"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
La jeune femme regarde Agent Evangelos qui répète en lui-même «Parce que je vous ai menti, parce que Polina ment, comme Alisa Model, comme ment la direction, comme mentent les gardes-frontières, comme mentent les migrants lors de leur interrogatoire, comme je me mens à moi-même, comme tout le monde ici en Grèce ment.» Agent Evangelos aurait pu poursuivre l'interrogatoire. Mais une question lui est venue, sans qu'il sache trop pourquoi :
Qu'est-ce que vous savez de la crise, Polina ?
Quoi ?
Oui, vous avez dit que vous aviez moins de clients en raison de la crise. Qu'est-ce que vous vouliez dire ?
Il y a moins d'hommes qui appellent, à cause de la crise.
Oui, je comprends, je comprends bien. Mais la crise en Grèce, vous en savez quoi ?
Un jour, j'étais au Park Hotel et j'ai entendu des cris et des explosions, cela venait de la rue. Je suis sortie voir ce qui se passait et j'ai vu des gens partout, il y avait une manifestation et des jeunes se battaient avec la police. À la télévision, j'ai suivi les nouvelles et j'entends beaucoup de gens dire que c'est une fiction, tout ça, la crise.
Comment ça, une fiction ?
Ils disent ça, les Grecs, à la télévision, ils disent que la crise c'est une fiction, quelque chose qui n'existe pas, je ne sais pas moi, une invention.
Et vous, Polina, qu'est-ce que vous en pensez ?
Ils disent que la crise, c'est dans la tête et je crois qu'ils ont raison.
Après Le Patient du docteur Hirschfeld, le nouveau roman de Nicolas Verdan. Un roman «noir» qui nous embarque en Grèce, pays en proie à une crise économique sans précédent et où sévissent la corruption et le trafic d'êtres humains.
Le Mur grec, c'est l'histoire trouble de la construction d'une frontière de barbelés sur les bords de l'Evros, le fleuve marquant la frontière terrestre entre la Grèce et la Turquie. Ce roman est le fruit de deux ans d'investigations en Thrace orientale et à Athènes. La narration littéraire rend ici compte d'une réalité observée lors de reportages sur le terrain. Les personnages sont fictifs, mais leur profil et leur histoire s'inspirent très précisément d'authentiques rencontres de Nicolas Verdan avec des membres de l'agence européenne en charge de la lutte contre l'immigration clandestine, de la police grecque et des réseaux de prostitution en Grèce. Le mur grec est désormais construit. Il n'empêche pas les mots de passer.
En Grèce, il n’y a pas qu’à Lesbos que les migrants tentent la traversée, certains passent par le fleuve Evros en Turquie et Grèce.
Agent Evangelos est chargé de mener l’enquête sur les rives du fleuve suite à la découverte d’une tête sans le corps à Orestiada.
J’ai découvert que Frontex s’était créé un lupanar avec pignon sur rue du côté grec avec traite d’êtres humains ; qu’un mur était en projet pour tenter de juguler les passages clandestins et que pour cela, l’état avait besoin de l’argent de Bruxelles alors que la chancelière ferme les cordons de la bourse.
Vous l’aurez deviné, l’auteur, journaliste Suisse, nous montre les dessous de l’immigration, avec affaires juteuses à la clé.
J’ai eu du mal au départ avec cet enquêteur qui ne pense qu’à aller boire un verre au Batman, son bar de prédilection. Mais au fil des pages, j’ai découvert un homme qui ne crains pas sa hiérarchie qui tente d’étouffer l’affaire et lui dicte même ses rapports.
Un livre sous couvert de roman policier qui ouvre les yeux non seulement sur le trafique d’être humains mais aussi sur les petits arrangements avec Bruxelles.
L’image que je retiendrai :
Celle de l’enseigne Eros dans un hangar lugubre et sale.
https://alexmotamots.fr/le-mur-grec-nicolas-verdan/
Le mur grec de Nicolas Verdan est beaucoup plus qu’un polar noir réussi se situant à la frontière de l’Union Européenne et de la Turquie. Cette région de Grèce est éloignée de la capitale de plus de mille kilomètres.
Entre trafics d’êtres humains, esclavages et courses aux subventions, le journaliste écrivain suisse décrit la réalité de l’émigration que nos société refusent de voir.
Agent Evangelos, employé à la direction du renseignement spécialisé dans la lutte antiterroriste et du crime organisé, est à trois ans de sa retraite. Habitué à appliquer les ordres sans se poser de questions, sans zèle mais avec conscience professionnelle, la découverte d’une tête va bouleverser ses certitudes.
En Thrace à mille kilomètres d’Athènes dans le village d’Orestiada, cette affaire se présente comme un règlement de compte entre migrants. Car, le village se situe à la frontière avec la Turquie.
Au même moment, un mur de barbelés sur 12, 5 kilomètres devrait se construire pour démontrer que les frontières de l’U. E ne sont plus une passoire. Seulement, la Grèce, endettée et ses habitants dans une situation économique inquiétante, souhaite que la communauté européenne prenne à sa charge cette dépense importante. Seulement, l’Allemagne se fait prier.
Évidemment, cette frontière est aussi le lieu de tous les trafics, et surtout celles des femmes. Aidé du Lieutenant Anastasis, flic du coin, Evangelos va enquêter pour trouver « la vérité à défaut de la justice » car toutes leurs hiérarchies les encouragent à trouver d’autres « réalités ».
La suite ici
https://vagabondageautourdesoi.com/2022/11/11/nicolas-verdan/
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