"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
L'histoire commence toujours apre s la fin : on le sait bien. C'est donc au lendemain que commence la pie ce : lendemain de fe te et de liesse, 13 juillet 1998, un pays ce le bre une victoire sportive comme jadis une conque te militaire, dans l'illusion d'une union qu'on pre tend sacre e. Sadwell Hall, lui, a choisi cette nuit pour disparai tre. On est le lendemain de ce myste re autour duquel s'agre gent les e nigmes, et d'abord celle-ci : qui est-il ? On sait seulement qu'il a disparu, et cela suffit pour commencer l'histoire.
Lendemain s'ouvre comme une enque te policie re, mais c'est une fausse piste c'est d'autres disparitions qui surtout ouvriront la pie ce en mille directions. Les repe res se brouillent, et ce de cor de re cit policier se re ve le biento t pour ce qu'il est : un de cor pour des figures en attente d'une histoire, des ombres pleines de nous-me mes, tout un the a tre qui se replie sur notre pre sent.
Car ce qu'on lit peu a peu, imperceptiblement, semble une traverse e du the a tre et de notre e poque, double traverse e l'un par l'autre, et l'une par l'autre de visage e. Pie ce de tous les the a tres, et the a tre qui met en pie ces l'e criture me me du the a tre, Lendemain posse de souffle romanesque et lance es lyriques dans une e paisseur qui met au de fi la sce ne de s'en emparer.
Il faudrait une nuit de the a tre, dit son auteur. On se re veillerait le lendemain, avec cette histoire traverse e joyeusement et terriblement, ces the a tres qui implosent et ces e tres qui cherchent dans la nuit a disparai tre pour renai tre. On serait apre s. On serait maintenant. Dans cette course ample a travers les deux dernie res de cennies, Joseph Danan dessine une ge ne alogie de nos secousses pre sentes, ces terreurs et ces joies qui signent notre appartenance a ces jours, ou les Coupes du Monde de football sont nos e ve nements historiques, qui scandent de sormais notre rapport au temps presque autant que des attentats : ou depuis vingt-ans, rien ne semble avoir eu lieu que cette imminence dont le texte porte la charge et accomplit.
Et dans l'e criture qui vient porter le fer aux conventions, sociales, politiques, the a trales, une manie re a la fois de s'affronter au pre sent, et un geste qui voudrait de border notre e poque par elle-me me. Puis dans ce geste, on entend ce qui sourd, est latent, tacite, un soule vement possible (et face au refus de faire « miroiter les diffe rentes facettes du cauchemar », une fac on de le de visager, de lui faire face, aussi).
« Toujours nous serons les habitants de ce lendemain / inhabitable », dit l'Auteur dans la cinquie me partie de la pie ce peut-e tre faut-il le croire, et venir peupler ce qui se le ve autour de nous a mesure que, lisant, nous faisons l'exploration de ce temps impossible qui est le no tre.
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