"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Contre les berges de lisbonne, l'histoire jette ses héros en vrac.
Poètes, navigateurs ou colons déchus de l'angola indépendante, ils apportent, venus de plusieurs siècles, l'image du déclin qu'ils ont vécu : celui de l'empire par deux fois brisé - en 1578 avec la domination espagnole et en 1975 avec la fin des colonies d'afrique. rien de plus furieusement baroque que cette traversée de l'histoire portugaise oú vasco de gama, luis de camoëns, ressuscités des lusiades ou d'ailleurs, se perdent, arbitrairement défigurés, dans le lisbonne d'aujourd'hui qu'ils ne reconnaissent plus.
Et luis sillonne l'histoire et la ville sans lâcher le cercueil oú pourrit le corps de son père, signe d'un présent toujours en mal de ses racines. car dans cette civilisation occidentale en pleine déchéance, on espère encore le retour des caravelles.
Je découvre Antonio Lobo Antunes avec ce roman : Le retour des caravelles...
Des caravelles pleines de rêves qui partent vers des colonies encore inconnues : Angola, Guinée-Bissau, Mozambique, entre autres... Et quelques siècles plus tard ce sont des hommes brisés qui reviendront dans un Portugal qu'ils ne connaissent plus !
L'écriture d'Antonio Lobo Antunes n'est pas facile, elle est pleine de bruit, de fureur... et d'images !
Première difficulté : Dans ce livre le passé se superpose constamment avec le présent et les personnages portent le même nom que les anciens explorateurs (Vasco de Gama, Pedro Alvares Cabral, etc.) !
C'est bien compliqué tout ça, c'est vrai !
Mais cela permet de mettre en parallèle l'ancienne splendeur du Portugal et la déchéance de ces colons qui reviennent tête basse dans un pays qui n'est plus le leur... et j'ai trouvé que, du point de vue narratif, c'est une idée de génie !
Autre complication : Si en début d'une phrase la narration commence à la troisième personne, elle peut brusquement passer au je sans prévenir !
Et pour y comprendre quelque chose, j'ai dû relire les premières pages puis revenir à la préface de Michelle Giudicelli... tout ça une bonne dizaine de fois !
Mais une fois qu'on a compris "le truc" : WAOUH ! On VIT l'histoire, on EST les personnages !
Donc même si ce livre a été une lecture difficile, je me suis complètement immergée dedans pour en ressortir toute chamboulée !
Un énorme coup de cœur !
Nous sommes dans les années qui suivent la fin, en 1975, de l’empire colonial portugais en Afrique. Comme déposés pêle-mêle par la vague du temps, les personnages historiques qui ont fait la grandeur et la fierté du Portugal, grands navigateurs, auteurs et poètes d’antan, reviennent à Lisbonne. Les y attend le destin pathétique des rapatriés coloniaux, qui ont tout perdu dans la débâcle et qui découvrent une métropole inconnue et misérable, indifférente à leur sort.
Dans un style baroque où les phrases courent sur plusieurs pages, sautant d’un narrateur à l’autre en cours de route, multipliant les allusions et les métaphores dans un jeu qui rend indispensables les annotations des traductrices pour les lecteurs non familiers des figures mythiques portugaises, l’auteur superpose allégrement la gloire passée du pays et sa piteuse décadence au lendemain d’une guerre coloniale qui a finit par faire chuter son régime dictatorial. Le contraste n’en est que plus cruel et permet à Antonio Lobo Antunes de dénoncer les manipulations politiques qui ont pu abuser tout un peuple, lui faisant croire en des chimères qui ne le menèrent qu’à une crise majeure.
Fond et forme du récit s’allient dans la volonté de l’auteur de secouer la société portugaise : au-delà de sa portée politique et historique, le texte rompt avec le schéma rédactionnel classique, et emporte le lecteur dans un délire aux apparences déstructurées et absurdes. Au début bluffée et séduite par cette audace et cette originalité, j’ai assez rapidement trouvé ce parti-pris lassant et fatigant, prise par une impression de répétition un peu lourde et la sensation frustrante de parfois passer à côté des nombreuses références typiquement portugaises.
Cette œuvre audacieuse et engagée, sans doute un peu datée, mais à son époque d’une portée politique et sociale considérable, m’a permis de découvrir une facette essentielle de la culture et de l’histoire portugaises, en même temps qu’un grand nom de la littérature lusitanienne. Le récit, noir et désespéré, et surtout si délibérément en rupture avec les conventions littéraires habituelles, s’est néanmoins transformé pour moi en une véritable épreuve de lecture.
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