Frantz Duchazeau retrace la vie de Lazare Bruandet, personnage chaotique au coeur de la Révolution française
1793. Louis XVI est condamné à mort tandis que la France est frappée par la Terreur, une véritable guerre civile qui met le pays à feu et à sang. Fuyant la capitale pour trouver refuge à la campagne, un écorché vif au regard inquiétant louvoie dans la forêt. C'est un étrange peintre que voici, dont le nom résonne comme un couperet:Lazare Bruandet a des gestes un peu fous, le verbe haut et le coup d'épée tranchant.Tiraillé par des souvenirs d'enfance douloureux, hébergé par des moines qui lui demandent de l'aide, Lazare tombe sous le charme d'une jeune aubergiste. L'homme a bien du mal à se retirer de ce monde dont la violence et la bêtise l'agressent, et pour tenter de s'y soustraire, il peint la nature qui le fascine, sans souci d'académisme et de postérité vis-à-vis de son oeuvre...
Frantz Duchazeau retrace la vie de Lazare Bruandet, personnage chaotique au coeur de la Révolution française
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Frantz Duchazeau a laissé Mozart à Paris pour suivre les traces de Lazare Bruandet dans la forêt de Fontainebleau. Alors Mozart, tout le monde connaît, mais Bruandet ? Un nom découvert lors de recherches concernant la peinture du XVIIIe siècle qui a fait tilt, un peintre paysagiste dont on sait peu de choses si ce n’est que, révolutionnaire de 89 désabusé, il était porté sur la dive bouteille, prenait facilement la mouche, sortait son épée à la moindre escarmouche et fut contraint de se terrer en forêt pour échapper à la maréchaussée. Il n’en fallait pas plus pour enflammer l’imagination de Frantz Duchazeau qui, dans l’album Le peintre hors-la-loi paru aux Éditions Casterman, comble les vides et nous dresse avec panache le portrait romancé de cet homme hors norme qui n’aimait rien tant que peindre hors les murs.
« Ils ont raccourci l’cochon !... » Nous sommes le 21 janvier 1793 et l’cochon n’est autre que le roi. Indifférent aux clameurs qui montent de la rue, Bruandet quitte précipitamment la couche de sa maîtresse, pris d’une pulsion irrésistible d’aller peindre. Semblant ignorer le déchaînement de violence qui l’entoure, il foule le pavé à grandes enjambées quand au détour d’une rue il rencontre son ami Jean Duplessis-Bertaux et tous deux vont se rincer le gosier au « Petit Don Quichotte », la taverne du coin. Après de vives discussions bien arrosées mêlant considérations sur la peinture et narration d’actes révolutionnaires révolus, c’est un Bruandet en pétard la bouteille à la main qui quitte l’endroit. « Que faire quand le ciel n’est plus à la hauteur de vos rêves ? Que faire d’autre en ce monde à part s’enivrer ?! Peindre, jusqu’à en crever!! ». Et c’est là qu’il aperçoit sa concubine en galante compagnie. Il la suit jusqu’à l’appartement et dans un accès de rage la défenestre. Fuyant la gendarmerie nationale tout juste née, il se réfugie dans la forêt de son enfance non sans avoir récupéré au passage son matériel de peintre. Son seul désir ? Peindre, encore et toujours, peindre le plus fidèlement possible cette nature si belle et rien d’autre. Mais la campagne n’est pas aussi paisible qu’on pourrait le croire au premier abord. On y croise brigands, milices citoyennes et soldats se livrant à toutes sortes d’exactions. Les villageois tout comme les moines qui l’ont accueilli aspirent à se défendre. Ajoutons à cela les souvenirs et traumatismes de l’enfance qui remontent à la surface par vagues successives et la rencontre d’Hollandine, la fille d’un aubergiste. Autant dire que, à son grand dam, notre peintre se verra souvent contraint de délaisser le pinceau au profit de l’épée voire du pistolet ...
De la réalité à la fiction
L’auteur retranscrit parfaitement le climat de violence et de peur qui régnait à Paris comme dans les campagnes durant La terreur. Après la toile de fond, passons au sujet principal de notre histoire.
