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Iouri Riabinkine a seize ans au début de l'invasion allemande, le 22 juin 1941, lorsqu'il entame son journal. Le siège de Léningrad commence trois mois plus tard, et Iouri note : « Oui, c'est le premier véritable bombardement de Leningrad. C'est la nuit du 8 au 9 septembre. Que cette nuit nous apportera-t-elle ? » C'est le point de départ du plus long et du plus terrible siège de l'histoire : trois millions d'habitants sont soumis au feu ennemi allemand durant neuf cents jours faisant huit cents mille victimes. Durant encore trois mois, l'adolescent évoque la ville assiégée, les bombardements, la faim, les privations et une insidieuse déshumanisation. Malgré sa brièveté, le journal de Iouri Riabinkine est saisissant et illustre le calvaire de la population durant cet interminable siège.
L'autre titre de la rentrée littéraire des Éditions des Syrtes est d'un tout autre genre que Les jours de Saveli : si ce dernier titre fut léger et facétieux, il faut être armé pour découvrir ce journal intime à l'issue funeste. Il est le témoignage d'un adolescent pendant l'invasion allemande, pendant la Seconde Guerre mondiale, qui fit de Leningrad une ville assiégée. C'est son journal intime, le seul titre de Iouri Riabinkine - Юрий Иванович Рябинкин - que nous ne lirons jamais, le jeune garçon n'a pas survécu au siège. Sarah Gruszka prépare consciencieusement son lecteur dans la préface, longue et minutieuse, en plantant le contexte historique du siège et de la publication de ce journal, qui est passé à peu de choses de tomber aux oubliettes. La concision de l'ouvrage n'a d'égal que la gravité du contenu qui donne une vue personnelle et interne de ce siège.
Le siège de Leningrad imposé aux habitants par les Allemands, pendant la Seconde Guerre mondiale, a duré près de trois ans, de septembre 1941 à janvier 1944. Il fait suite à la fameuse opération Barbarossa, le nom de code de l'invasion de l'Union Soviétique par les Allemands, en violation du pacte de non-agression signé auparavant par Hitler et Staline. Après les pays baltes, Leningrad fut l'objectif de l'unité de commandement Nord de la Wehrmacht. Enfermés dans la ville, encerclés par les troupes des agresseurs, c'est près de 3 000 000 d'habitants qu'il faut nourrir pour les plus malchanceux, évacuer pour les autres. Il y a ceux qui auront l'opportunité de prendre la route, les autres qui resteront. La famille de Iouri n'a plus de père, celui-ci ayant déserté le foyer quelques années auparavant ; il lui reste sa mère, Antonina Mikhaïlovna, et sa jeune soeur, Irina, et une tante médecin, qui vit loin. La mère est la seule à nourrir le foyer, et par temps de guerre, avec la nourriture rationnée, ce ne sont pas les familles monoparentales telles que la leur, qui s'en sortent le mieux.
Ce journal intime commence par un préambule intitulé Autobiographie, où Iouri prend le temps de se présenter ainsi que sa famille ; comme s'il pressentait que ses confidences allaient devenir son lègue au monde. Nous disposons des dates précises du calvaire de la famille Riabinkine, depuis le début du siège, juin 1941, jusqu'au 6 janvier 1942 seulement, les ultimes confessons de Iouri, alors qu'il a duré deux années de plus. Dévoiler le texte masqué C'est ainsi le premier jet d'une autobiographie qui a à peine eu le temps de prendre forme à travers les jeunes années de scolarité, d'apprenti marin, de Iouri, qui restera gravée ainsi dans le marbre. Dévoiler le texte masqué
C'est un témoignage essentiel d'un tout jeune adulte, qui n'a même pas encore commencé sa vie, mais qui est assez mature pour rendre compte d'un oeil objectif des changements autour de lui, et en lui. Si les premières pages sont emplies d'un solide optimisme, basé sur l'espoir incertain de fuir la ville à court terme, on assiste avec effroi à la rapide dégradation de la situation de la ville entourée par ses ennemis, à la lente évolution de cet optimisme presque naïvement juvénile vers un pessimisme et un fatalisme prophétiques. Car il y a un point de bascule pour Iouri, à la veille de son seizième anniversaire, ce moment où il comprend qu'il n'y aura ni retour en arrière, ni futur pour lui, en tout cas. Cela se traduit, entre autres, par la transformation du corps du garçon qui va de pair avec celle de son esprit. La faim devient omniprésente, envahissante, obsessionnelle : les rations dont la famille peut bénéficier deviennent presque le sujet principal des confidences de Iouri. Pain, chou, miel sont les seules préoccupations quotidiennes, les seules choses qui vaillent la peine d'être posées à l'écrit, car on le sait tous, dans des conditions nettement moins dramatiques, la faim décuple le goût et l'odeur de la nourriture. Le pire, c'est la cohabitation avec ceux qui bénéficient de privilèges et ne vivent pas la famine chevillée au corps : les voisins se bâfrent alors même que la famille savoure chaque miette du quignon de pain qu'on leur donne. La famine en famille n'est pas que défaillance du corps, elle est également celle de l'esprit, et fait souffrir davantage Iouri. Ils se chipent des bouts de nourriture les uns aux autres, mais le remord, le prix à payer, est infiniment plus élevé. Les ravages de la guerre se paient bien loin des fortifications, des soldats et des fusils parfois. Pourtant, les bruits des canons et des avions, ne sont pas loin, ils se font d'ailleurs de plus en plus proches, les alertes de plus en plus rapprochées. Il faut supporter la faim et le froid, il faut passer à travers ces incessants bombardements allemands qui détruisent peu à peu aussi bien Leningrad que le moral de ses habitants, sous la menace constante d'une mort brutale et imminente.
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