"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
En se rendant au musée de l'Orangerie, voici que, devant Les Nymphéas de Monet, l'auteur est pris d'une crise d'angoisse. Contre toute attente, les Grands Panneaux déclenchent chez lui un vrai malaise. Sans doute l'art doit-il autant à l'artiste qu'au «regardeur» - mais encore ? Redevenant pour l'occasion le détective Bmore,Grégoire Bouillier décide d'en avoir le coeur net. Les Nymphéas de Monet cacheraient-ils un sombre secret ? Monet y aurait-il enterré quelque chose ou même quelqu'un ? Et pourquoi des nymphéas, d'abord ? Pourquoi Monet peignit-il les fleurs de son jardin jusqu'à l'obsession - au bas mot quatre cents fois pendant trente ans ? Obsession pour obsession, commence alors une folle enquête qui, entre botanique, vie amoureuse de Monet et inconscient de l'oeuvre, mènera Bmore de l'Orangerie à Giverny en passant par le Japon et même par Auschwitz-Birkenau, pour tenter d'élucider son «syndrome de l'Orangerie». Lequel concerne plus de monde qu'on l'imagine. Lequel dit qu'entre l'oeil qui voit et la chose qui est vue, il y a un mystère qui n'est pas seulement celui de la peinture.
J’ai aimé cette nouvelle enquête, cette fois-ci sur un chef d’œuvre de la peinture : les Nymphéas de Claude Monet, excusez du peu.
J’ai retrouvé avec plaisir la Bmore & Investigation, même si Penny est moins présente.
J’ai aimé les différentes hypothèses du détective : les Grands Panneaux, ce sont les millions de morts de la Première Guerre Mondiale (p.49) ; ce sont les 9 millions de morts + celle de son fils.
Du temps de Monet, les nymphéas inspiraient méfiance et effroi, fleurs naissant dans la vase et dont l’une des propriété médicale est semblable au bromure.
J’ai adoré que le narrateur s’aide du dernier James Bond (p.153), du professeur Tournesol et de sa véritable identité (p.230), Edgar Poe dont Monet était un grand lecteur (p.303), des œuvres du peintre Hodler (p.352), du film Blow-up (un peu partout dans le texte), de l’Écume des jours de Boris Vian (p.404).
J’ai aimé son humour, répétant à l’envie de les nazis n’ont jamais disparus.
Mais j’ai aussi aimé sa leçon de peinture. Ainsi déclare-t-il que « chaque tableau se trouve coupé de sa propre finalité car il n’est que l’élément d’un processus qui le dépasse. (…) N’est que la mélancolie d’une Unité perdue. (p.307) »
Monet qui s’émancipe de 4 siècles de perspective linéaire donnant l’illusion de la profondeur (p.326).
Bref, Claude Monet invente une nouvelle façon de peindre au-delà de l’impressionnisme.
J’ai aimé que la notion d’écart, de distance avec la réalité tende tout le roman : « Monet disait peindre l’espace qui le séparait de l’arbre et non l’arbre lui-même » (p.237).
Un bémol : le détour par la zone d’intérêt des camps de concentration juste au milieu du livre qui m’a paru un peu factice.
Je ne vous dévoilerait bien sûr pas le fin mot de cette recherche sur les Grands Panneaux et pourquoi ils provoquent un sentiment de malaise chez le narrateur. Je vous laisse le plaisir de découvrir cette enquête.
L’image que je retiendrai :
Celle des deux salles du musée de l’Orangerie dont la forme a été voulue par le peintre, et qui dessinent une paire de lunettes, entre autre.
https://www.alexmotamots.fr/le-syndrome-de-lorangerie-gregoire-bouillier/
Le narrateur, Bmore, derrière lequel se cache l’auteur, mène une enquête plutôt décousue, parfois saugrenue et qui nous perd souvent dans ses méandres pagailleux. Pourquoi tout ce fatras alors qu’on est là pour savoir quel est ce syndrome de l ’Orangerie qui a saisi l’auteur devant l’œuvre monumentale de Monet, les grands panneaux des nymphéas exposées dans la salle de l’Orangerie (donc, rien à voir avec un jardin planté d’orangers !).
