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Léo Ferré, anar dans l'âme, n'a jamais appartenu aux instances qui décident des reconnaissances institutionnelles. Il est cependant l'un des plus grands poètes français du 20e siècle.
Son génie a de multiples facettes. Tout d'abord, l'interprète au répertoire apprécié et reconnu dont les chansons interpellent. Ensuite, le passeur des poètes maudits, ses compagnons de révolte. Puis, à plus de 50 ans, brisant tous les tabous, l'idole d'une jeunesse insoumise et assoiffée de liberté. Enfin, le précurseur du slam et du rap, après avoir été celui de la protest song, artiste engagé qui transforme ses spectacles en meetings.
Outre ses textes sublimes, Ferré dirige des orchestres symphoniques pour le plus grand bonheur du public. Il va rendre la poésie et la musique classique accessibles à tous, brisant le monopole des élites, bousculant les bien-pensants.
Ferré a toujours été debout, sans jamais transiger avec les pouvoirs - du showbiz, politique ou autre. Repoussant toute compromission, il a eu une immense carrière, et son oeuvre, elle, est toujours là.
En tant qu’ami et admirateur, Pascal Boniface raconte l’histoire du poète, Léo Ferré, avec un sous-titre qui le définit justement, Ni Dieu, ni maître. Ce roman graphique permet à la jeune génération de connaître cet amoureux de la musique et des mots et aux plus anciens de retrouver le ton de rage et de révolte qui caractérise son répertoire.
Pascal Boniface choisit de faire raconter l’histoire par Léo Ferré lui-même. On apprend son histoire, ses années de galère et son début de carrière à quarante-cinq ans grâce à la rencontre avec le prince Rainier ! Puis, c’est le découvreur de talent, Eddy Barclay, qui décide de le produire, alors que tout les distingue. Icône d’une jeunesse révoltée, ses spectacles ressembleront de plus en plus à des meetings.
En plus de sa vie publique, est exposée ici sa vie plus intime avec ses trois compagnes ainsi que la naissance de son fils lorsque ses cheveux devenus longs étaient immaculés. La relation de l’artiste avec sa guenon y est détaillée ainsi que les différents lieux où il a vécu.
Chaque début de chapitre reprend des vers de ses chansons. De plus, à la fin, la partition et le brouillon d’une de ses chansons la plus connue “Avec le temps” sont présentés. Et, le trait de l’illustrateur Lukino épouse parfaitement le propos comme cette magnifique couverture !…
Dans ce roman graphique, il manque toute la fougue, toute la démesure et encore plus, toute la rage que Léo Ferré exposait à son public. Est-ce ce “Je” qui perturbe ? Car, être à la fois celui qui encense et celui qui est concerné par l’hommage rend celui-ci au mieux orgueilleux et au pire, assez vantard.
De plus, aucune critique par rapport à son “art de vivre” ! On passe très vite sur les voisins ne supportant plus les dommages de la guenon que Léo Ferré chérissait. Et, difficile de comprendre cette rage solitaire qui lui faisait faire “un bras d’honneur” à toutes règles ou tout cadre proposé.
Pour fêter les 30 ans de la disparition de Léo Ferré, cette bande dessinée rend un hommage au poète, anar dans l’âme et récalcitrant à toutes instances institutionnelles, cultivant sa révolte et sa liberté, que la poésie de ses mots doublée de son sens musical témoigne. Espérons que la jeune génération puisse redécouvrir ce grand chanteur français.
Chronique illustrée ici
https://vagabondageautourdesoi.com/2023/07/13/leo-ferre-ni-dieu-ni-maitre/
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