Chaque mois, une lectrice ou un lecteur nous livre la chronique d'un livre. Ce mois-ci, Anthony vous fait découvrir le dernier roman de Marc Dugain, L'Emprise (Gallimard).
Un favori à l'élection présidentielle, le président d'un groupe militaro-industriel, un directeur du renseignement intérieur, un syndicaliste disparu après le meurtre de sa famille, une photographe chinoise en vogue... Qu'est-ce qui peut les relier ?
Lorraine, agent des services secrets, est chargée de faire le lien. De Paris, en passant par la Bretagne et l'Irlande, pourra-t-elle y parvenir ? Rien n'est moins certain.
Neuf ans après La malédiction d'Edgar, Marc Dugain nous offre une plongée romanesque sans concession au coeur du système français où se mêlent politiques, industriels et espions.
Chaque mois, une lectrice ou un lecteur nous livre la chronique d'un livre. Ce mois-ci, Anthony vous fait découvrir le dernier roman de Marc Dugain, L'Emprise (Gallimard).
D'évidence, Philippe Launay, dont la cote de popularité ne cesse de monter, sera le favori de la prochaine élection présidentielle. D'autant qu'il bénéficie du soutien de Charles Volone, qui a réussi à fusionner la Française d'électricité et l'industrie de l'atome, et de Corti, le puissant patron du renseignement intérieur. Seul Lubiak, un jeune ambitieux du parti de Launay, pourrait être un obstacle sur la trajectoire du favori des sondages.
Mais ce petit monde est lié par l'argent, un argent parfois mal gagné. Alors le moindre grain de sable pourrait enrayer la mécanique du pouvoir. Quand il s'en présente, Corti envoie Lorraine, une enquêtrice de la DCRI, à la pêche aux infos...
Je ne suis pas un grand fan des romans de politique fiction, mais là j'ai adoré.
D'abord, l'intrigue est bien ficelé, s'inspirant plus ou moins directement de personnages réels. On ne peut s'empêcher de se rappeler que JB Lévy, nommé à la tête d'EDF par François Hollande, avait fait la connaissance du futur Président de la République au lycée et qu'il fut chargé de sauver l'industrie nucléaire après l'éviction d'Anne Lauvergeon. On connaît les liens entre Bernard Squarcini, ancien patron de la DCRI, et Nicolas Sarkozy. Enfin, un jeune ambitieux qui tente de s'imposer (et y réussira dans la vraie vie), cela ne vous rappelle personne ?
L'auteur a forcé le trait. Ses personnages sont donc, pour l'essentiel, des carricatures des hommes (tiens, il y a peu de femmes au premier rang !) de pouvoir. Ouf ! J'aurais pu avoir peur... Ils sont froids, écartent d'un revers de main les douleurs familiales et les gêneurs ; des machines électorales, prêtes à presque tout !
On sent cependant que Dugain a une tendresse particulière pour Lorraine, femme abandonnée qui redécouvre le plaisir, et pour Sternfall, le syndicaliste droit dans ses convictions, qu'on soupçonnera d'avoir tué femme et enfant.
C'est très bien écrit, simplement et sans recherche d'inutiles fioritures, mais avec une richesse de style certaine. On lit ça comme un thriller, avec beaucoup de rythme, mais ce n'en est pas vraiment un. Juste un roman de politique fiction diablement bien ficelé.
Et comme il s'agit d'une trilogie, il faut que je me prépare à lire la suite.
Chronique illustrée : http://michelgiraud.fr/2023/10/04/lemprise-de-marc-dugain-collection-folio-diablement-bien-ficele/
Lu un peu par nécessité puisque plusieurs de mes amis me le conseillaient. Maintenant c'est moi qui le conseille et j'ai hâte de lire la suite. Pour une fois Dugain s'adresse à un large public et simplifie son style pour le rendre plus percutant.
Il faut plonger dans cette trilogie de L’emprise qui, même si elle date de quatre ans pour son premier opus, est on ne peut plus actuelle. Menant son histoire, exemples à l’appui, Marc Dugain décortique ce monde politique censé gouverner un pays alors que bien d’autres forces sont à l’œuvre et sont efficaces. Le récent exemple du lobby de la chasse face au ministre de la Transition écologique est encore dans toutes les mémoires.
Rapidement, je me suis attaché à Lorraine, cette policière agent des services secrets qui élève seule son fils, Gaspard, atteint du syndrome d’Asperger, un autisme dit léger. Hélas, dans ce genre de livre, il faut accepter d’abandonner un personnage émouvant pour en découvrir d’autres comme Philippe Launay. Ce député d’une circonscription située entre Normandie et banlieue, a été élevé par sa grand-mère. Il visite son père qui collabora pendant l’Occupation, dans une résidence médicalisée. De plus, il baise avec Aurore, sa chargée de communication et prépare la prochaine élection présidentielle.
