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Quarante ans après ses débuts, la nouvelle expérience libérale demeure une énigme. Le débat, circonscrit entre ses partisans et ses détracteurs qui y voient les uns et les autres la manifestation d'un retour aux sources du capitalisme, les premiers sous la forme du rétablissement providentiel de la concurrence de marché, les seconds comme une offensive pour rétablir l'exploitation de l'homme au travail, laisse en suspens sa genèse et sa nature. Jean-Luc Gréau s'efforce de retracer sa genèse, de définir sa nature et d'évaluer ses conséquences.
Il retrace en premier lieu une double prise de pouvoir par les financiers et par les juges. Les financiers, qui sont parvenus à subordonner les entreprises et les États à leurs objectifs de création de valeur.
Les juges, qui se sont arrogé un pouvoir de censurer les législateurs démocratiques. L'expérience néolibérale est ainsi celle d'une double dépossession des entreprises et des États.
Il insiste sur le fait que mondialisation et financiarisation vont de pair.
La création de valeur pour l'actionnaire se révèle à l'usage comme la raison d'être de la mondialisation, présentée frauduleusement comme la manifestation d'une concurrence plus pure.
L'auteur met au jour dans un deuxième temps la révolution bancaire accomplie durant ces quarante dernières années, sous ses deux aspects, la déresponsabilisation des banques commerciales qui ont rompu avec leur devoir d'évaluation des risques liés à leurs prêts et la privatisation, non avouée, des banques centrales.
Il fait le lien entre cette expérience et l'ébranlement social et politique qui atteint, comme un boomerang, les pays les plus développés et les plus anciennement acquis à la démocratie, dont les élites ont voulu et orchestré les transformations néolibérales.
Il incrimine, en dernière analyse, le reniement de l'Occident qui est au tréfonds caché de l'expérience. L'Europe institutionnelle se construit à partir d'un déni de son Histoire depuis les débuts des Temps modernes.
L'Angleterre et les États-Unis, berceaux du capitalisme, ont rompu avec les responsabilités et les contraintes de la propriété qui avaient formé le socle de leur réussite économique.
Il appelle enfin au changement de cap requis par la sauvegarde des peuples, des États et de l'écosystème, changement qui ne se fera pas sans une rupture assumée avec les orientations néolibérales.
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