Naturaliste avant l’heure, en rupture avec le cadre institutionnel de l’époque, Lazare Bruandet, (1755-1804) était un adepte de la peinture en plein air qu’il pratiquait dans les forêts environnant Paris, s’avérant être un précurseur en ce domaine puisque ce modus operandi alors courant en Italie et les pays flamands n’arrivera qu’une trentaine d’année plus tard en France avec les artistes de l’école de Barbizon. Il défenestra effectivement sa compagne qu’il soupçonnait d’infidélité et alla se mettre au vert dans les ruines d’un ancien prieuré. C’est de cet épisode bien précis qu’il est question dans l’album. Le bédéiste va combler les lacunes de la biographie en imaginant les aventures qui auraient pu lui arriver. Il lui inventera une enfance, faisant ainsi de ce personnage un être complexe, tourmenté, en proie à ses démons et ses souffrances. Quant à l‘amitié imaginaire avec Berteaux (peintre, dessinateur graveur bien réel qui assista effectivement à l’exécution de Louis XVI) elle lui servira à exprimer de façon vivante le point de vue sur l’art de Bruandet, ce fustigeur des salons qui faisait si peu de cas de la postérité.
Quand un bédéiste portraiture un paysagiste
Angoumoisin monté à Paris, Frantz Duchazeau a fait ses débuts dans divers journaux et magazines tels Spirou et Mickey. Après avoir produit plusieurs albums scénarisés par d’autres dont Gwen de Bonneval et Fabien Vehlmann, il œuvre désormais en solo. L’art est souvent présent dans l’univers de l’auteur. Avant de s’attaquer à la peinture, il a parcouru le domaine musical à travers Le Rêve de Meteor Slim (2008), Les jumeaux de Conoco Station (2009) Blackface Banjo (2013), tous 3 parus aux éditions Sarbacane, Lomax (2011, Dargaud) et enfin Mozart à Paris publié tout comme Le peintre hors-la-loi chez Casterman. Outre l’éditeur, on peut noter une similitude entre les deux albums dans le traitement graphique, les vues de Paris étant très vite remplacées par celles de la campagne. Mais ici, ce qui frappe avant tout c’est la beauté et le réalisme des compostions représentant la ruralité du XVIIIème siècle. S’il n’a pas reproduit de tableaux de Bruandet (sauf un, selon ses dires), Frantz Duchazeau s’est inspiré de plusieurs paysagistes du XIXe siècle et le résultat est bluffant. Précisons également qu’il utilise une palette graphique extrêmement variée servant à merveille le scénario. Le côté gravure ancienne est particulièrement mis en valeur dans les scènes parisiennes et les paysages de ruines. Les scènes équestres sont de facture plus classique et le rendu est fort élégant. Son trait charbonneux retranscrit à la perfection les tourments du peintre au visage de plus en plus terrifiant, se désagrégeant presque. Le dessinateur étant un pur adepte du noir et blanc, c’est la coloriste Drac qui œuvrera pour la mise en couleur et viendra ainsi apporter une touche finale harmonieuse de toute beauté. Mais toutes ces images ne sont pas que belles : elles sont narration en elles-mêmes et témoignent du formidable talent de conteur, de la très grande maîtrise de la mise en scène et du découpage taillé au cordeau de l’auteur. Planches muettes contemplatives et scènes d’actions rythment ce récit picaresque. La qualité et la profondeur du texte viennent parachever le tout.
Formidable récit hors-air-du-temps que ce peintre hors-la-loi !. Avec un tel personnage, on est loin du politiquement correct. Qu’est ce que ça fait du bien !!!
Lorsqu'en 1793 le roi Louis XVI meurt sur l'échafaud, nombreux sont également ceux qui perdent la vie ces années là. C'est dans ce contexte que Lazare Bruandet, peintre naturaliste porté autant sur la bouteille que sur la bagarre doit fuir la ville.
Le peintre parisien joue un rôle décisif dans le développement de l'art du paysage. Il est en totale rupture avec le cadre institutionnel de son époque avec sa pratique de la peinture en plein air dans les forêts environnant Paris.