L’auteur est réaliste à propos de ce monde politique qui s’agite à intervalles réguliers : « Le rythme tertiaire du quinquennat était toujours le même : enthousiasme, déception, accoutumance ; et de cette accoutumance naissait la crainte d’un vrai changement qui, par bonheur pour les électeurs, ne s’était pas produit pendant les cinq années écoulées. » L’histoire, quant à elle, se complique rapidement avec son lot de magouilles et de compromissions. Malgré les beaux discours, c’est l’argent le moteur essentiel, un argent dont ceux qui en possèdent le plus ne sont jamais rassasiés. Côtoyer les dirigeants des grands groupes n’est pas dans mes habitudes aussi je préfère Lars Sternfall, ce syndicaliste mis au courant d’un plan bien ficelé pour financer la campagne de Launay.
Pour plonger efficacement dans L’emprise, il faut aussi connaître : Blandine Habber, dirigeante évincée, Charles Volone, autre dirigeant qui sait bien nager, Ange Corti, patron de la DGSI (Direction générale de la sécurité intérieure) et surtout Lubiak, le grand rival politique de Launay.
Au contact de ces hommes politiques qui briguent le poste le plus élevé, Marc Dugain est réaliste comme le portrait de Marquet, le conseiller en communication de Lubiak, lui en donne l’occasion : « Il n’abordait jamais idéologiquement le thème de la mondialisation, considérant que les idéologies sont à l’homme ce que la corbeille est au chien. »
Ces hommes et ces femmes aiment, se séparent, se trompent et les couples ne donnent pas une image très gratifiante, l’amour ne triomphant jamais face à la cupidité et à l’arrivisme. De plus, leurs enfants connaissent de gros problèmes.
Enfin, il y a les services secrets dont Lorraine fait partie. DGSI, DGSE et CIA interviennent régulièrement utilisant tous les moyens pour suivre, écouter, espionner les uns ou les autres. Pendant ce temps, la vie sur Terre est menacée : « Cette planète sera de toute façon ruinée par la surpopulation, une surpopulation que les pauvres encouragent parce que les enfants sont leur seule richesse, et que les riches encouragent parce que les pauvres sont leur futur marché. »
Impatient de lire le tome II, Quinquennat, je vous laisse sur cette phrase à méditer.
Chronique à retrouver sur : http://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/2019/08/marc-dugain-l-emprise.html
Premier tome d’une trilogie sur le pouvoir, ses arcanes et ses vilains secrets, « L’emprise » de Marc Dugain n’est pas forcement très facile d’accès. Il est difficile de ne pas de disperser à la lecture de ce tome 1, étant donné que l’action se fractionne entre plusieurs morceaux dont on sent bien qu’ils ont un tronc commun mais il parfois bien caché. Il y a Lorraine, qui travaille à la DCRI et a qui on confie une enquête sur un syndicaliste d’une grand groupe reliant le nucléaire et l’électricité qui a disparu après avoir tué toute se famille. Il y a ce sous-marinier, malheureux en amour et qui semble détenir un secret sur la mort d’un célèbre skipper d’une course autour du monde. Il y a Corti, chef de Lorraine à la DCRI qui semble croire qu’il peut faire et défaire les Présidents. Et enfin le plus intéressant, il y a Launay, chef de l’opposition et grand favori de la Présidentielle, qui doit manœuvrer habilement pour éviter son grand rival (un peu plus à droite que lui qui ne l’est déjà pas mal) et éviter le scandale sur sa famille et le suicide de sa fille cadette. Plus encore quelques personnages en plus, plus ou moins développés, plus ou moins influents. On ne va pas se mentir, ce sont bien les chapitres consacrés à la politique les plus incisifs, les plus passionnants à lire, ceux qui sonnent le plus vrais aussi. Tout le reste, même si ça se lit sans déplaisir, n’est pas forcément facile à décoder. Les services secrets, le transfert de technologie, la corruption et les rétro commissions, je sais que ça existe mais de là à en faire un roman clair et passionnant, il y a un pas que Marc Dugain, malgré son talent et sa plume, a bien du mal à franchir. J’irai peut-être voir du côté du tome 2 plus tard, en espérant que la politique, l’affrontement Launay/Lubiak sera davantage au cœur de l’intrigue. Ces petites réserves tant posées, je reconnais que le livre de Dugain se lit sans déplaisir, grâce à un style accessible, des chapitres courts et bien équilibrés. Et on sent aussi que son roman est très documenté, et sur un sujet comme celui-là ce n’est pas rien. On peut toujours essayer de reconnaitre dans Launay ou Lubiak tel ou tel, mais Dugain est assez malin pour ne pas faire un roman à clef trop « clef en main » !
Comme toujours avec Marc Dugain en quelques lignes l'atmopshère, le décor et les personnages sont plantés.
La connivence et les "amitiés" politiques et du monde des affaires sont le décor de cette course à l'Elysée;
Un roman qui se lit très vite on l'on plonge dans les affaires.
Philippe Launay, candidat à la présidence de la république, est grand favori dans les sondages. Il doit composer avec bien des éléments, et déjouer autant que fomenter de nombreux coups bas.
