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L'ennui, ombre de la modernité

Couverture du livre « L'ennui, ombre de la modernité » de Didier Lapeyronnie aux éditions Prairies Ordinaires
Résumé:

Les sciences sociales ont décrit la modernité et le capitalisme par la rationalité, l'individualisme ou la subjectivité triomphants, la sécularisation et la puissance de l'action, mais pratiquement jamais par l'ennui.
Chose étrange, car l'ennui est partout : à l'usine, comme l'a montré depuis... Voir plus

Les sciences sociales ont décrit la modernité et le capitalisme par la rationalité, l'individualisme ou la subjectivité triomphants, la sécularisation et la puissance de l'action, mais pratiquement jamais par l'ennui.
Chose étrange, car l'ennui est partout : à l'usine, comme l'a montré depuis longtemps la sociologie du travail ;
à l'école, c'est même l'une des caractéristiques majeures de l'expérience scolaire ; le dimanche, pendant la messe, ou encore l'après-midi, en famille, en province ; dans les banlieues, qu'il s'agisse des banlieues populaires de France ou des grandes banlieues pavillonnaires de classes moyennes. On s'ennuie aussi devant la télévision, que l'on regarde pourtant pour y échapper. Même le sexe est source d'ennui.
À la fois état d'âme et réalité politique, l'ennui procède de la formation de l'individu, de la conscience qu'il a de lui-même et de ses espoirs, de l'aspiration à être un acteur, de sa singularité et de son invalidation simultanée en raison de la mise à l'écart ou de la domination subie et de la perte de sens. Il est donc profondément lié au fonctionnement social : le pouvoir est la capacité d'imposer l'ennui en privant l'individu d'action. Inscrit dans le fonctionnement des sociétés individualistes, libérales et modernes, il en constitue une critique passive mais radicale, un refus qui porte en lui le dévoilement et la contestation des pouvoirs et des mécanismes de domination. Il met à nu le mensonge de la modernité libérale, qui n'est pas ce qu'elle prétend être : nous sommes floués, dotés de trop d'aspirations ou d'illusions, d'une individualité trop large dans un monde trop étroit, dans une société qui lui assigne un espace restreint et ne lui accorde aucune reconnaissance. Ce livre voudrait donc arracher l'ennui à l'évidence dans laquelle il est tombé, rendre à nouveau visible sa dimension protestataire : c'est à travers sa négativité que peut le mieux s'appréhender la condition moderne.

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