Nos questions à Pierre Demarty pour "Le petit garçon sur la plage" (Verdier)
« C'est un petit garçon couché sur le sable de cette plage de nulle part, de n'importe où, où il n'y a rien et où il n'y a personne, où la mer n'a pas de couleur et où il n'y a pas de ciel, pas de vent, pas de bruit, pas de lumière. Le petit garçon est couché sur le ventre. Tourné légèrement de trois quarts, vers nous. » Un soir d'été, un homme, dans une salle de cinéma, est bouleversé par l'image d'un enfant abandonné sur une plage. Quelque temps plus tard, une autre image, d'un autre enfant, sur une autre plage, vient en écho raviver en lui cette émotion violente et incompréhensible.
Ces deux images, s'embrasant au contact l'une de l'autre, vont révéler les fêlures intimes de cet homme qui jusqu'alors se croyait à l'abri des soubresauts du monde et des remuements du coeur. De réminiscences en visions, sa vie vacille en silence, débordée par une lame de fond qui renverse et transfigure tout sur son passage : les certitudes, les beaux jours insouciants, l'enfance perdue, ses mystères et ses châteaux de sable, et le regard fragile, d'amour et d'effroi mêlé, que portent sur leurs fils les hommes qui sont un jour devenus des pères.
Nos questions à Pierre Demarty pour "Le petit garçon sur la plage" (Verdier)
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Ses précédents ouvrages, je ne les avais pas lus. Pierre Demarty, je ne le connaissais pas. Et puis, je l’ai entendu ou plutôt, je l’ai écouté. Je l’ai écouté parler de son deuxième roman "Le petit garçon sur la plage", je l’ai écouté débattre avec trois autres auteurs du thème "La fiction pour explorer le présent". C’était à la Fête du Livre de Merlieux, petit village de l’Aisne. L’intelligence et la pertinence de ses propos, son érudition, son humour aussi m’ont subjuguée, oui, oui, je dis bien, subjuguée. J’ai souhaité acheter son roman. Une amie me l’a offert, merci pour ce très beau cadeau. L’auteur me l’a dédicacé. Je viens de le finir.
Un jour, un homme voit au cinéma l’image mouvante d’un petit garçon abandonné sur la plage, il voit aussi cette autre image, fixe celle-ci, que tout le monde connaît désormais du petit Aylan allongé lui aussi sur une plage. Ce petit garçon-là existe ou plutôt existait car il est mort. Ces deux images, l’une réelle, l’autre de fiction, bouleversent l’homme du récit en tant que père et en tant qu’homme, lui font revivre son enfance au bord de la mer et l’enveloppent de sentiments très forts.
Pour tout dire, la crainte m’a gagnée à la lecture des premières pages. L’écriture n’était pas pour moi. De petites phrases, très courtes, hachées, répétitives, semblables et différentes à la fois, des mots simples juxtaposés, souvent les mêmes et cette expression que j’abhorre "Il y a" répétée à l’envi. "Il y a une rivière qui murmure et qui scintille. Il y a beaucoup d’arbres. Il y a des petits chemins. Il y a des grands champs de tournesols plus grands que les enfants … Il y a un grand terrain devant la maison… Il y a une terrasse… Il y a le grand silence de la campagne…" Pour moi qui cherche à l’éviter, à trouver pour la remplacer un verbe expressif, déroutant, original, ce n’était pas possible. Et puis, je ne sais comment, je me suis laissée envahir par les mots, le rythme du récit pareil au ressac de la mer, je me suis laissée submergée par cette langue particulière d’une beauté indicible.
J’ai particulièrement aimé la finesse et la poésie avec lesquelles l’auteur explique, dit, dissèque les sentiments de l’homme, du père, tout à coup révélés par l’image de ces deux petits garçons qui auraient pu être les siens. J’ai aimé ce qu’il fait de l’information, de cet imbroglio de nouvelles données ce 3 septembre 2015, jour de la découverte du petit corps d’Aylan sur une plage, qui vont de Kim Kardashian, aux quinze ans du jazz à la Villette, en passant par des conseils de régime et le taux de chômage. Dans cet inventaire à la Prévert, il nous donne à voir la vanité de notre monde.
J’ai aimé, beaucoup, beaucoup aimé ce roman d’une rare intensité, d’une universalité qui mènent à la réflexion intime et permet à chacun d’y découvrir une partie de sa vie.