J’avoue que ces digressions dont la logique m’a échappé souvent m’ont agacée. Heureusement, il y a Monet. Peu à peu, on remonte le fils de sa vie, les femmes qu’il a aimées et particulièrement Camille, morte jeune d’un cancer. Et puis, il y a la date à laquelle les nymphéas ont été peintes, celle de 1914 lorsque commence la grande guerre avec ces millions de morts. Alors, faut-il voir derrière ces fleurs d’eau dormante la mort ? Car il ne faut pas se leurrer. Derrière les couleurs tendres, les reflets de lumière sur l’eau du bassin, la délicatesse des nymphéas se cache un sombre secret. Mais lequel ?
Grégoire Bouillier creuse son hypothèse, il étend les nymphéas et Monet sur son divan et cherche, cherche…
Alors oui, l’idée est originale, brillante et tout ce qu’on veut, mais pourquoi tant de détours, de circonvolutions, de détails inutiles ? Ce que j’avais envie de connaitre, c’est la vie de Monet, ses failles, ses douleurs, ses regrets et l’histoire, aussi, qui est tragique à cette époque. Il y a l’amitié avec Clemenceau, mais aussi la pauvreté des débuts, la mort de Camille et sa liaison avec Alice, la femme son ami Ernest Hoschedé. Et oui il y a Giverny et sa passion horticole pour en faire un jardin merveilleux avec ses deux bassins de nymphéas.
Grégoire Bouillier se faufile dans cette histoire complexe, nous livre ses soupçons, échafaude des hypothèses parfois bien entortillées, un vrai embrouillamini dans lequel vient se nicher des souvenirs d’enfance, le professeur Tournesol et Rackam le Rouge et d’autres digressions que j’ai perdues en chemin
C’est une conversation à trois, une conversation privée explique Grégoire Bouillier, et de nous assener :
« Si on ne le comprend pas, si on n’accepte pas que nymphéa est un mot valise qui contient un monde immense, des trésors sans nom, alors tant pis, by by les amis, je ne retiens personne. »
Alors quoi ? Je fais ma valise et je ferme le livre ?
Non, j’ai poursuivi ma lecture, contournant les écueils, autrement dit sautant quelques pages qui m’ont paru indigestes. Et j’ai bien fait d’aller jusqu’au bout. Car les dernières pages donnent la clé de l’énigme, enfin apprend-t-on ce qui a pu conduire à ce malaise de Grégoire Bouillier face aux nymphéas.
Pour vraiment pénétrer ce récit singulier, il faut entrer en communion avec l’auteur, accepter cette déconstruction de l’œuvre, et là, oui, c’est intéressant. Mais j’avoue avoir eu beaucoup de mal à m’immerger dans ce gros bouquin qui m’a laissée dubitative.
Les livres-enquêtes de Grégoire Bouillier disent autant de lui que de son sujet. C’est d’autant plus flagrant lorsque, comme ici, il est question de rencontre artistique, autrement dit de la confrontation de deux inconscients, celui du « regardeur » et celui de l’oeuvre. Plus que jamais se dévoilent sous l’humour de l’auteur ses propres obsessions face à la vie et à la mort, alors qu'explorant la biographie de Monet, il se lance tous azimuts dans une auscultation très personnelle de sa peinture.
Troublé que, contrairement à tant d’autres visiteurs, le terme « morbide » soit le premier qui lui vienne à l’esprit devant l’ensemble mural des Nymphéas de Monet au musée de l’Orangerie, l’auteur s’interroge. Ne s’agit-il que de son humeur, où se cacherait-il dans le bassin des nymphéas quelque triste motif lui renvoyant en miroir ses propres dispositions ? Convoquant aussitôt son alter ego le détective Bmore, déjà à l’oeuvre dans Le coeur ne cède pas, voilà notre homme qui, faisant fi des protestations de Penny, l’assistante fictive qui, non sans cocasserie, lui sert dans cette histoire de Jiminy Cricket, s’immerge dans une nouvelle enquête de son cru.