Mais suite à un coup de sang et une jalousie mal placée, au retour de chez sa maîtresse il défenestre sa compagne. Il ne trouve de salut que dans la fuite à l'abri de cette campagne qui l'a vu grandir.
Déjà difficile du temps de son enfance, la vie y est devenue périlleuse. Sa maison est en ruine, il se réfugie alors chez les moines à qui il finira par apprendre à se défendre contre les milices. Mais aussi à l'auberge où la servante accorte se prend d'amitié pour lui, admirative du travail du peintre.
Partout c'est le chaos. On échappe aux milices pour tomber au mains ou sous les coups de l'armée ou des pillards. Il faut se défendre, mais il faut aussi survivre. C'est ce que fera le peintre dans les forêts qu'il affectionne, lui l'artiste spécialiste de la nature, amoureux de ces paysages qu'il peint à l'envi. Rien ne lui fait peur, cet artiste alcoolique au mauvais caractère a cependant une certaine dextérité à manier l'épée et les armes autant que ses pinceaux.
Si le personnage a réellement existé, et si sa folie et son amour de la peinture naturaliste sont bien réels, l'auteur lui a créé une enfance à la hauteur du personnage. Car il semble qu'il a réellement tué sa compagne et fuit dans la forêt de Fontainebleau, poussé par une forme de folie autodestructrice qui transparaît à chaque page.
L'ensemble est porté par un graphisme brut, sombre, fait de peu de traits affinés ou précis, mais plutôt d'une sombre représentation à l'image de cette époque si dangereuse pour ceux qui l'ont connue. Une forme de folie émerge de ces dessins, de ces pages parfois denses et sombres, d'autre fois plus lumineuses, à l'image de l'artiste tout en excès et en fulgurance.
merci lecteurs.com pour cette lecture.
Très belle bande dessinée qui m'a fait découvrir Lazare Bruandet (1755-1804) et il me semble que j'ai déjà vu de ses tableaux ! "Ce que Bruandet aime, c’est observer la nature et peindre, mais il se bat aussi avec l’art et la manière." Et il aime boire aussi ce qui engendrera quelques problèmes. Mais "au milieu de toute cette violence, l’Art, le beau, la forêt, la Nature." Mon billet sur le blog mercredi 15 septembre : https://pativore.wordpress.com/2021/09/15/le-peintre-hors-la-loi-de-frantz-duchazeau/
La lecture de cette BD m'a permis de découvrir cet artiste peintre révolutionnaire méconnu au caractère bien trempé.
J'ai beaucoup aimé les dessins qui collent bien à l'histoire et au personnage de Bruandet.
Certaines de ses œuvres se trouvent ses tableaux au musée des arts de Nantes (44) : « Paysage animé, le lac d'Annecy » et « Vue prise dans le Bois de Boulogne ».
Pour en savoir davantage sur ce peintre, je vous invite à consulter la fiche Wikipédia qui lui est dédiée : https://fr.wikipedia.org/wiki/Lazare_Bruandet
Tout d'abord je remercie @lecteur.com et Casterman de me permettre de découvrir cette BD!!!
Je découvre grâce à vous Frantz Duchazeau et ça me donne juste envie de lire d'autres bd de cet auteur!
J'ai beaucoup aimé cet homme un peu fou, Lazare Bruandet (qui a vraiment existé! même si une part de la biographie est romancée) loufoque en décalage total avec son époque. Je découvre en même temps que l'auteur ce peintre!
La part belle est donnée à la période historique (1793 la terreur), moi qui adore l'histoire je ne peu qu'être fan, je pense que c'est la partie que j'ai vraiment adorée, voir le peintre passé au travers de la folie des hommes de l'époque, une folie différente de la sienne.
J'ai dévoré cet album!
Une œuvre singulière et chaotique.