Un petit garçon… un grand roman, un écrivain talentueux, un coup de foudre.
https://memo-emoi.fr
Qui a pu oublier l'image d'Aylan, ce petit garçon de 3 ans échoué sur une plage, en 2015 ? Le choc d'une réalité effroyable qui s'insère dans nos vies bien tranquilles. A-t-on osé la regarder, la détailler comme le fait Pierre Demarty dans les premières pages de son roman ? L'auteur s'y attarde, nous en décrit chaque composante, précisément, factuellement, techniquement, nous force à la scruter sans l'interpréter. Voilà. Il y a cette image fixe d'un petit garçon allongé sur une plage dont tout le monde "comprend immédiatement qu'il ne dort pas".
Un an auparavant, une autre image, animée celle-ci, d'un autre enfant abandonné sur une plage. Un enfant qui pleure, qui hurle de peur et d'incompréhension. Une image extraite d'un film, une image de fiction. L'enfant est un acteur. Il ne pleure pas "réellement". Il joue. Les pleurs, l'abandon, l'effroi, la mort qui plane, tout est "pour de faux". Après le tournage il a retrouvé ses parents et peut continuer de grandir, continuer de vivre. Il deviendra adulte, il aimera, sera aimé, connaîtra les rires, les larmes, aura des enfants. Pourtant, l'image de cet enfant qui souffre "pour de faux" vient percuter de plein fouet la conscience assoupie d'un spectateur. Quelque chose qu'il ne sait définir, qu'il ne parvient pas à circonscrire, quelque chose dans cette image, dans la vision puis le souvenir de cette image, le fragilise et fait apparaître un raz de marée d'émotions indicibles.
Ces deux images se placent sur des scènes différentes et même presque opposées : l'une fixe un réel insoutenable parce que réel et l'autre, la fictionnelle, laisse part à l'interprétation et à la mise à distance. Mais le carambolage des deux crée une fracture dans la vie de cet homme. Parce qu'il est père de deux petits garçons ? Parce qu'il apprend brutalement à ne plus détourner les yeux ? Parce que, soudain, il se rend perméable au fracas que ces deux images provoquent en lui ? Parce que, par ces enfants qui pleurent, la cruauté du monde réel vient perforer la tranquillité de son existence ? Le récit sème des indices mais ne donne pas de réponse unique, ni définitive.
L'écriture envoûtante, comme un psaume ou comme un chant funèbre, taraude, sonde les mystères d'une conscience dans une langue poétique et, paradoxalement, presque clinique à force de précision. Obstinément, inlassablement, le narrateur questionne, interroge : "Comment on fait pour éprouver ? Comment ç a marche ? Comment ça s'apprend, quand on ne sait pas ? Comment on pleure ?" Et par la grâce de cette écriture superbe, le questionnement passe de l'intime à l'universel, de la fiction au réel, du personnage au lecteur. Le texte agit comme un écorcheur : il met à vif la pulpe de nos émotions.
C'est un roman d'une beauté exigeante, qui ne se plie pas à une lecture sommaire ou superficielle. Pour moi, c'est un roman rare, d'une stimulante densité émotionnelle et interprétative. Une lecture qui m'a laissé une profonde empreinte.
Les premières pages décrivent Aylan, ce petit syrien trouvé mort noyé sur une plage turque, son corps rejeté par la mer a fait le tour du monde.
« Le petit garçon porte un T-shirt rouge, légèrement remonté sur le ventre et le dos, laissant apercevoir une bande de peau blanche, et un short bleu marine, ou noir, ou un pantalon, remonté aussi, sur les mollets petits et blancs, jusqu’aux genoux. Ses deux petits pieds sont chaussés de baskets bleues, ou noires, on ne sait pas, on ne voit pas bien, aux semelles en caoutchouc beige foncé. »
Une description à la fois détaillée et hésitante, plusieurs réitérée, comme une litanie. Comme pour mieux marteler l’ineptie de ce petit corps sur le sable.
Ce petit garçon le ramène au jour où dans un cinéma, seul, le reste de la famille est en vacances à la montagne, il est submergé par l’émotion en voyant la scène suivante : c’est le soir, un homme et une femme s’enfoncent dans l’eau, le tout petit garçon qui est resté seul sur la plage assiste à la scène et pousse des cris d’effroi. Dernière scène du film. Il reste là, dans son fauteuil, à pleurer.
