"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
«Mon premier voyage après l'accident me ramena au lieu même où il s'était produit. Sous la coupole, dans la lumière des champignons, les débris de chair de mon maître mettaient leurs taches sombres sur l'or roux de la chevelure de la tête coupée. L'expression de celle-ci n'avait pas changé. Les yeux clos, les lèvres enfin calmées esquissaient un sourire de paix totale.»
Pendant la seconde guerre mondiale, le 27e bataillon de chasseurs pyrénéens occupe depuis deux mois le petit village lorrain de Vanesse. Le caporal Pierre Saint-Menoux, prof de maths dans le civil, se trouve responsable des dix-sept conducteurs de la compagnie de mitrailleurs, des chevaux et des voitures, sans oublier la popote et toute l’intendance. Il a l’ordre de lever le camp, ce qui ne se réalise pas sans peine avec les hommes peu motivés qu’il a sous ses ordres comme le chiffonnier Crédent ou le tourneur Pilastre. En chemin, il s’arrête dans la maison de Noël Essaillon, un infirme et savant physicien avec qui il a déjà dialogué autrefois. Celui-ci a fait une découverte extraordinaire qu’il a appelée « noëlite » permettant de voyager dans le temps et se prenant sous forme de cachet. Il en donne deux à Pierre, ce qui devrait lui permettre de voyager aussi bien dans le passé que dans le futur. Il se propose de lui donner rendez-vous à Paris à la fin de la guerre…
« Le voyageur imprudent » est un roman de science-fiction tournant autour du thème assez rebattu du voyage dans le temps. L’originalité de l’intrigue repose sur la possibilité d’aller et venir dans les deux sens. Pierre est d’abord intéressé par le futur. Il veut comprendre comment arriver à améliorer la condition des hommes. Peu à peu, il s’éloigne de plus en plus du présent, jusqu’à atteindre l’an 100 000 dans lequel il découvre un monde totalement différent du nôtre. Il n’y a plus d’électricité, plus la moindre machine, tout est à nouveau fabriqué à la main. L’homme s’est évertué à aplanir les montagnes, à éradiquer toutes les plantes inutiles, tous les insectes prédateurs et tous les animaux gênants. Lui-même est dépourvu d’organe sexuel et même d’anus. La perpétuation de l’espèce a quelque chose à voir avec les pratiques de la mante religieuse et de la reine des abeilles. À un moment donné de leur vie, les mâles sont attirés par une énorme femelle pourvue de nombreuses vulves qui les absorbent entièrement pour pouvoir engendrer. Livre divertissant, pourvu d’un certain humour et qui fait réfléchir sur la condition humaine surtout quand tout se gâte avec un retour raté vers le passé qui donne une fin à la fois surprenante et paradoxale. L’auteur s’en explique dans une postface dans laquelle il met en parallèle « être ou ne pas être » et « être et ne pas être ». Le lecteur nage un peu dans l’étrange et l’invraisemblable. Mais la fantaisie, le rêve et la poésie n’ont rien à faire du rationalisme et du cartésianisme. Un bon Barjavel.
Pas aime du tout ! On oscille du tres classique au farfelu complet. Clairement pas le meilleur Barjavel !
lien vers ma chronique: http://www.lesmiscellaneesdepapier.com/le-voyageur-imprudent-rene-barjavel.html
extrait: je pense que c’est peut-être la première œuvre de science-fiction de ce type que j’ai lu. J’ai été déboussolée et je reste perplexe. Les questions philosophiques concernant la nouvelle humanité ou bien le paradoxe du grand-père et les débats éthiques m’ont fascinée et procurée beaucoup de plaisir, car beaucoup de questionnements. Mais je suis tellement sceptique sur la possibilité du sujet principal qu’est le voyage dans le temps que je n’ai pas su apprécier à leurs justes valeurs, je pense, les descriptions et finalement tout ce qui est de la science-fiction.
Quand j’étais petite, je me souviens avoir vu à la TV un téléfilm français sur un type qui voyage dans le temps dans un scaphandre vert, téléfilm qui m’avait fasciné. J’ai mis très longtemps à retrouver les références littéraires de cette histoire, c’est un roman de science fiction de René Barjavel appelé « Le voyageur imprudent ». Moi qui suit très peu science fiction et encore moins science-fiction « old school », j’ai quand même voulu lire ce livre assez court. Saint-Menoux est un mathématicien enrôlé dans l’armée en 1940. Pendant la débâcle, il échoue (pas vraiment par hasard) chez un physicien handicapé qui lui explique qu’il a mis au point une substance, la Noëlite, qui permet de faire voyager dans le temps toutes les choses dont elle est enduite. Grace à une combinaison toute imprégnée, Saint-Menoux commence à faire des bonds dans l’avenir et dans le passé, des petits bonds au début, puis des plus grands, puis des immenses. Il explore la Terre 100000 ans plus loin que son époque et ce qu’il y voit ne lui plait guère… Il explore aussi les siècles précédents mais plus par appât du gain et mégalomanie que par intérêt scientifique, l’idée obsessionnelle de changer le cours de l’histoire le titille. Mais c’est une idée extrêmement dangereuse qui l’amènera à commettre l’irréparable. Il faut s’habituer au style de Barjavel, surtout quand on est comme moi habituée aux récits modernes. Et le début de l’intrigue est un peu laborieux. Même si on ne décroche pas, on se fait violence car on sent que les bonds dans le temps vont s’enhardir. Toute la partie centrale, où la voyageur décrit l’avenir de l’humanité est très étrange et met assez mal à l’aise : un Darwinisme poussé à l’absurde à façonné un monde sans affect, sans paysages, hiérarchisé comme un organisme vivant, un monde sans aucun intérêt à vrai dire ! C’est dans sa dernière partie que « Le voyageur imprudent » devient pertinent : le voyageur cède à l’appât du gain et profite de ses voyages dans le temps pour détrousser ses ancêtres. Mais les bouleversements qu’il provoque, loin e l’affoler, le fascine. Son dernier projet, le plus fou, le plus insensé, le plus mégalo, le mènera à une fin pleine d’ironie, à la fois morale et presque métaphysique, qui vous laisse dans un abîme de perplexité. Un roman intéressant sur les voyages dans le temps, plus proche d’HG Wells que de « Retour vers le futur », encore que…
Un des meilleurs livres que j ai lu de ma vie
Loin d'être mon roman de Barjavel que je préfère, il est tout de même un joli livre sur le thème du voyage dans le temps (un thème que j'adore !)
Une autre façon de traiter le voyage à travers le temps... c'est un livre qui nous fait agréablement voyagé, même si ça n'est pas le roman de Barjavel que j'ai le plus aimé.
A lire tout de même!
J'ai du m'arracher quelques cheveux avec la fin, mais ça en vaut la peine! L'histoire m'a attrapée en vol sans que je m'en aperçoive, c'était merveilleux! Je ne me suis tout de même pas réconciliée avec cette fichue fin (je déteste les fins éternelles si vous voyez ce que je veux dire). Pour ceux qui ont lu ce roman, ils comprendront ce qui me chiffonne (enfin j'espère), je n'ai pas envie d'en dire plus sinon je vais me mettre à tout raconter (ce qui serait fort déplaisant pour les autres "lecteurs").
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