"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Antoine Blondin est plus connu comme per- sonnage que comme écrivain : la légende, qu'il s'est attaché à construire lui survit depuis un quart de siècle. Survie précaire car les témoins se font rares et les lieux disparaissent - Le Bar-Baet le c Courrier de Lyon, deux hauts-lieux de la rue du Bac ont dis- paru, le Rubens de la rue Mazarine a été remplacé par une galerie de peinture. Chaque année, le Tour de France ramène ses bons mots... aussi longtemps qu'il restera des journalistes sportifs non formatés par les écoles de journalisme. Même son livre le plus connu ne lui appartient pas tout à fait : Un singe en hiver est r d'abord un fi lm, d'Audiard plus que de Verneuil.
L'ambition de ce livre est de prendre Blondin au sérieux, c'est-à-dire de montrer comment en cinq romans, deux recueils de nouvelles (j'inclus Premières et dernières nouvelles), 1 500-2 000 articles, chro- niques, mini essais, il a construit une oeuvre - mot dont il s'est toujours défi é, par trop grande modestie Mais à la diff érence de la plupart de ses confrères, Blondin n'établit pas de distinction absolue entre la fi ction (romans et nouvelles) et les écrits jour- nalistiques (écrits polémiques, articles, chroniques sportives). Si la biographie de l'auteur nous a aidés à comprendre les raisons profondes de son comporte- ment erratique puis de sa dégringolade littéraire dès la fi n des années 70, il faut d'abord appréhender Blondin dans un univers de stricte littérature (il prétend d'ail- leurs que c'était le climat du phalanstère du quai Voltaire). On ne comprendra donc le « blondinisme » - notion inventée par Nimier - qu'en explorant la construction poétiququ'il développe, doté des res- e sources stylistiques qui lui sont propres pour faire tourner le monde entre ces quatre infl exions : réa- lisme, fantaisie, nostalgie et mélancolie.
On a reproché à Blondin, et il était d'accord, de ne pas être un grand inventeur d'histoires. À y regar- der de plus près, ses personnages composent une véritable petite comédie humaine, témoignant de la société française du second demi-siècle. De même, les paysages qui défi lent dans son oeuvre mais aussi dans ses articles de L'Équipe, doivent-ils bien plus à l'imagination (paysages sentimentaux) qu'à la banale exactitude documentaire.
Viennent les « mythes personnels » que Blondin a, lui-même, très tôt défi nis sous le nom de « voca- tions » : la littérature, le sport et l'amitié. Examinons l'amitié, le grand « mythe de référence », et celui du sport... sans oublier celui qui se glisse entre les deux, un mythe, d'ailleurs lié à l'amitié, qu'il a cultivé puis délaissé ; le mythe de l'engagement/désengagement...
Politique.
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