«C'est un homme doux, effacé, un homme à qui la vie n’a pas fait de bruit et qui lui-même n’en a pas fait beaucoup. Il a quarante ans, un emploi, une femme, deux enfants, un appartement, des collègues, des amis, une famille, des souvenirs, des biens, des dettes, des loisirs, des vacances des soucis, des secrets, pas beaucoup, des goûts, des opinions, des projets, des doutes, des regrets, des espérances, des satisfactions, une situation, une existence. ». Un homme normal, lambda ; et homme est totalement percuté, perturbé par ces deux images qui se superposent. Il ne peut plus faire comme avant, s’enferme chez lui, arrête son travail, puis, comme une fuite et ou un besoin impérieux de retrouver son nid, il part retrouver sa femme et ses deux garçons.
Maintenant, il sait, il a perdu de ses certitudes. Ces images ont changé sa certitude du bonheur, du bien-être, elles remettent en cause son regard sur les enfants, sur la vie. Oui, ses enfants sont mortels, ne sont plus les demi-dieux qu’il imaginait. Même son image de lui a changé.. « Il aura fallu une fois, puis deux. Deux petits garçons sur la plage »
Alors, Aylan a tout ramené, le cœur s’est vrillé et il a fait ce qu’il n’avait jamais fait auparavant ; il est allé regarder ses garçons dormir au milieu des peluches.
Ce livre est un livre d’images grâce à l’écriture de Pierre Demarty. Des photos nettes, d’autres floues, de la couleur, du noir et blanc. Les photos que l’on regarde avant de débarrasser la maison du bord de mer, les images que les enfants garderont de cette journée singulière et, à tout jamais, pour moi, lorsque l’on me parlera d’un petit garçon sur la plage, le petit Eylan.
Le style de Pierre Demarty, fait d’itérations, toujours semblables, jamais pareilles, vous savez, comme le ressac, les vagues de la mer. Est-ce pour donner plus de force à ces deux destins tragiques ? Est-ce pour mieux appréhender l’indicible ? Je ne saurais le dire, mais c’est très efficace. Un livre qui ne se donne pas à la première page, il faut l’accepter, se laisser porter par les vagues des phrases de l’auteur se laisser saisir, submerger par la douleur. L’homme est à notre image, écrasé, sous le poids de tous ces hommes, femmes, enfants, noyés délibérément en Méditerranée.
Superbe
Voici une œuvre qui m'a beaucoup touchée : en lisant le titre, Un petit garçon sur la plage, je me doutais qu'il serait question de la photo du petit Aylan, l'enfant syrien retrouvé mort sur une plage de Turquie. Il est d'ailleurs terrible de se dire que ces mots « petit garçon sur une plage » plutôt que de m'évoquer des jeux de sable et des rires éveillent en moi des images de mort et de tragédie. Images avec lesquelles on vit, consciemment ou non.
Dans le roman, le narrateur est un homme qui a tout pour être heureux : une femme et deux enfants qu'il aime, un emploi, une petite vie tranquille qui semble le contenter. Il sait que le monde n'est pas rose mais il le traverse plutôt bien que mal. Un homme sachant garder ses distances par rapport à une réalité agressive et laide. Un homme pas concerné.
« C'est un homme doux, effacé, un homme à qui la vie n'a pas fait de bruit et qui lui-même n'en a pas fait beaucoup… C'est un homme doux, effacé, un homme qui n'entretient avec le monde et sa propre vie que des rapports de bon voisinage. Un homme en lisière des choses. Qui les regarde passer, le frôler, derrière un infranchissable voile d'indifférence. »
Et puis, un soir d'été, en sortant du travail, sa famille étant partie un peu avant lui en vacances, il entre, un peu désoeuvré, dans une salle de cinéma. Il ne sait pas trop bien ce qu'il va voir. Sans les siens, il est un peu perdu et se laisse guider par le hasard. Le film commence. L'histoire ne le passionne pas, il n'aime pas la science-fiction. Soudain, pourtant, une scène le saisit : un petit garçon est pris par les flots. Le narrateur sent en lui naître une émotion qu'il va avoir du mal à contenir et qui va envahir progressivement tout son être tel un raz de marée. Lui qui se croyait à l'abri, soudain, il flanche, la carapace cède, l'enveloppe se déchire, il est submergé par une émotion intense, happé.
Et il pleure.
