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Dans Le Storyboard de Wim Wenders, Stéphane Lemardelé revient ainsi sur l' expérience vécue pour ce film, depuis le script, les repérages et prises de vue nécessaires à la confection du storyboard jusqu'au tournage des scènes sur lesquelles il a travaillé. C'est aussi l'occasion pour lui d'expliquer le rôle d'un storyboarder dans la réalisation d'un film. Occasion également de mettre en avant le lien entre le septième et le neuvième art qui se trouvent, ici, intimement liés.
Ensuite et surtout, Stéphane Lemardelé met en images ses échanges avec Wim Wenders : le réalisateur allemand revient à la fois sur son parcours - depuis ses débuts et périodes de vache maigres à Paris, où il a développé sa passion pour le cinéma, jusqu'à ses réalisations les plus récentes - mais aussi sur la démarche créatrice qui l'a guidé pour chacun de ses films.
Le Storyboard de Wim Wenders nous permet non seulement de comprendre le cheminement d'un réalisateur d'exception mais également de découvrir son approche théorique du cinéma et de l'image.
Stéphane Lemardelé est un storyboarder pour le cinéma qui souhaitait depuis longtemps se lancer en BD. Il avait déjà « storyboardé » « Le château de mon père » et effectué un reportage dessiné sur le monde paysan au Québec mais « Le Storyboard de Wim Wenders » est sa première bande dessinée véritable parue tout récemment à La boîte à Bulles.
Il l’a réalisée quand il a été convié par Wim Wenders à effectuer le découpage des scènes d’ouverture de son film « Every thing will be fine ». Scènes difficiles par la thématique d’abord (un écrivain qui tue accidentellement un enfant) et par les conditions de tournage ensuite : dans le grand nord canadien,) en 3D avec un enfant et donc l’impossibilité de tourner plus de trois heures par jour. Lemardelé avait déjà souhaité « documenter le cinéma par le dessin depuis longtemps » et en avait fait la demande à un célèbre réalisateur et producteur français aux cheveux en pétard mais celui-ci lui avait opposé une fin de non-recevoir. Quand il a soumis la même requête à Wim Wenders, celui -ci a été, au contraire, enchanté par l’idée et a accepté avec enthousiasme. Nous lisons donc une BD doublement documentaire : sur le métier de storyboarder et ses enjeux d’abord ; mais nous assistons également aux échanges du réalisateur allemand et de l’auteur dans ce qui se révèle être une passionnante leçon de cinéma.
Tout au long de l’album, nous voyons comment le rôle du dessinateur s’avère crucial en amont du tournage. Grâce à lui le réalisateur concrétise ses idées et prépare totalement ses scènes tandis que, grâce à son travail, le chef décorateur peut anticiper les difficultés et décider ce qui sera finalement tourné en extérieur ou en intérieur ou les modifications à apporter aux décors. Mais la majorité de l’album est en fait un portrait de Wim Wenders. On ressent combien l’auteur éprouve une grande admiration envers ce dernier. Il a d’ailleurs complété les dires du cinéaste par des extraits de ses master classes et de ses essais (les références sont mentionnées en bibliographie si l’envie vous prend de les lire en intégralité) que Wim Wenders lui-même a relus et corrigé. On a donc un précieux témoignage sur la vision du cinéma du réalisateur, ses influences, son évolution et finalement une sorte de rétrospective de ses 50 ans de carrière.
Pour documenter ces deux aspects, l’auteur utilise différentes techniques qui permettent de rompre la monotonie des « talking heads ». Si de nombreux échanges se passent autour d’une table, on a également de grandes vignettes avec de superbes paysages canadiens : mais aussi différentes étapes du storyboard (les croquis de Wenders sont incrustés dans les cases, puis des photos de repérage avec des crayonnés superposés et enfin le rendu final) et enfin des reproductions de toiles de Hopper, de Vermeer ou d’Andrew Wyeth quand le metteur en scène allemand les évoque ainsi que des photogrammes issus de ses films.
Le québécois d’adoption révèle dans son récit qu’il a eu l’idée du « storyboard de Wim Wenders » après une discussion où il avait évoqué la célèbre BD reportage de Davodeau : « Les Ignorants ». Si vous aimez cet ouvrage, alors vous apprécierez cet album. Si vous aimez le cinéma il en sera de même et vous vous précipiterez sur le film (qui n’est pourtant pas le meilleur du réalisateur) en regardant les premières scènes d’un œil neuf et en prêtant attention à des détails qui vous avaient jusque là échappés. Cet album instructif sans être didactique donne l’impression d’être plus intelligent après sa lecture ! Mais l’on conçoit également que certains puissent s’ennuyer ou le trouver quelque peu hermétique.
Je remercie Babelio et la maison d’édition « La boîte à bulles » pour cette belle découverte !
Stéphane Lemardelé voulait documenter le cinéma par le dessin depuis longtemps. C’est pendant la préparation du storyboard d’un film de Wim Wenders en 2014 qu’il a décidé de se lancer.
L’idée de faire une BD documentaire est donc née pendant les échanges riches que l’auteur a eus avec Wim Wenders lui-même. Des échanges qu’il nous fait partager et qui sont effectivement passionnants : Le réalisateur parle à merveille de son métier, de sa conception du cinéma, des liens avec la peinture et l’art en général et son désir de créer…
Au-delà de ces échanges, il est tout aussi intéressant de nous faire entrer dans les coulisses de la préparation d’un film. Repérages sur place, préparation des scènes, des cadrages, mise en dessin dans le storyboard… On suit cette préparation jusqu’au tournage de la fameuse première scène du film et le premier « coupez ! » de Wenders.
Je ne suis pas un spécialiste de cinéma, loin s’en faut et j’ai particulièrement apprécié d’être mené par la main pour apprendre, comprendre et écouter… c’est terriblement agréable de refermer le livre et de se sentir plus intelligent qu’on ne l’était avant de l’ouvrir.
C’est une discussion autour de l’album « Les ignorants » qui semble avoir déclenché l’idée de ce livre… Si tu as aimé la BD d’Etienne Davodeau, tu ne pourras qu’apprécier « Le storyboard de Wim Wenders ».
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