"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Le Temps est à l'orage est le premier volet d'une série consacrée à Joan Hossepount, 50 ans, ex-tireur d'élite et, en contrepoint deux autres «personnages», essentiels à son parcours : son chat dit Petit Chat, apparemment immortel, et une ville, Aurinvia.
Joan veille à l'entretien des lacs, un site géologique d'exception. Il joue et chante aussi de temps à autre dans un bar de la ville, pour dénoncer en dialecte les crimes et bassesses qui secouent la cité. A ce troubadour moderne, on prête également (à son désarroi) le don de parler avec les morts. Mais personne ne connaît sa principale activité, celle d'être un quasi mercenaire au service de la Nature.
Une enquête qui en filigrane combine l'interrogation sur la violence faite à la nature dans un monde instable et inquiétant.
Le Temps est à l'orage est difficile à résumer... un bon signe. Il est impossible à classer, encore mieux. Et difficile à cerner. Son narrateur est fascinant, mystérieux. Je serais tentée de qualifier de ténébreux, ce Prince d'Aquitaine, volontairement exilé comme tireur d'élite dans des guerres africaines, puis réenraciné dans les terres familiales, étranges, de lacs, de dunes, de forêts, de vagues, de mythes et de montagnes fantomatiques. Guerrier troubadour, luthier, chantant une langue qui n'appartient qu'à lui mais que tous comprennent, il nous confie à demi-mots la mission dont il a hérité. Gardien des Lacs d'Aurinvia officiellement, il est en secret le bras vengeur de la Nature.
« Le temps est à l'orage » est un roman qui se ressent plus qu'il ne se comprend.
Entre forêt et océan, dans une atmosphère très particulière, Jérôme Lafargue emporte le lecteur en territoire inconnu, vers une expérience littéraire inédite puisque ce livre n'est pas réductible à un genre particulier. Roman noir? fable écologique? Nature writing? Sans doute un peu des trois.
Joan Hossepount, ancien tireur d'élite, travaille à l'entretien des lacs d'Aurinvia. Un site géologique d'exception que l'on imagine situé quelque part vers les Landes ou la Gironde. Il mène une vie plutôt retirée avec un chat pour compagnon et un libraire pour ami. Occasionnellement il chante dans un bar de la ville. Un original en quelques sorte. Certains villageois le croient même capable de parler avec les morts... Ce qu'ils ne savent pas c'est que comme son aïeul avant lui, il a été choisi par la nature pour la venger des hommes.
C'est un texte déroutant, à la lisière du fantastique, entretenant la confusion entre réel et imaginaire, dans un esprit qui m'a parfois donné à penser au chamanisme des indiens d'Amérique.
L'écriture est précise, raffinée, délicate et cette histoire de justicier écologiste, humaniste, s'immisce en vous avec la force des éléments.
Une lecture en dehors des sentiers battus, particulièrement vivifiante comme les embruns de l'Atlantique ou l'odeur des pins.
Je ne m'attendais à rien de particulier, j'avoue que je n'avais jamais croisé le nom de Jérôme Lafargue pourtant déjà auteur de quatre romans. Je suis donc entrée dans cette lecture l'esprit totalement vierge, mais l’œil amadoué par cette belle photo de couverture et ses promesses de nature et de grands paysages. "Mon chat est immortel", l'incipit donne le ton. Il n'y a plus qu'à s'installer confortablement et à se laisser couler dans l'histoire que déroule l'auteur à la manière des troubadours d'antan. Une histoire d'hommes, de nature, de gardiens. De forces qui nous dépassent.
Plonger dans Le temps est à l'orage c'est s'abandonner à croire. Aux signes, au fait que l'homme n'est qu'une créature parmi d'autres sur terre et pas forcément la plus forte. C'est l'apprentissage de toute une vie que nous raconte Joan Hossepount, l'actuel gardien des Lacs d'Aurinvia, un espace naturel protégé au cœur de la forêt des Landes, près de l'océan. Il y a trente ans, le jeune homme s'est installé dans la maison de son grand-père, après quelques épisodes dramatiques : la mort de son meilleur ami alors qu'ils étaient tous les deux engagés sur les terrains de guerre en tant que militaires, le décès de sa jeune épouse alors que leur fille Laoline avait à peine un an. En lisant les carnets de Guilhem, son aïeul, retrouvés dans la maison, Joan comprend qu'il n'est peut-être pas là par hasard et que sa mission dépasse largement le cadre de son contrat de travail. Pour satisfaire son véritable employeur, il va devoir apprendre à en décoder les signes...
Plonger dans Le temps est à l'orage c'est s'abandonner au plaisir des sens. Celui qui donne l'impression d'appartenir à un tout, de faire corps avec les éléments. Celui qui invite à étreindre un hêtre pourpre et à sentir sa force traverser son corps. A contempler l'orage, sa violence comme une danse, ses éclairs comme des mots. A écouter les histoires se transmettre en chansons au son des instruments façonnés avec amour et respect. C'est respirer l'odeur de la terre fraîchement retournée et se jurer de la préserver, envers et contre tout.
Plonger dans Le temps est à l'orage c'est faire face aux questions qui nous hantent, sentir la violence du monde et se voir offrir une parenthèse merveilleuse, comme une invitation à regarder et à réfléchir.
J'ai adoré la balade. Je me suis complètement laissé happer par la force du conteur habile à créer un univers presque intemporel et pourtant si habité. Expérience assez inédite. Captivante. Joie de découvrir qu'il y aura une suite et que l'histoire de Joan ne fait que commencer. Hâte.
(chronique publiée sur mon blog : motspourmots.fr)
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