Une réelle immersion dans le monde politique. Toutes les coulisses au grand jour : intrigues, magouilles, alliances, traîtrises, arrangements félons, corruption……. Industriels et espions y occupent une large place.
Le divertissement, l’imaginaire, la fiction, les découvertes, étant mes principales motivations de lecture, j’avoue avoir eu plus d’une fois envie de refermer ce livre.
Parce que lire tout ce que l’on soupçonne dans les diffusions quotidiennes des informations, ce n’est pas forcément un moment de plaisir. En tout cas, ça confirme mon dégoût de la politique.
Si j’ai été au bout, c’est que l’écriture est affirmée et le ton juste. Ce n’est pourtant pas le genre d’expérience que je renouvellerai de sitôt.
Ce livre ne devrait pas contribuer à réconcilier les citoyens avec les hommes politiques. Tant pis pour eux mais tant mieux pour le lecteur, captivé de bout en bout par « L’emprise », ouvrage brillant et jubilatoire. A partir de faits et de situations parfaitement ancrées dans la réalité – à tel point qu’il nous semble parfois reconnaître certains protagonistes ou tout du moins ceux ou celles qui ont pu les inspirer – Marc Dugain tricote un roman de très haute volée en invitant son lecteur à la table des seigneurs (et dans les cuisines, ce qui se révèle tout aussi savoureux). A ce titre, « L’emprise » m’a rappelé « Le Capital » de Stéphane Osmont, avec néanmoins une qualité littéraire très supérieure.
Pas simple de réaliser une démonstration limpide à partir d’ingrédients aussi complexes que la politique, l’espionnage et la mondialisation. L’auteur y parvient grâce à son style sobre et efficace qui se met au service de l’histoire et surtout des personnages. Tout le monde en prend pour son grade : les conseillers, les sondeurs, les communicants, les élites, les politiques mais également vous et moi, incapables de penser par nous-mêmes.
"... à chaque échéance électorale, chacun savait par d'autres pour qui il allait voter, avant même de l'avoir décidé, devenant ainsi le spectateur de lui-même, ce qui contribuait significativement à un sentiment diffus d'impuissance."
Avec des discours qui sonnent plus vrai que vrai et une plume trempée dans le vitriol. Ce qui frappe d’emblée, c’est le manque d’illusion des protagonistes ; chez la plupart, le cynisme domine, les intérêts personnels dictent les choix. Philippe Launay, a priori plus modéré que ses concurrents se révèle aussi englué que les autres. Et terriblement seul (la scène où il prend conscience du vide qui l’attend une fois son but atteint est vraiment terrifiante et révélatrice des motifs de ceux qui s'accrochent au pouvoir). La solitude, voilà l’autre trait qui les rassemble, les politiques, les dirigeants de grands groupes, et bien sûr, les membres du renseignement. Entourage de façade pour ces pions qui se croient importants alors qu’ils ne sont que des marionnettes aux mains de ceux qui, tour à tour, tirent les ficelles. Seule Lorraine, l’agent de la DCRI, peut-être parce que l’adolescent « différent » dont elle est la mère lui maintient les pieds sur terre, semble consciente d’évoluer dans un environnement bien éloigné du monde réel et décidée à s’en préserver.
Bravo M. Dugain, il fallait oser. Quant à moi, je me réjouis déjà à la perspective de la suite annoncée à cette fresque passionnante et addictive.
Certains films mentionnent, des fois que…, toute ressemblance avec des personnages existants… Dans ce livre, c’est tout le contraire, rien de fortuit à mon avis, mais tous pourris. Tous jouent au jeu de « je te tiens par la barbichette », pas de sourire à la fin, mais la mort physique ou politique programmée. Chacun a connaissance des casseroles de l’autre.
Au fil des pages, même l’homme, soi-disant, intègre, ou, peut-être le moins pourri, Philippe Launay, s’avère devoir naviguer à vue et perdre, petit-à-petit, l’once de liberté qu’il pensait avoir. Comme a dit Voltaire : « Mon Dieu, gardez-moi de mes amis. Quant à mes ennemis, je m'en charge !"
Marc Dugain démontre comment une information, en enquête, petit à petit devient connue de tout le monde par des chemins détournés et ou des interlocuteurs divers. Chacun y ajoutant, bien sûr, une petite nouveauté de derrière les fagots.
L’affairisme mène au pouvoir ou le pouvoir mène à l’affairisme, c’est selon votre base de départ. Le tout est de savoir nager en eau trouble et de mener sa barque sans s’occuper du bateau (l’Etat) qui sombre, d’autant qu’il est question d’un porte-containeur.
L’écriture de Marc Dugain, toujours aussi belle et précise dans ce thriller politique très véridique. J’ai pu, hélas, le découvrir au petit niveau de notre canton.
La construction donne un sacré rythme à ce roman très visuel qui devrait se transformer en une série télévisée.
Un livre, efficace, que j’ai dévoré.
http://zazymut.over-blog.com/2015/08/marc-dugain-l-emprise.html
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