange rapport à la réalité qui fonde l'entreprise littéraire de l'écrivain et tente de le situer, lui pourtant si solitaire, par rapport à quelques grands modèles du passé et à quelques figures d'artiste de son temps. En effet, pour... Voir plus

Consacré à l'oeuvre de Léon Bloy, cet ouvrage revient sur l'étrange rapport à la réalité qui fonde l'entreprise littéraire de l'écrivain et tente de le situer, lui pourtant si solitaire, par rapport à quelques grands modèles du passé et à quelques figures d'artiste de son temps. En effet, pour ce catholique intransigeant, qui juge sévèrement les chrétiens et le clergé de son temps, tout ce qui arrive n'est jamais que la manifestation dans le sensible, la projection dans l'étendue du temps humain de la Volonté divine.
Il ne lui suffit pas de se situer aux antipodes du positivisme ambiant : contrairement aux exégètes chrétiens qui, à son époque, ont pour toute ambition de déchiffrer, beaucoup plus prudemment que lui, le sens symbolique de l'Écriture, il considère que ce mode d'interprétation, loin de devoir être limité au texte de la Bible, peut également être employé pour lire l'Histoire humaine comme un équivalent du Livre sacré.
Ainsi, pourrait-on soutenir à bon droit que toute réalité est textuelle sous le regard de Bloy. Le réel est essentiellement sémiotique pour lui, puisqu'il est, dans ses structures profondes, un langage : c'est le Verbe divin qui se fait écriture dans l'événement même le plus infime. C'est ici qu'intervient la littérature, cette « chose vitale et sainte », qui permet à un poète de « proférer par-dessus les hommes et les temps, des paroles inouïes dont il ignore la portée ». Tout le problème - et il est de taille - réside dans l'ambiguïté de ces manipulations du sens, à la faveur desquelles l'exégèse pratiquée par Bloy prend souvent l'aspect d'une énorme blague. Car Dieu y est curieusement rapproché de ce qui lui est étranger, voire antipathique : même si, dans les travestissements les plus scabreux, l'écrivain trouve la perle d'une révélation théologique, il n'est pas sans danger de tisser systématiquement des liens analogiques entre le Verbe divin manifesté dans la Bible et la syntaxe boiteuse des expériences humaines. Non seulement il lui faut accepter le « pansémiotisme » de Bloy en vertu duquel toute réalité est un signe hypertextuel dont le référent est la Bible, mais il doit aussi s'habituer à ce que le texte littéraire soit déchargé de sa fonction mimétique traditionnelle, pour devenir essentiellement réécriture.

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