Divaguant comme à son habitude – quoique de manière un peu plus contrôlée, son éditeur, plaisante-t-il, l’ayant enjoint à moins de bavardage délibéré – de digressions en associations d’idées reflétées avec humour par l’imbrication de ses phrases et de ses parenthèses, il enchevêtre les fils narratifs, explore les hypothèses les plus diverses, même farfelues, enfin fouille son sujet à la lumière de ses obsessions sans craindre de se perdre ou de se contredire parfois. « Je fais partie du livre », écrit-il, et il se met en scène dans ce récit qui est en même temps un voyage, un cheminement personnel et un questionnement aussi scrupuleux que subjectif. Ainsi, à la biographie de Monet, aux fantômes de la guerre, du fils aîné et de l’irremplaçable Camille, enfin aux affres du peintre perdant la vue, se mêlent des souvenirs personnels de l’auteur, le malaise persistant ramené d’une visite à Auschwitz-Birkenau, et tant d’autres expériences susceptibles d’avoir plus ou moins maille à partir avec ses sombres projections artistiques. D’une prétendue psychanalyse des tableaux de Monet à celle de l’écrivain, il n’y a qu’un pas…
Brillant, drôle, d’une dextérité formelle illustrant à merveille le propos, ce dernier ouvrage de Grégoire Bouillier s’avère ainsi au final, au travers du miroir aux reflets changeants tendu par le bassin des nymphéas de Monet, une formidable et fort originale entreprise d’introspection, en même temps qu’un hommage extrêmement personnel – au risque de parfois distancer le lecteur ? – à Monet, à sa peinture et à l’art en général.
« Ce qu’il faudrait, c’est accéder à sa propre voyance. C’est dépasser la légende qui se trouve sous le tableau comme la légende qui l’auréole au-dessus. Histoire de se doter d’un regard à soi, d’un regard neuf, d’un regard d’abord muet. » Mission parfaitement accomplie !
Une lecture certes digressive des Nymphéas de Monet, mais qui se tient.
Comme j’adore les Nymphéas, aussi béatement et aussi primitivement qu’il est possible de le faire, je n’ai pu que m’attaquer à la lecture de cet écrivain pris d’une crise d’angoisse lorsqu’il s’en est approché. Je me suis demandée comment on pouvait être angoissé par une oeuvre qui au tout premier regard ne révèle autre chose qu’une étendue de quiétude. Question idiote puisque l’intelligence de Grégoire Bouillier avait décelé ce petit quelque chose qu’on ne voit pas au premier coup d’oeil.
En deux mots, je l’ai suivi, j’ai fini par le comprendre, et ceci même si ses écrits me paraissent toujours encore difficiles à aborder, dans leur profondeurs du moins.
Bouillier a ce que j’appelle une écriture savante, sa tête est en permanence en effervescence, en permanence en bataille entre des contradictions qu’il voit là où moi j’en étais restée à la part visible de l’objet ou du ressenti. Cet écrivain est assurément une ‘’mine’’ de savoir mais, en ce qui me concerne, j’ai l’impression que je marche sur un champ de ‘’mines’’ lorsque je lis ses oeuvres. Aucune de mes trois lectures n’a été facile à aborder, mais aucune ne m’a déçue. Partout je l’ai suivi, souvent j’ai ramé, parfois je me suis perdue dans les longueurs descriptives ou justificatives ; mais quel auteur !
Revenons à l’Orangerie, ce lieu où l’art prend toute sa dimension. Grégoire Bouillier y a fait une authentique crise d’angoisse lorsqu’il s’est approché des Grands Panneaux fleuris. Et comme on sait que l’artiste cherche presque toujours à nous réveiller, nous secouer, voire nous déranger, on comprend vite que Bouillier a ‘’réceptionné’' en plein coeur la flèche lancée par Monet. Et si flèche il y a, c’est qu’il y a un trésor à défendre, à moins que ce ne soit un mystère à trouver.
Bille en tête, le détective Bmore part en quête du Graal ou du moins du secret qui pourrait se cacher derrière ces Panneaux.
Si Monet a peint plus de quatre cents fois les fleurs de son jardin, c’est qu’il doit s’y trouver un symbole, une cachette, un secret. C’est là que nous les lecteurs, allons suivre une enquête qui côtoiera les obsessions, la vie amoureuse mais aussi une part de l’inconscient du peintre. Nous voyagerons de Givenchy, au Japon, en passant par Auschwitz-Brikenau. Bmore le détective ne laisse rien au hasard. Il creuse ; nous réfléchissons avec lui. Il cherche ; nous découvrons avec lui. Il s’est amplement documenté sur le sujet et cela se sent.
Le plus énigmatique mais aussi le plus valeureux dans ce livre, c’est que l’auteur nous fait réfléchir à ce que notre oeil voit, à ce qu’il reçoit, à ce qu’il réceptionne dans ses neurones et à ce qu’il en fait. Ce thème est une réussite totale à mes yeux. C’est là que Grégoire Bouillier fait preuve de supériorité artistique lui aussi, comme son maître Claude Monet. Enfin c’est moi qui fait ce raccourci et il n’engage que moi. Disons que la formule est adaptée à la lecture que fait l’auteur du chef d’oeuvre que sont les Nymphéas de Monet.
