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«En somme, je vais parler de ceux que j'aimais», écrit Albert Camus dans une note pour Le premier homme. Le projet de ce roman auquel il travaillait au moment de sa mort était ambitieux. Il avait dit un jour que les écrivains «gardent l'espoir de retrouver les secrets d'un art universel qui, à force d'humilité et de maîtrise, ressusciterait enfin les personnages dans leur chair et dans leur durée». Il avait jeté les bases de ce qui serait le récit de l'enfance de son «premier homme». Cette rédaction initiale a un caractère autobiographique qui aurait sûrement disparu dans la version définitive du roman. Mais c'est justement ce côté autobiographique qui est précieux aujourd'hui. Après avoir lu ces pages, on voit apparaître les racines de ce qui fera la personnalité de Camus, sa sensibilité, la genèse de sa pensée, les raisons de son engagement. Pourquoi, toute sa vie, il aura voulu parler au nom de ceux à qui la parole est refusée.
un bien joli souvenir que ce livre étudié à la Fac, alors qu'il venait d'être retrouvé.. Certainement le plus accessible et biographique du grand Camus. A lire pour comprendre l'homme derrière l'écrivain.
D'Albert Camus, je connaissais que "L'étranger" étudié au collège. Je me suis aventurais vers un autre livre et celui est d'autant plus particulier, que c'est le roman inachevé de l'auteur, retrouvé dans une sacoche quand il est mort.
Dans le roman, Jacques retourne en Algérie, visiter sa mère. Il espère aussi en découvrir un peu plus sur la personnalité de son père, qui est mort à la guerre alors qu'il était un tout jeune enfant.
Grâce à la plume de l'auteur, on découvre les couleurs de ce pays marqué par la guerre et on ressent le désir, très fort, du personnage de connaître ce père dont l'absence père encore dans la maison.
Un livre inachevé, mais beau, où les sentiments et les émotions sont palpables.
Une fois n'est pas coutume, je vais commencer par parler de l'histoire de ce livre avant de le résumer. Retrouvé près d'Albert Camus le jour de sa mort accidentelle, ce livre inachevé et dont certains mots n'étaient pas lisibles (ce qui est signalé) constitue la première partie d'un travail en deux volumes permettant de comprendre les sentiments du héros Jacques, le double de Camus, envers la guerre d'Algérie. Ce n'est cependant pas ce qui transparaît dans Le premier homme qui se concentre sur l'enfance de Camus, la pauvreté de sa mère et de sa grand-mère, le rôle paternel de son instituteur et la division qui s'opère entre deux mondes qui s'opposent mais qui pourtant sont les siens: celui de sa famille et celui du lycée.
On le comprend, il y a à la fois une parenté avec Annie Ernaux et avec Edouard Louis dans ce livre sauf que jamais on ne ressent ni mépris, ni jugement. L'auteur parle avec une immense tendresse de sa famille maternelle, de ces deux femmes qui l'ont élevé, même si sa grand-mère n'hésitait pas à user du bâton. Il avoue des moments de honte mais on sent bien que c'est finalement d'avoir eu honte qui le rend honteux. Hors contexte, certaines phrases comme celles-ci pourraient choquer:
La mémoire des pauvres est déjà moins nourrie que celle des riches, elle a moins de repères dans l'espace puisqu'ils quittent rarement le lieu où ils vivent, moins de repères aussi dans le temps d'une vie uniforme et grise.
Mais pas dans ce livre-ci car Albert Camus nous parle d'une femme, sa mère, qui est analphabète et qui a de gros problème d'audition, ce qui limite considérablement les possibilités de loisir. Les moments les plus émouvants furent pour moi ceux qui tissent la relation entre l'instituteur et l'élève:
"Tu as pleuré le dernier jour, tu te souviens? Depuis ce jour, ce livre t'appartient". Et il se détourna pour cacher ses yeux soudain rougis.
D'ailleurs, sans aucune pudeur, Camus n'hésite à clamer son amour pour cet homme, figure paternelle par excellence, comme il le fait pour sa mère et dans un autre registre, pour des livres. A ce titre, le passage sur la bibliothèque est aussi émouvant:
P. et J. n'aimaient pas les compositions larges avec de grandes marges, où les auteurs et les lecteurs raffinés se complaisent, mais les pages pleines de petits caractères courant le long des lignes étroitement justifiées, remplies à ras bord de mots et de phrases, comme ces énormes plats rustiques où l'on peut manger beaucoup et longtemps...
Ecriture lumineuse sous le soleil d'Alger pour une autobiographie qui restera très malheureusement inachevée. Talentueux.
A la lecture de ce roman inachevé, Camus nous emmène, au gré de ses souvenirs, sur la route de son enfance, tout d'abord à la recherche de ce père qu'il n'a, pour ainsi dire, jamais connu (il ne le connait qu'à travers deux anecdotes qu'on lui a rapporté), de l'Algérie coloniale et de l'école avec cet enseignant (Mr, Germain) qui a sut déceler très tôt chez lui un potentiel intellectuel à développer.
Ce récit est d'une grande sincérité et il s'en dégage une humilité rare car jamais il ne se met en avant ou se lance des fleurs, il se décrit tel qu'il était, c'est-à-dire, un jeune parmi les autres, qui aimait les parties de football, qui était plutôt dynamique, vivant dans une famille pauvre où les livres étaient assez rares.
Il en ressort une énorme tendresse pour sa mère et pour les pages à jamais perdues de son enfance. On ne peut s'empêcher de s'identifier lors de certains passages du livre tant ce qu'il décrit est de l'ordre du commun des mortels pour un destin qui ne l'est point.
C'est bien dommage qu'il n'ait pas eu le temps de le terminer, ainsi ses contemporains auraient découvert une autre facette, plus intime, du philosophe de l'absurde.
Ce roman autobiographique inachevé a été publié 34 ans après la mort de l’auteur.
144 pages manuscrites ont été dactylographiées par sa femme Francine Camus, et au vu de la petite écriture « pattes de mouche », des ratures et des rajouts, il est à supposer que ce fut u travail de longue haleine. Le texte a été publié par sa fille.
Les souvenirs coulent à foison, avec une précision impressionnante et on se laisse emporter avec bonheur dans ce flot d’enfance.
On se sent proche d’Albert Camus, de ce petit garçon pauvre d’Alger, de cet adolescent qui s’ouvre à la différence, de son amour pour son père et pour son instituteur, de la quête de son père.
Et ça donne envie de se remettre à la lecture de son œuvre.
même en l'état, même inachevé, cet ouvrage est très révélateur de la pensée de camus, tout en humanité peu d'auteurs ont su décrire le monde des "gens de peu" avec autant de tendresse , de véracité, sans la moindre mièvrerie ;camus était du peuple;aucun "intellectuel" n'est arrivé à décrire ainsi le "réel" du peuple
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