« Il y a d'abord, et seulement, ce brusque influx de chaleur, loin à l'intérieur de lui, quelque part, un embrasement spontané de quelque chose au fond du ventre, un point, une torsion incandescente, qui peu à peu remonte la colonne de son corps comme un relent de lave chaude et bilieuse… Une liquéfaction de l'intérieur, et qui le pétrifie dans son fauteuil, les yeux rivés à l'écran qui se mettent à bourdonner, quelque chose qui appuie derrière les globes, glisse sous les os des épaules, du crâne, saisit et serre la nuque, l'immobilise en dedans, comme s'il était coulé soudain de l'intérieur dans une lourde pâte tiède de béton qui prend. »
Lui qui se croyait à l'abri du tumulte du monde se prend la vague en pleine figure, violemment, au point, au sortir de cette salle de cinéma, de n'être plus le même homme.
Et son regard sur le monde et sur les siens aura à jamais perdu l'insouciance qui était la sienne avant.
Plus tard, c'est l'image du petit Aylan qui le heurtera de plein fouet, le poussant définitivement loin de toute certitude, de toute permanence dans un monde où les enfants meurent sur les plages plutôt que d'y jouer.
« De quels fantômes, de quelles fêlures sommes-nous les hôtes ? »
Quel fardeau portons-nous chaque jour sans en être conscients, nous croyant heureux et intouchables, chanceux et invulnérables ? Et pourtant…
Pourquoi, alors que je ne savais rien de ce livre, le titre m'a-t-il portée vers la mort plutôt que vers la vie, l'été, les vacances, les pâtés de sable ? Pourquoi, lorsque l'on me dit « petit garçon sur la plage », me vient immédiatement à l'esprit une image insoutenable, un fait insupportable qui n'a a priori en rien changé ma vie, qui ne m'empêche pas de rire et d'être heureuse ?
Je crois qu'au fond la réalité est tout autre : nous nous croyons protégés par nos écrans, espèces de filtres, de remparts derrière lesquels nous découvrons, bien tranquillement croyons-nous, les horreurs du monde.
Et pourtant, il n'en est rien.
Nous sommes tous comme le narrateur porteurs ignorants d'une insupportable réalité et l'on croit pouvoir faire avec .
Mais, encore une fois, il n'en est rien.
Appuyer sur le bouton pour faire disparaître l'image ne suffit pas. La réalité s'est immiscée.
Et rien n'est plus pareil.
Il est trop tard.
« Des images on ne ressort pas, ni ceux qui les habitent, ni ceux qui les regardent. »
Un très beau texte dont l'écriture est du côté de l'obsession, du ressassement, de la répétition pour plusieurs raisons, je pense.
Peut-être parce que décrire dans les moindres détails l'inacceptable permet d'en prendre conscience, et il faut du temps pour cela.
Peut-être cela donne-t-il aussi le sentiment de pouvoir circonscrire l'impensable, « admettre » l'inadmissible, l'enfermer, le juguler, le dompter. Que sais-je ? Il est là mais comme prisonnier des mots qui l'enferment. C'est peu face à l'effroi, à la sidération qui est la nôtre mais c'est déjà ça. Les mots « couchent » la réalité. Peut-être espère-t-on la dominer ainsi...
Mais la prose de Pierre Demarty traduit aussi très justement les sentiments, les émotions qui arrivent par vagues successives, que l'on croit maîtriser mais qui finalement, à force de va-et-vient, nous emportent, nous creusent, nous rongent, comme un raz de marée.
Enfin, cette écriture de l'énumération se fait aussi le reflet d'une information qui nous arrive de partout, nous assaille sans que soit opéré aucun tri, dans un vrac insupportable qui tend à tout mettre sur le même plan.
Beaucoup de sensibilité, donc, dans ce roman qui dit toute la souffrance s'emparant d'un être et le faisant brutalement basculer vers une autre façon de voir le monde et d'être père. Poignant.
Lire au lit : http://lireaulit.blogspot.fr/
Deux images, celle d'un enfant abandonné sur la plage dans un film et celle d'un autre enfant allongé sur le sable. Ces deux images bouleversent un homme, le bouleversent plus qu'il ne l'imaginait sans doute. Elles vont alors bouleverser aussi ses pensées, et le rouvrir des fêlures qu'il n'imaginait même plus. Deux images, deux petits garçons sur la plage qui vont alors se croiser dans l'esprit de cet homme pour ne plus le quitter.
En découvrant ce livre je me suis demandée ce que pouvait cacher cette couverture jaune soleil, et ce titre Le petit garçon sur la plage. Une chose est sure, je n'avais pas imaginé ce roman.