Que voyons nous en regardant une peinture ou même toute autre oeuvre d’art ? Voyons nous ce que le peintre a dessiné ? Voyons nous ce qu’il voulait suggérer ? Ou voyons nous tout autre chose, à savoir ce qui est blotti au fond de notre inconscient ? Où est la limite de l’interprétation ? Où commence et où fini la lecture d’une oeuvre d’art ? Qui le saura jamais ? Pas moi en tout cas. Pour ma part ce livre confirme ce que je cherche parfois à m’expliquer lorsque je suis dans un musée ou tout autre endroit exposant des oeuvres : ai-je compris l’artiste ? Car, pour ma part, j’aime comprendre ce qu’il a à me dire, à suggérer, ou à révéler sur notre monde comme sur notre psychisme.
Quoiqu’il en soit de mes tergiversations, Bouillier on l’aime ou on le rejète. Je ne pense pas que l’on puisse rester indifférent. Seul conseil, il faut trouver le fil qui nous mène jusqu'au cerveau de Bouillier, sinon sa lecture est inutile. Alors on déniche sa tendresse, sa malice, son envie de nous plaire et de nous faire plaisir. Il fait tout pour partager ses émotions avec nous. La description de l’enquête en est une des preuves. Il partage tout avec nous, la réalité comme les divagations.
Citations :
« Ainsi Monet contrôla-t-il de A jusqu’à Z toute la chaine de sa production artistique, sans rien laisser au hasard, rien devoir à personne. (…). Un tel fantasme de toute-puissance doit porter un nom. Un tel désir de créer son propre univers et de régner dessus comme un roi en son royaume, comme Dieu créateur de toutes choses, cela a quelque chose de de beau et de fou. De forcené et de délirant. De totalitaire. Cela traduit un fantasme de contrôle absolu. Une volonté d’inventer sa vie et l’art ballant avec. D’être libre tout seul, absolument tout seul. »
« Il existe une base réelle et sérieuse à ce que j'appelle « l’invention de mon faits divers ». Tant pis pour les psys et pour tous ceux qui prétendent toujours que je n
Parfois, ça ne le fait pas…
On commence un livre avec enthousiasme, portée par les avis enflammés de ses amis lecteurs, et on se réjouit par avance de découvrir enfin la plume de cet auteur qui met des étoiles dans leurs yeux.
On tourne les pages, on aime le ton, mais contre toute attente, on s’ennuie… Alors on persévère, en se disant qu’il faut en lire plus pour mieux cerner l’univers de l’auteur, on s’accroche et on y revient. Mais arrive un moment où il faut se rendre à l’évidence : vous ne rejoindrez pas le fan club de Grégoire Bouillier.
L’histoire, tant en ont parlé que je n’y reviendrai pas. Je préfère tenter d’expliquer mon ressenti. Ce n’est cependant pas facile car objectivement ce roman est très bon. J’ai aimé l’écriture, ample, détaillée et plus encore le ton, teinté d’ironie et bourré d’humour. J’ai aimé être interpelée, apostrophée par l’auteur, ce qui crée une proximité, une connivence sympathique. J’ai adoré aussi ses digressions savoureuses et caustiques, et plus encore les propos entre parenthèses, toujours plus délicieux.
Et alors, me direz-vous, c’est déjà pas si mal ? Et bien non, parce que j’ai quand même trouvé cela très long, trop long. Non, parce qu’en dépit de ces belles qualités, j’ai mis des jours à en venir à bout, me forçant presque chaque soir à reprendre ma lecture. Peut-être est-ce le fait du sujet, car je goute peu au genre de la biographie et que je ne suis pas particulièrement portée par Monet. Peut-être parce qu’il m’a manqué un peu de romanesque. Peut-être parce que cet auteur n’est pas pour moi, tout simplement. J’en suis un peu déçue mais je ne regrette pas cette incursion dans l’univers de Bmore. Je saurai désormais de quoi il retourne quand je verrai les regards s’éclairer à son évocation.
Je sais que mon avis va faire débat, mais je suis curieuse de vos retours. Et vous, team Bouillet ou vous êtes aussi passé à côté ?
Je suis impatiente de vous lire
Enquêter sur une œuvre d’art comme une enquête policière, Grégoire Bouillier à l’idée de faire travailler son détective de fiction Bmore de Bmore & Investigations sur Les Nymphéas de l’Orangerie. En fait, le malaise, qu’il a ressenti en venant visiter les deux salles où les « Grandes Décorations, comme disait Claude Monet, sont exposées est le point de départ de son questionnement.
