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Pourquoi cette édition du Dictionnaire de la Bêtise et du Livre des Bizarres ? Parce que la bêtise ne s'arrête jamais et que des idiots se révèlent chaque jour, comme les génies, mais tout de même pas dans les mêmes proportions. Parce qu'il faut aussi un certain temps pour les détecter, les regarder agir, les classer. Dans les précédentes éditions, il n'y avait aucun article concernant Sartre, Beauvoir, Aragon, Claudel, Truffaut ; rien sur les étrangetés ou absurdités réjouissantes tenues à leur propos ou qu'ils ont eux-mêmes proférées. Pas de jugement, non plus, sur F. Mitterrand, que ce soit de la part de ses encenseurs excessifs ou de ses détracteurs les plus farouches.
Le Dictionnaire de la bêtise ainsi complété est un véritable sottisier, mais son ambition est bien plus grande. On y trouvera des textes tout simplement amusants, comme Georges Marchais assurant en 1986 que " nous n'avons jamais changé, nous ne changerons jamais : nous sommes pour le changement " ; mais aussi et surtout des affirmations, parfois odieuses, exprimant haine du modernisme, racisme, antisémitisme, xénophobie. Ces textes souvent signés de grands noms et parfaitement référencés, traduisent tous, non pas des erreurs de plume, mais des affirmations conscientes et volontaires. Cette bêtise-là, véritable dimension éternelle de l'esprit humain, a ce mérite de révéler, peut-être mieux que les textes dits " intelligents ", ce que furent les mentalités d'une époque.
Ainsi, quand Mgr de Quélen, archevêque de Paris sous la Restauration, laisse entendre que " non seulement Jésus-Christ était fils de Dieu mais qu'il était aussi d'excellente famille du côté de sa mère ", il ne disait pas qu'une sottise : il manifestait les conceptions traditionnalistes de son temps. Quand le grand savant M. Berthelot disait en 1887 que " l'univers est désormais sans mystère ", il avouait toute l'arrogance de l'esprit scientiste. Un bêtisier amusant donc, très amusant même, mais quelquefois bête à pleurer.
Corollaire du Dictionnaire de la Bêtise, le Livre des Bizarres rappelle que, parmi de sympathiques penseurs farfelus, nombre de grands esprits ont d'abord souvent passé pour des dérangés notoires (Socrate et son démon ; Rousseau vêtu en Arménien ; le physicien Ampère, sorte de savant Cosinus ; Einstein lui-même, qui essayait parfois de vivre sans chaussettes).
Là aussi, il fallait nourrir, mettre à jour, et non plus se contenter de citer les manies d'un Roosevelt ou d'un Ceausescu ; il fallait ajouter celles des maîtres du monde plus modernes : le président Carter (qui remplaçait nuitamment dans les couloirs de la Maison blanche les portraits de ses prédécesseurs par le sien), le dictateur du Turkménistan nommé Niazov (mort en 2006) qui interdisait à son peuple d'être malade et qui avait supprimé la tuberculose par décret... Sans parler des chefs de l'Iran actuel, obligeant les championnes de ping-pong à porter le tchador en compétition internationale, et de beaucoup de bizarreries fondamentalistes dans nos propres religions occidentales.
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