C'est donc un homme, un seul que l'on découvre à travers ces pages. Cet homme bouleversé par des images, des images que nous avons nous aussi déjà croisés dans notre quotidien. Souvenez-vous il y a de cela quelques années, ce cliché du corps de ce petit garçon migrant découvert sur une plage de Grèce, c'est un de ses images. Tout est détaillé, le moindre détail est relevé, mais je me suis rapidement demandée pourquoi ? Pourquoi tout cela ? Pourquoi réagit-il ainsi ? Que nous réserve la suite ?
Je me suis posée de nombreuses questions durant cette lecture, sans pour autant avoir mes réponses. Le petit garçon sur la plage, c'est l'histoire donc d'un homme, qui peut être n'importe qui, qui se retrouve à repenser sa vie, ses acquis suite à ces deux images. Deux images qui ont donc un terrible impact sur lui. On suit donc cela durant moins de cent cinquante pages.
Pierre Demarty use d'un style particulier. Utilisant tantôt des phrases et paragraphes courts, et tantôt des phrases aux descriptions longues. Cela semble donner un certain rythme à la lecture, mais pour moi cela ne prend pas. Je suis restée totalement spectatrice, ne me sentant pas impliquée dans cette histoire et ne ressentant pas toutes les émotions qui bousculent notre homme. Je dois même avouer qu'heureusement que le livre était court, sinon j'aurais du m'accrocher pour le terminer...
Le petit garçon sur la plage est un livre difficile à classer dans une catégorie, une histoire et un style particuliers auxquels, je pense, il faut réussir à adhérer de suite sinon on passe à côté, comme ce fut le cas pour moi.
Le petit garçon sur la page de Pierre Demarty est disponible aux Editions Verdier.
[Mon avis initial sur la page 100 / ici page 50]
Impossible de savoir où l'auteur veut m'emmener, tout me semble confus avec cette histoire des deux petits garçons. Pourquoi réagit-il ainsi ? Que nous réserve la suite ? Les paragraphes courts essaient de donner un certain rythme à la lecture qui a du mal à prendre. Je suis très indécise et espère que cette deuxième moitié sera efficace.
L'avis de la page 50:
C'est un livre qui demande des pré-requis pour être apprécié dans toute sa valeur:
pré-requis de société pour la référence de la photo de ce petit migrant mort sur une plage(Aylan)
pré-requis cinématographique pour la description du film Under the skin
Sinon je crois qu'on passe à côté.
Il faut rentrer dans le style particulier qui passe de descriptions de quelques mots à des descriptions de plusieurs dizaines de lignes.
De phrases très simples à des phrases très complexes dans la construction mais pas dans la compréhension heureusement.
Ca me plaît assez pour l'instant, car on ressent l'émotion du narrateur.
CHRONIQUE LES EXPLORATEURS:
Un homme quarantenaire est bouleversé par deux images qui se ressemblent et qui représentent un petit garçon sur une plage. Pourquoi l’évocation de cet enfant seul sur la plage a-t-elle une telle répercussion sur cet homme devenu adulte, que fait-il de ses images et que font-elles de lui?
L’auteur aborde avec subtilité la prise de conscience d’être devenu adulte avec la perte d’insouciance, la transmission de parents à enfants, la séparation temporaire ou définitive, le « faire son deuil ».
Je pensais tout d’abord que les images évoquées demandaient des pré-requis pour une bonne compréhension du livre, il n’en est rien. Et l’auteur a choisi de ne pas donner leurs références, de ne pas donner leurs identités. Le lecteur averti reconnaît cependant, dans la première le corps d’Aylan le petit Syrien échoué sur une plage, image dont on a beaucoup parlé ces dernières années, et dans la seconde, une scène du film d’anticipation “Under the skin” de Jonathan Glazer avec Scarlett Johansson. Par chance, j’ai suivi l’actualité et j’ai vu le film, ce qui me permet de rester attentive au récit.
Je pense que l’auteur a choisi de ne pas donner plus d’informations sur ces images car l’important ce n’est pas ce qu’on voit mais ce que ces images renvoient à l’homme qui les regarde, et par extension ce qu’elles nous renvoient à nous lecteur et être humain, qui embrasse la question de la condition humaine.
Car le petit garçon sur la photo, ou dans la description du film ce n’est pas uniquement à Aylan et aux personnages d’un film qu’il fait référence mais aussi à l’enfant qu’a été cet homme, et devenu père, l’enfant qu’il a eu .
Il porte en lui le sentiment d’abandon depuis l’enfance, ravivé par la séparation temporaire d’avec ses enfants le temps des vacances, ce sentiment comme l’ébauche d’une séparation définitive celle de la mort des parents à la fin du livre. N’a-t-on pas conscience dès notre plus jeune âge qu’un jour on perdra nos parents, de notre condition d’humain rappelée à chaque séparation.
