On pourrait se demander si cette provocante question, attribuée à François Tosquelles (2004) serait encore valable de nos jours ? À n'en pas douter... elle l'est. L'actualité de ces dernières années met en lumière une sorte de besoin d'engagement auquel le « qu'est-ce que tu fous là ? » semble faire écho. Des jeunes partent dans des pays qu'ils ne connaissent pas ou peu pour défendre un idéal, disent-ils. D'autres cherchent à s'engager dans les forces armées, au point qu'un retour vers une conscription nouvelle formule n'est pas à écarter. A un autre niveau, les mouvements dits alternatifs sont à la recherche « d'un nouveau monde possible ». Depuis la fin des années 1990 et le combat contre les OGM jusqu'à l'aéroport de Notre Dames des Landes en passant par Nuit debout, ces mouvements offrent des engagements possibles qui, bien qu'en souffrance, perdurent. Comme si leurs propositions, autrement dit leurs appels, étaient en dissonance et ne correspondaient pas à certaines attentes sociales. Bref, des générations cherchent le sens d'un engagement, peut-être d'engagements factuels et éclectiques, là où précisément une quête de désengagement s'est enclenchée depuis des décennies... les syndicats, les partis politiques et même l'église sont confrontés à une pénurie d'engagement (même les abonnements téléphoniques sont sans engagements !). D'où la brûlante question de François Tosquelles dont on retrouve des traces dans les projets de formation des étudiants en travail social. Des traces sont présentes également dans les entretiens d'admission à la sélection, dans les entretiens d'embauche, avec en arrièreplan une question non dite « qu'est-ce qu'on leur veut à ces gens ? ». Qu'est-ce qu'on leur veut aujourd'hui dans le cadre de notre « ultramodernité » (Giddens, 1994) ? Que signifie aider quelqu'un ? Est-ce une vocation ? Une croyance ? Une éthique ? Une utopie ? Des formes de résilience ou de sublimation ? Ou encore une issue de secours ?
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