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Le 7 janvier 1980, Gay Talese reçoit à son domicile new-yorkais une lettre anonyme en provenance du Colorado. Le courrier débute ainsi : "Je crois être en possession d'informations importantes qui pourraient vous être utiles." L'homme, Gerald Foos, confesse dans cette missive un secret glaçant : voyeur, il a acquis un motel à Denver dans l'unique but de le transformer en "laboratoire d'observation". Avec l'aide de son épouse, il a découpé dans le plafond d'une douzaine de chambres des orifices rectangulaires de 15 centimètres sur 35, puis les a masqués avec de fausses grilles d'aération lui permettant de voir sans être vu. Il a ainsi épié sa clientèle pendant plusieurs décennies, annotant dans le moindre détail ce qu'il observait et entendait - sans jamais être découvert. A la lecture d'un tel aveu, Gay Talese se décide à rencontrer l'homme. Au travers des notes et des carnets du voyeur, matériau incroyable découpé, commenté et reproduit en partie dans l'ouvrage, l'écrivain va percer peu à peu les mystères du Manor House Motel. Le plus troublant d'entre eux : un meurtre non résolu, digne d'une scène de Psychose, auquel le voyeur assisterait, impuissant.
Le voyeur exige l'anonymat; l'écrivain, soucieux de toujours livrer les véritables identités de ses personnages, s'en tient aux prémices de son enquête. Trente-cinq ans plus tard, Gerald Foos se décide à rendre publique sa machination et Gay Talese peut enfin publier ce livre dérangeant et fascinant.
Le Motel du Voyeur interroge aussi, à travers la figure de Gerald Foos, étrange double pervers de l'auteur, la position du journaliste qui scrute le réel en observateur - en voyeur. Au-delà du fait divers, cette plongée hallucinante dans la psyché américaine, parcourt une sociologie criminelle des moeurs, et s'avère être le plus parfait des romans noirs, à mi-chemin du chef-d'oeuvre de Truman Capote De sang-froid et du Journaliste et l'Assassin de Janet Malcolm. Gênant, passionnant, troublant, autant le dire , roman ou enquête, vous j'avez jamais lu un tel livre.
Vous n'irez plus à l'hôtel après cette lecture pendant un bon bout de temps !
Véritable enquête journalistique, unique en son genre, d'une Amérique des années 1960, intime et largement dévoilée. Plongée dans les moeurs sexuelles et les pensées profondes de celui qu'on nomme "l'Américain moyen", ici : les clients d'un Motel type de Denver. Lettres, photos des protagonistes (un couple malveillant) et notes détaillées sont placés au centre du livre. J'ai du mal à "noter" ce livre tant il est glaçant, gênant, dans la mesure où le lecteur devient le voyeur, au même titre que le propriétaire de l'hôtel, qui a placé de fausses grilles d'aérations au plafond des chambres, avec vue directe sur le lit et la sortie de la salle de bain, afin de reluquer sa clientèle, mais aussi de prendre en note faits et gestes, discussions et habitudes de ses hôtes. Comme le ferait un chercheur pour la rédaction d'un mémoire !
Le Manor Motel a été construit pour cela ! et c'est l'oeuvre noire du plus constant des voyeurs, qui sera durant des dizaines d'années le témoin de l'intimité brute et platement humaine de ses hôtes, mais aussi d'un meurtre.
Edifiant et écoeurant. Révélation de la médiocrité des existences, de la vie de couple, et des bassesses humaines en tout point.
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