Seulement, sa chère Penny, secrétaire, mais aussi alter ego pour résoudre les enquêtes, refuse de passer son temps sur l’analyse d’une angoisse et un cadavre soi-disant caché dans des tableaux, fussent-ils aussi célèbres que ceux de l’Orangerie. Alors, Bmore, esseulé, se débrouille seul…
Après avoir recensé, ou essayer de recenser, les millions de morts célébrés comme une sépulture dans les tableaux de L’Orangerie, Bmore cherche à établir un lien entre les « water lilis » découvertes lors de son séjour à Londres et Les Nymphéas de l’Orangerie.
Et ainsi se poursuit l’enquête de la réalité du double de Grégoire Bouillier, de ses ressentis, du hasard de ses pérégrinations, de digressions en digressions, confrontées à sa connaissance de l’œuvre et de l’artiste.
Seulement le génie de Grégoire Bouillier est d’impliquer le lecteur dans son monologue. Car Bmore explique, réfléchit, élabore avec lui et réagit comme s’il nous expliquait de vive voix, sans la froide distance de l’écrit.
Livre hors norme
C’est une expérience de lecture assez inédite pour moi mais particulièrement passionnante. Le syndrome de l’Orangerie n’est pas une biographie. À aucun moment, Grégoire Bouillier raconte la vie de Monet et pourtant il rapporte de multiples détails sur sa personnalité (bourreau de travail, grincheux, irrémédiablement insatisfait), sur ses événements marquants (les décès qui ont jalonné sa vie) , ses rencontres et ses lectures (700 livres dans sa bibliothèque), etc.
Ce n’est pas non plus un essai en histoire de l’art. Malgré tout, Grégoire Bouillier situe l’apport de l’artiste par son art de la série comme précurseur d’un Warhol avec le pop art et de l’abstraction, avec les liens faits avec Pollock, par exemple. Ce n’est pas non plus une biographie de Grégoire Bouillier, même s’il confie, à plusieurs reprises, des événements très personnels.
Grégoire Bouillier raconte « l’imagination de la réalité », lorsque sur un sujet, l’esprit se met à divaguer, à assembler, à faire des liens ou au contraire à opposer, convoquant Freud, le hasard ou le chat de la voisine pour sauter du coq à l’âne mais surtout pour parler des Nymphéas et du malaise qu’ils ont provoqués. C’est ainsi le fameux zoom de Bmore, ou son esprit qui fait vroum, vroum. Mais, l’enquête est bouclée, le cadavre retrouvé !
Le Syndrome de l’Orangerie est inclassable mais le lecteur est placé au cœur d’un vrai ouvrage de littérature, étonnant, particulièrement attachant et enthousiasmant, vivifiant pour la réflexion. Ce travail a aussi un ton, une ironie, une dérision poussée à l’extrême de lui-même, avec des passages assez hilarants de paradoxes, documenté sans être verbeux ni condescendant.
Bref, un excellent moment de lecture !
Chronique illustrée ici
https://vagabondageautourdesoi.com/2024/09/04/gregoire-bouillier-le-syndrome/
Se lancer pour la première fois dans un roman de Grégoire Bouillier, c’est s’assurer des heures de lecture : j’ai envie de tout découvrir de ce que cet auteur a écrit avant Le syndrome de l’Orangerie. Je suis tombée sous le charme de cette écriture, de ses digressions, et de sa manière d’apostropher le lecteur, tellement naturelle que je me suis surprise à répondre à voix haute…au livre !
Ce roman, je ne vais pas vous le résumer ici, d’une part parce qu’il fait 426 pages, et de deux, parce que je passerai par définition à côté de tous les détails qui font le charme de ce texte.
C’est l’histoire d’une enquête sur la génèse des Nymphéas de Claude Monet. Un texte qui allie littérature et peinture, et qui parle aussi de Tryphon Tournesol dans le Trésor de Rackham le Rouge, d’Edgar Allan Poe et de ses romans, et de la visite des vestiges du camp d’Auschwitz-Birkenau, et de bien d’autres choses encore…
C’est un roman drôle, très drôle, instructif, et j’ai éprouvé une immense sympathie pour le personnage principal.
Ne passez pas à côté de ce roman. Vous en ressortirez grandi, et heureux d’en apprendre autant sur l’amour de Claude Monet pour son épouse Camille Doncieux.
Un gros coup de cœur de cette rentrée, de la vraie bonne littérature !
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