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« Comme tu viens de l'écrire dans ton poème, le portrait que je fais de Rodolphe dans mon Vertumne n'est pas beau. Soyons franc : il est grotesque, je dirais même qu'il est laid. N'est-ce pas ? - Il est à la fois beau et laid, Giuseppe. C'est son côté grotesque, justement, qui en fait la beauté. » Giuseppe Arcimboldo n'ignorait pas l'ambiguïté de son oeuvre. Il savait que ses tableaux pouvaient déranger autant que fasciner. Pourquoi a-t-il peint Rodolphe II de Habsbourg en dieu-jardinier ? Ce tableau est-il un hommage à l'empereur du Saint Empire ou une façon de se moquer de lui ? Pourquoi tous ses portraits sont-ils des têtes composées de fruits et de légumes ? Autant de questions qui jalonnent ce récit qui nous entraine dans les pas du peintre italien exilé à la cour de Prague, au service de l'empereur fantasque qui s'est entouré de tout un cercle de devins, de mages, d'astrologues et d'alchimistes.
Qui ne connaît pas Giuseppe Arcimboldo ? Connu pour ses tableaux plus fantasques les uns que les autres, fascinants comme dérangeants.. Dans "L'empereur des alchimistes selon Arcimboldo", Alain Le Ninèze part du célèbre portrait "Vertumne" en fruits et légumes de Rodolphe II, pour nous faire découvrir cet empereur du Saint Empire Roman Germanique, féru d'alchimie et de son célèbre peintre Arcimboldo entre Prague et Milan.
Ecrit à la première personne, ce récit met en lumière l'un des plus célèbres peintres, longtemps oublié et remisé au placard, Giuseppe Arcimboldo et ses deux amis, Gregorio Comanini et Giovanni Lomazzo. La création du célèbre tableau de Rodolphe II est le fil rouge du récit, entrecoupé de la vie d'Arcimboldo à Prague quand il était au service de l'empereur, et de son retour à Milan pour créer le fameux tableau "Vertumne".
Outre la création de ce portrait, Alain Le Ninèze plonge le lecteur à travers un récit romanesque et historique, dans les passions d'un empereur obnibulé par l'alchimie et l'astrologie. On se laisse vite happer par le récit, par le personnage d'Arcimboldo, par sa vie, sa vision du monde, ses sources d'inspirations et ses méthodes de travail.
Une fois de plus, les ateliers Henry Dougier publie un formidable voyage au coeur de la Renaissance avec un récit complètement captivant, des reproductions d'une grande qualité et des regards croisés en fin d'ouvrage pour nous éclairer encore plus sur Giuseppe Arcimboldo.
Une belle idée d'exercice d'écriture ou comment laisser son esprit vagabonder dans les méandres de la création d'oeuvres saisissantes.
Cela faisait longtemps que j'avais envie de me plonger dans un ouvrage de la collection des Ateliers Henry Dougier, « le roman d'un chef d'oeuvre » qui explore de de façon romanesque la genèse d'une oeuvre picturale emblématique d'un peintre.
Sa peinture pour son époque était irrévérencieuse, onirique, et pouvait être vue comme provocatrice, car le tableau dont il s'agit figure quand même l'empereur des Habsbourg, Rodolphe II. Ce dernier, comme on l'apprend dans l'ouvrage, est versé dans les arts obscurs, entouré d'alchimistes et d'astrologies, possédant un cabinet de curiosités, ne pouvait il est vrai qu'être séduit par cette interprétation onirique de sa personne. Il en remerciera d'ailleurs le peintre en le faisant comte palatin.
A travers ce récit on explore ainsi la vie du peintre, mais aussi l'origine de ses créations influencées par ces entassements baroques des cabinets de curiosités de l'époque mais aussi les métamorphoses d'Ovide. Ces éléments sont passés assez rapidement dans l'ouvrage mais donnent une piste de réflexion.
On suit en fait le cheminement de l'oeuvre dans l'esprit du peintre ainsi que sa vie, élément qui m'a peut être encore plus emportée car en fait il est longuement question de Prague où le peintre vivait avec l'empereur qui avait fui Vienne jugée trop guindée pour Prague plus adaptée à son penchant pour le mystère. (mais le tableau ne sera réalisé qu'à Milan à la fin de sa vie alors qu'il aura déjà quitté Prague)
C'est ainsi un plaisir de se replonger à Prague de façon inattendue et de percer le secret du Golem. L'histoire de ce un monstre fantastique qui se baladait dans les rues et obéissait au rabbin nous paraissait un peu obscure quand on était sur les lieux,. Nous n'étions pas sûrs d'avoir bien saisi l'histoire de ce Frankenstein trahi par son créateur, qui se prête si bien à l'ambiance de la ville lorsque la brume la recouvre.
Une seule petite déception, les descriptions un peu froides de l'auteur qui donnent parfois un récit factuel et informatif, ce qui est le cas au vu de la bibliographie indicative en fin d'ouvrage et des références intéressantes qui sont données.
Dans tous les cas l'ouvrage nous propose un récit sur la genèse de l'oeuvre d'Arcimboldo assez plaisante avec ses créations extraordinaires écrasant d'un coup de pinceau le réalisme et pourtant qui représentent avec justesse leur sujet.
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