"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
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Protégés par la neutralité de la Suède, les Lauritzen vivent presque normalement malgré la guerre qui fait rage en Europe. Grâce au marché noir, Oscar assure le ravitaillement et le train de vie de la famille qui semble peu touchée par les privations. Lauritz, le chef de famille, a décidé de retourner sur le terrain. Ebranlé par l'effondrement du pont à voûte de Kramfos et le décès de plusieurs ouvriers, il passe désormais toute la semaine sur place pour superviser les travaux de reconstruction. Installé dans une nouvelle routine, il en viendrait presque à oublier la guerre. D'ailleurs, il évite le sujet en famille. En son for intérieur, Lauritz espère une victoire de l'Allemagne, pays qu'il aime, qu'il admire, où lui et ses frères ont fait leurs études d'ingénieur et dont sa femme et sa belle-soeur sont originaires. Mais qui partage son sentiment ? Certainement pas Ingeborg qui a renié leur fils Harald engagé dans les SS. Ni ses filles, dont l'une aide la résistance norvégienne tandis que l'autre travaille pour les services secrets. Ni ses frères convaincus de la défaite de l'Allemagne. Ni Christa, sa belle-soeur, communiste et juive, qui espère la chute d'Hitler. Mais le quotidien de Lauritz est peu bousculé par la guerre, il est plus préoccupé par Ingeborg qui semble s'éloigner de lui et par Britta, sa charmante logeuse à Kramfos, une jeune femme gironde qui pourrait bien faire flancher le pieux et fidèle père de famille.
Quatrième tome de la saga familiale de Jan Guillou qui continue à explorer les grands bouleversements du XXè siècle à travers le prisme d'une fratrie de fils de pêcheur norvégiens devenus de grands bourgeois en Suède et en Allemagne. Cet opus explore la deuxième guerre mondiale par le regard (peu éclairé) de Lauritz, le frère aîné. Un homme honnête, droit, croyant mais tolérant, germanophile convaincu. Lauritz n'aime pas la guerre, mais il n'aime pas non plus les français, les anglais, les bolcheviques et reste convaincu qu'une fois la guerre terminée et la grandeur de l'Allemagne rétablie, l'Europe pourra profiter de la paix et de la sécurité. Bien sûr, il est conscient de la folie d'Hitler et n'est pas du tout attiré par le nazisme mais il ne peut croire aux rumeurs qui circulent sur le sort réservé aux juifs ou aux opposants. Ou il préfère poser ''les yeux ailleurs''...
C'est toujours le même plaisir de lecture de retrouver l'écriture de Jan Guillou et la famille Lauritzen. On suit ici surtout Lauritz et on l'accompagne dans la lente chute de ses convictions les plus intimes, une sorte de descente aux enfers solitaire et inéluctable quand il ouvre les yeux sur le monde tel qu'il est. Une saga passionnante.
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