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Entre Étéocle et Polynice, le conflit surgit parce que l'un des deux frères, Étéocle, ne veut pas respecter ses engagements. Refusant de céder la cité de Thèbes à son frère au terme d'une année, il rompt son serment. Polynice, en revanche, lève une armée pour renverser l'usurpateur et reconquérir le trône de Thèbes dont Etéocle l'a évincé. Leur mère, Jocaste, essaie de réconcilier les « frères ennemis » - en vain. Euripide choisit un choeur de jeunes filles, en voyage à Delphes, qui devient à Thèbes témoin des événements cruels qui marquent la destinée des Labdacides.
Martin Crimp renoue dans cette pièce avec les origines antiques et sacrées de la tragédie. Il désarme son lecteur contemporain, sans désamorcer la lutte fratricide, en présentant une version radicalement moderne des Phéniciennes d'Euripide, portée par un choeur de douze mystérieuses jeunes filles. Il renoue ainsi avec la vocation politique de la tragédie grecque et avec sa force lyrique. Pourquoi le dieu de la Terre est un dieu de la Guerre ? Pourquoi métamorphose-t-il l'être humain en boucher ? Et quel est le sens qui se cache derrière des mots comme « gloire », « peuple » et « justice », au nom desquels on justifie de nouvelles violences ?
Une pièce d'une acuité politique vive et troublante, traitée avec la finesse et le tranchant d'une lame d'acier où, pour reprendre les mots de René Char sur Oedipe et la lignée maudite des Labdacides, "la lucidité est la blessure la plus rapprochée du soleil".
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