Le roman débute par la découverte du cadavre d'une petite fille par un pêcheur: "La dernière nasse était particulièrement lourde et il cala son pied sur le plat-bord pour la dégager sans se déséquilibrer. Lentement il la sentit céder et il espérait ne pas l’avoir esquintée. Il jeta un coup d’œil...
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Le roman débute par la découverte du cadavre d'une petite fille par un pêcheur: "La dernière nasse était particulièrement lourde et il cala son pied sur le plat-bord pour la dégager sans se déséquilibrer. Lentement il la sentit céder et il espérait ne pas l’avoir esquintée. Il jeta un coup d’œil par-dessus bord mais ce qu’il vit n’était pas le casier. C’était une main blanche qui fendit la surface agitée de l’eau et sembla montrer le ciel l’espace d’un instant.
Son premier réflexe fut de lâcher la corde et de laisser cette chose disparaître dans les profondeurs (...)" Mais très vite, les enquêteurs découvrent que Sara, 7 ans, a de l'eau savonneuse dans ses poumons, ce qui signifie qu'elle a été tuée avant d'être jetée à l'eau. Mais qui peut être assez pervers pour assassiner une gamine de sept ans ?? Il se trouve que Charlotte, la mère de la petite fille, est la meilleure amie d'Erica, impliquant celle-ci, d'une manière ou d'une autre, à certains aspects de l'enquête.
Alors qu'Erica vient de mettre leur fille au monde, Patrick va devoir mener l'enquête sur cette sordide affaire de meurtre d'enfant sans son aide car la jeune femme éprouve beaucoup de difficultés à assumer sa nouvelle maternité: les tétées, les pleurs de Maja, les absences de Patrick pris par son enquête. Heureusement, la vie tumultueuse d'Agnès, femme froide et sans scrupule, de son mariage forcé avec Anders, un modeste tailleur de pierre incapable de lui offrir la vie luxueuse à laquelle elle est habituée depuis sa naissance, en passant par son exil en Amérique, jusqu'à son retour en Suède, donne du relief au roman. Avec en fil rouge la question qui revient titiller le lecteur: quel peut bien être le rapport entre cette histoire et l'enquête...Tout s'éclairera quand l'intrigue atteindra son paroxysme, c'est-à-dire presque à la fin, of course !!
Quelques réserves que m'inspire ce récit: comme dans le précédent roman, des pistes qui semblaient intéressantes sont très vite refermées par l'auteur sans les exploiter. Je conçois son intention d'égarer le lecteur mais ce procédé doit être, à mon avis, utiliser avec beaucoup de parcimonie afin de ne pas créer une impression d'éparpillement qui serait nuisible, au final, à la cohésion de l'histoire.Je m'étonne également de ne jamais voir Erica ni lire, ni écrire, alors qu'elle est sensée rédiger des biographies d'auteurs; aucune allusion littéraire ne vient émailler le texte.
Cela dit, Le Tailleur de Pierre est un très bon roman qui se lit d'une traite avec beaucoup de plaisir. Camilla Lackberg est tellement douée à décortiquer la famille afin d'en étudier l'amertume, la rancœur, les non-dits qui, peu à peu, empoisonnent la vie de ses membres. Il est difficile de ne pas se laisser entraîner dans l'enquête menée par Patrick et ses collègues, de ne pas leur emboîter le pas. Le lecteur participe à leur travail commun, aux discussions, aux recherches d'indices, s'interroge avec eux sur les tenants et les aboutissants de cette affaire bien complexe.