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Ce roman à cinq voix se passe dans la Russie totalitaire des années 1960, dans la ville de Leningrad encore marquée par le terrible siège de 900 jours qu'elle a subi pendant la guerre. Les voix appartiennent toutes à des femmes. Sofia, une petite fille muette de 7 ans, dessine à longueur de journée le monde qui l'entoure. Sa mère Antonina est ouvrière dans une usine. Trois vieilles femmes, Evdokia, Glikeria et Ariadna, accueillent Sofia et Antonina dans leur appartement communautaire. Elles jouent le rôle de grands-mères pour Sofia, à laquelle elles transmettent les valeurs de la Russie. Le roman raconte la vie ordinaire de ces femmes dans la ville de Leningrad ' les files d'attente pour la nourriture, la cuisson des pommes de terre, les lessives interminables, tout en convoquant également la poésie populaire et le merveilleux (les trois bonnes fées, la princesse endormie...). Dans Le Temps des femmes, les hommes sont quasiment absents ; dans ce récit à cinq voix, Elena Tchijova rend hommage à la femme russe, celle qui, à travers les vicissitudes de l'Histoire, travaille, lutte pour nourrir sa famille, et transmet les valeurs et l'héritage du passé aux générations suivantes, dans une résistance silencieuse à l'oppression.
Elles sont cinq à vivre ensemble, par la force des choses, dans un appartement communautaire de Leningrad, trois vieilles, une mère et sa petite fille. Les trois vieilles, Evdokia, Glikeria et Ariadna s'occupent de Suzanna pendant qu'Antonina est à l'usine. En échange, Antonina fait le linge, le ménage, les repas, le bain. secrètement, elles l'ont fait baptisée et l'appellent Sofia. Elles font corps pour protéger la petite fille, l'élever du mieux qu'elles peuvent, lui raconter la Russie d'avant les bolchéviks, les anciennes légendes, les contes de fée. Sofia ne dit rien, elle est muette même si les médecins affirment qu'elle pourrait parler. Sofia est enfermée dans son silence est ne communique qu'à travers ses dessins. Mais les grand-mères sont inquiètes : Sofia va sur ses 7 ans, bientôt elle devra entrer à l'école. Le Comité des femmes est formel, quel genre de mère confine son enfant dans un appartement alors qu'elle pourrait profiter des bienfaits du jardin d'enfants ? Antonina a peur, elle a caché à tout le monde que l'enfant ne parlait pas. S'Ils savaient, ils la prendraient, la mettraient dans une institution., la traiteraient comme une handicapée.
Un roman doux-amer qui raconte les difficiles conditions de vie dans la Russie soviétique des années 60. Bien que le pouvoir soit entre les mains du peuple depuis plus de 40 ans, on attend toujours les lendemains qui chantent. Alors il faut subir...la pauvreté, les files d'attente, les listes d'attente, le pouvoir du collectif sur l'individu. Dans cette société suspicieuse, le moindre faux pas est repéré et rapporté, la liberté n'est plus de mise. Pour Antonina, la vie est dure, elle qui est fille-mère...Heureusement, le comité des femmes veille. Si elle était en Amérique, elle serait à la rue. Mais l'union soviétique ne rejette aucun de ses enfants et Antonina recevra toute l'aide nécessaire, à condition qu'elle sache se tenir. Surveillée, conseillée, harcelée même, Antonina n'a qu'un but : protéger sa fille qui ne parle pas mais qui comprend tout. Les vieilles lui ont appris à lire, à écrire, et même à comprendre le français. Malgré son mutisme, Suzanna est très éveillée. Bercée par les récits de ses grand-mères, elle met dans ses dessins tout ce qu'elle entend dans le petit appartement communautaire : le temps des tsars, la révolution, la guerre, le blocus, les morts, les légendes, les fées.
Mêlant réalité sordide et imaginaire, les voix de Glikeria, Ariadna, Evdokia, Antonina et Suzanna se conjuguent pour raconter l'âpre quotidien de ces femmes russes qui ont survécu à toutes les horreurs et qui se serrent les coudes face aux absurdités du monde. Le témoignage pudique d'un temps où les sentiments étaient mis à mal mais dont les germes ont su subsister.
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