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Dans ce roman flamboyant, Fréderic Ohlen nous entraine sur les pas de Nathalie Lemel, figure majeure et pourtant oubliée de la Commune de Paris. Le récit à rebours s'ouvre sur les derniers jours de la pétroleuse, tombée dans la misère, aveugle et internée dans un hospice. Là, l'ancienne ouvrière relieuse confie ses mémoires et ses écrits désordonnés et sans concession à son jeune aide-soignant. Le bagne. Le délitement de la cause après l'amnistie. La semaine sanglante qui vit l'écrasement de la Commune. Sa jeunesse bretonne, terreau de son militantisme.
Dans une langue toujours aussi belle et riche, l'auteur de Quintet ravive dans nos mémoires la période de la Commune et ses protagonistes quitte à égratigner l'icône : Louise Michel.
« Le monde flottant », entrelacs et replis, mémoire de la Commune de Paris. Écoutez voir Nathalie Lemel, battante et combattante. Engagée au bien commun, l’équité et l’égalité en diapason. Comme ce récit de Frédéric Ohlen résonne encore en nos jours.
1921, Nathalie Lemel va mourir. Dans une quasi indifférence, l’oubliée, dans un hospice où seul son aide-soignant veille sur elle et devient son confident. Il aura de cesse de collecter sa parole. D’assigner les dires d’une figure emblématique et communarde, exilée six ans en Nouvelle-Calédonie avec Louise Michel. Ce kaléidoscope dont les diverses lectures sont des témoignages cruciaux. À l’instar d’un halo dans la nuit noire. Une vague pavlovienne qui retrace ressac après ressac le tracé de l’Histoire. Féministe, volontaire, sage et juste, sa vie n’aura été de cesse qu’engagement, esprit fraternel. Petite femme d’un mètre 49, surnommée la Duval, L’Amazone, la Walkyrie, ou même la petite Bretonne.
Femme d’action, le don inné d’écriture, ses écrits rassemblés feuille après feuille. L’exactitude même de ce qui fût, d’elle et de ses frères et sœurs d’armes. Frédéric Ohlen rassemble l’épars. L’enjeu est crucial. Entre le biographe de renom, Nathalie Lemel et l’aide-soignant qui s’était promis de rendre justice à une bienfaitrice de l’humanité et une écrivaine de renom. La complicité orale et affectueuse, la connivence auront été le salvateur d’une parole sceau. Il fera tout pour les écrits voient le jour. Ici, c’est un auteur certifié qui rassemble le puzzle à accrocher au fronton de l’Histoire de France et de la Commune. Cette biographie est arborescence. « Le fatras des feuillets s’ordonnait. Les bras de la demoiselle abattaient vivement leur besogne. Les moqueries, les mimiques s’adoucissaient. Elles s’effaçaient devant le respect dû aux virtuoses. Et pour elle pas de pose ».
La déambulation est souveraine. Il s’agit ici, d’une belle personne convaincue et altruiste au fort caractère, avant-gardiste et la liberté à conquérir pour le peuple avant elle-même.
Tout est précieux et vénérable dans ce monde flottant, entre pleine mutation et tremblements.
De Paris où elle aura quitté définitivement son compagnon et père de ses enfants. Elle, dont les barricades sont des cerceaux de lumière. L’expression même de ses mains et de son corps, courage et abnégation en toile de fond. Elle va passer devant le 4e Conseil de guerre, le 11 septembre 1872. Quatre cent mille lettres de dénonciation, le défilé de témoins à charge et les enquêtes menées à Brest et Quimper à Brest se sont avérées vaines.
Bretonne et communarde, vaincre ou mourir. Elle va être exilée en Nouvelle Calédonie au bagne avec sa sœur des batailles : Louise Michel. Elles sont différentes, le noir et le blanc. « Entre désir de réformer et soif de révolution..J’envie Louise Michel de vivre en totale autarcie, mue par les seuls ressorts de son esprit ».
« Après notre départ, qu’est-ce qui pourra bien perdurer de nos utopies ? »
Nathalie Lemel, femme des lumières, humaniste, attendrissante, dont l’aura même est le marque-page entre nos mains. Ne jamais perdre le fil de cette talentueuse Communarde. Concorde et résistance, loyauté et bravoure. Elle est un parchemin d’exemplarité.
Fronton de rectitude, vive la Commune ! La preuve des possibles, le modèle même.
Frédéric Ohlen rend hommage à Nathalie Lemel. Le devoir de mémoire au garde-à-vous. Cette biographie nécessaire d’une bretonne et révolutionnaire est un rai de lumière qui transperce nos inactions. À noter en première page une lettre magnifique de G. Clemenceau demandant à Pierre-Victor éditeur chez Stock avant de céder son fonds voulait absolument que les écrits de Nathalie Lemel percent au grand jour. Également soulignons la magnificence d’une couverture de Gabrielle Ambrym. Publié par les majeures Éditions Au vent des îles.
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