Lazare Bruandet, le vrai, sert de matériau de base pour cette histoire chaotique, fourmillant de petites histoires pour peindre ou dépeindre l'histoire ce deuxième Lazare Bruandet - un personnage chaotique en plein milieu de la Terreur en France, un époque trouble. Ce personnage est tour à tour un assassin recherché par la police pour le meurtre de sa femme, un observateur désabusé des absurdités de cette période de révolution ou se joue petits meurtres et règlements de comptes, des milices douteuses, un clergé à l'agonie et petites gens crevant de faim. Lazare c'est aussi un épéiste talentueux et grandiloquent, dégainant son épée si facilement pour si peu de chose dans l'espoir d'un duel ou il va pouvoir déclamer l'art de la composition d'une œuvre en croisant le fer. Lazare est aussi un homme torturé par un passé sombre et noir, un enfance lourde qu'il traine avec un chapelet de souvenirs amers et sordides. Lazare est un peintre qui préfère peindre la nature, plutôt que de faire du portrait comme il était de mise à l'époque. Lazare Peint ce qu'il voit avec amour et douceur.
C'est un album complexe à la première lecture. C'est un multitude de personnages, de petites histoires qui se télescopent pour que celle de Lazare prenne vie. L'auteur à eu se trait de génie de créer un fresque sombre, violente à partir du Lazare de la vrai histoire. L'auteur nous propose un anti-héros attachant et détestable.
D'abord Merci de m'avoir fait gagner ce livre.
Je ne connaissais pas l'auteur et j'ai apprécié son dessin, un peu dans la lignée de Fred ou de Yohann Sfar. Ses décors, paysages, ruines ou abbayes, en demi pénombre, sont parfois magnifiques. Malgré son style un peu "brouillon", les attitudes de ses personnages sont toujours très justes.
Quant à l'histoire, elle m'a plu mais sans m'emballer vraiment. Ça manque de fil conducteur. J'y ai trouvé plus d'intérêt après coup en découvrant que c'était un personnage réel mais il aurait fallu l'annoncer dès le début. On aurait peut être mieux accepté l'extrême antipathie du personnage.
La folie du personnage et sont obsession de la peinture sont bien restituées mais il y a certaines scènes ou dialogues qui sont une peu abscons.
Avec cet album, Frantz Duchazeau nous plonge dans les affres de la Révolution française. En effet, à partir de 1793 le gouvernement révolutionnaire instaure la Terreur. Et ce sont sous les mots « Mort au roi » que nous assistons, dès les premières pages, à la décapitation de Louis XVI, en ce 21 janvier 1793.
Lazare Bruandet, contrairement à de nombreux Parisiens, n’est pas allé assister à l’exécution. Il préfère passer du bon temps en galante compagnie. Mais en rentrant chez lui aviné, le peintre va défenestrer sa femme, la pensant infidèle.
Obligé de fuir la capitale, c’est en forêt de Fontainebleau qu’il va trouver refuge et s’adonner à ses deux passions le maniement de l’épée et celui du pinceau. À l’abri de la violence ambiante, il va peindre l’art du paysage en plein air et trouver refuge chez des moines.
Quel choix étonnant que celui de Lazare Bruandet, qui ne figure pas parmi les peintres français les plus connus ! Même si ses tableaux se trouvent dans de nombreux musées des Beaux-Arts, cet artiste est pourtant à la pointe du mouvement paysagiste.
En effet ce mouvement trouvera son apogée vers 1820 avec l’école de Barbizon rassemblant des peintres, qui comme Lazare Bruandet, voulaient travailler au plus proche de la nature.
Franz Duchazeau en retraçant une partie de la vie de ce peintre, nous permet de le découvrir sous différentes facettes, celle du peintre visionnaire, mais également celle de l’homme tourmenté et violent.
L’auteur avec son graphisme acéré a parfaitement redonné vie à Lazare Bruandet. Son visage émacié laisse transparaître, sans aucun doute possible, les tourments qui l’habitaient. Un style qu’on peut retrouver chez le peintre Bernard Buffet (1901-1985), qui, lui aussi, savait si bien mettre en valeur les visages marqués par les émotions.
Vraiment très intéressant également de constater que dans cet album, seule la nature apporte de la tranquillité alors que la période ne s’y prêtait guère. Elle est omniprésente dans cet ouvrage puisque c’est elle le véritable modèle et l’inspiration principale de ce peintre naturaliste.
Un album étrange au premier abord, mais à découvrir absolument.
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