Et la lectrice que je suis y voit, par extension, l’enfant qu’elle a été et l’enfant qu’elle a eu. Cette introspection d’un homme arrivé à maturité me renvoie à mes propres peurs existentielles celles de la séparation, de l’abandon, de la perte et du deuil.
Et les mots que je lis, petites phrases courtes d’abord, puis flots de paroles par dizaines de lignes pour une seule phrase ensuite, sont comme les deux photos à l’origine du récit, ils parlent de cet homme mais ils parlent aussi de moi, qui les lis.
Comme un écho émotionnel, comme une mise en abîme de l’émotion.
Mon avis d'#Explolectrice :
Comment oublier cette photo ? Elle a fait le tour du monde, nous a tous bouleversés le trois septembre deux mille quinze. Elle représente un petit garçon mort sur une plage.
Qui a oublié Aylan ? Et comment, aussi, ne pas être remué à la vue d'un enfant abandonné sur une plage, qui hurle de tout son soûl ?
Le Petit Garçon sur la plage s'ouvre avec cette image extraordinairement puissante, ancrée à jamais dans notre mémoire collective. Un petit garçon a échoué sur la plage. Ce petit garçon, Aylan, laisse vite place à un autre petit garçon d'un an à peine qui pleure, hurle sur la plage. Il est seul.
On rembobine les images d'un film, autre référence du livre. La scène surréaliste se déroule sous nos yeux. D'abord un chien. Il s'approche trop du bord de la falaise, attiré, il tombe à l'eau. Il est englouti par la mer. Son corps ne réapparaît pas. Le père inquiet de ne plus le voir se penche à son tour. Il tombe et disparaît. Vient le tour de la mère. Même scène, même sort. Le chien, le père puis la mère tombent à l'eau, qui reste-t-il ? Un petit garçon sur la plage. Il est seul.
Ces deux images de petits garçons vont bouleverser un homme. Deux enfants seuls. L'un est mort, il a échoué sur la plage, l'autre est en vie, mais abandonné. Un fait divers envahit les écrans du monde entier, y compris celui de ce père de famille. Cette image réelle va faire resurgir l'image fictive, la fameuse scène du film et va réveiller les émotions que cet homme avait enfouies. Sa peur de l'abandon va le rattraper et il va perdre pied.
Si l'idée de départ m'a plutôt séduite, je dois bien avouer que Pierre Demarty m'a semée en chemin. Je m'attendais à ce que ces deux images aussi fortes l'une que l'autre fassent vraiment vaciller cet homme, qu'il nous révèle avec la même force ses fêlures, ses failles, tout ce qu'il a enfoui au plus profond de lui. Malheureusement, rien de cela ne s'est produit. Les images défilent en boucle et nous, nous tournons en rond. Á vouloir faire imploser son personnage en silence, sans faire de vague, Pierre Demarty a mué Le petit garçon sur la plage en une mer d'huile et noie le lecteur dans une logorrhée pour le faire échouer sur la plage, sans savoir s'il y avait un message à saisir. Dommage !
L'avis des 50 premières pages :
Le petit garçon sur la plage s'ouvre avec cette image extraordinairement puissante, ancrée à jamais dans notre mémoire collective. Un petit garçon échoué sur la plage. Il porte un T-shirt rouge, légèrement remonté sur le ventre, un short ou un pantalon remonté aux genoux, des baskets bleues. Ce petit garçon échoué sur la plage est Aylan. Il laisse vite place à une autre image. Un petit garçon âgé d'à peine un an. Il pleure, il hurle sur la plage. Il est seul.
On rembobine...
La scène surréaliste se déroule sous nos yeux. D'abord un chien. Il s'approche un peu trop du bord de la falaise, comme attiré, il se jette à l'eau. Il est englouti par la mer. Son corps ne réapparaît pas. Le père inquiet de ne plus le voir se penche un peu trop à son tour. Il tombe et disparaît. Vient le tour de la mère. Même scène, même sort.
Le chien, le père, puis la mère tombent à l'eau, qui reste-t-il ? Un petit garçon sur la plage. Il est seul.
A l'approche de la 50ème page, on comprend qu'il s'agit d'un film, un film étrange que le narrateur regarde au cinéma seul.
Et alors ? J'sais pas, j'ai ciné justement...
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Ah, je me sens moins seule d'un seul coup sur cette plage...