"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Avant, son père la prenait sur ses genoux, la faisait jouer, rire. Il l'aimait. C'était naturel, c'était doux. Mais un jour qu'elle pose une question si banale, pas même fruit de sa curiosité, mais utile à la réalisation d'un devoir d'école, Céleste découvre l'effrayante violence qui brûle en son père. La question - « c'est quoi ton métier ? » - a levé le voile sur une rancoeur et un désenchantement du monde extérieur, celui des adultes. Ce jour-là, son père s'énerve, hurle, ricane : « Mon métier ? Je vais te montrer... » La brutalité avec laquelle il lui prend le bras surprend, elle ne sait pas encore que c'est dès lors la nouvelle norme. Il la traine, l'entraine dans sa voiture et ils roulent vers son lieu de travail : un cimetière. Son père est fossoyeur. Devant les tombes qui s'étendent à ses pieds, Céleste ne saisit pas tout de suite que sa vie a changé.
Dès lors, la brutalité s'introduit chez eux, vu à travers les yeux de Céleste, témoin soir après soir des scènes où le père maltraite sa mère, toujours prêt à cogner.
Leur vie est maintenant accompagnée « d'une invitée à la robe sombre, au cou dégagé, aux formes harmonieuses », la bouteille. Céleste et sa mère s'enfoncent dans la peur, et la famille sombre, jusqu'à ce que les services sociaux interviennent. La jeune fille doit quitter sa mère et sa maison, libérée des griffes de son père.
À l'abri dans un foyer pour enfants, témoin du malheur d'autres qui lui ressemblent, elle s'étonne de s'y plaire, de ne pas fuire la compagnie de ces autres. Elle apprend à s'exprimer, à choisir le rouge, pour montrer sa colère, à sculpter, pour réapprendre à ne plus être elle-même statue. Le récit est entrecoupé de retours dans le passé, au fil desquels le lecteur peut, petit à petit, reconstituer l'histoire de Céleste. Puis, derrière celle de la victime, celle du monstre, du dragon, du bourreau. Celle du père qui dissimule, lui aussi, le passé d'un enfant maltraité. Un roman émouvant, mais plein d'espoir, véritable force de vie : une aide précieuse pour tout adolescent en quête de réponses.
Un très très beau livre proposé par les éditions Macha et par Louison Nielman. Comment parler de sujets tabou et difficile comme celui-ci ? J'ai été impressionné par la facilité avec laquelle l'autrice nous plonge dans cette histoire, tout en nous expliquant pourquoi cela arrive mais surtout que faut-il faire quand ça arrive.
On nous parle donc ici de tyran familiale, un père violent, alcoolique, qui bat sa femme et terrorise tout le monde. Au delà de l'aspect familiale, l'aspect relationnel est aussi dénoncé. Son père est au final un réel "pervers narcissique", très jaloux, très manipulateur. Ce roman explique ce qui n'est pas normal de la part d'un père mais aussi de la part d'un copain/copine/mari/épouse, ce qu'est une relation toxique en fait. Et c'est assez rare pour être souligné je trouve, dans les YA surtout, ça à tendance à être mal dénoncé voire même glorifier. Ici ce n'est pas le cas, on voit que ce n'est pas normal et bon d'être comme ça.
Dès les premières pages on vit le changement de Céleste. Elle a parlé et arrive donc dans un centre. Un changement qu'elle a du mal à accepter au départ. Une séparation avec sa mère qu'elle ne comprend pas, des souvenirs qui reviennent (ce qui nous permet de découvrir comment était son père), les sentiments de culpabilité et de désespoir qu'elle ressent. Tout ceci est parfaitement expliqué. Pourquoi elles ne peuvent se voir que deux heures par semaine avec sa mère ? Pourquoi, elles, les victimes sont-elles punies ? On retrouve une très jolie phrase "ma mère n'a rien fait, moi non plus, alors...". On nous explique aussi que la loi ne peut rien pour une femme qui n'accepte pas d'être aider mais surtout qu'il faut être sur qu'elle n'a participer à aucune torture psychologique envers sa fille avant de la lui confier. C'est très bien expliquer aussi qu'il est normal de ressentir les émotions qu'elle ressent, elle a juste besoin de se confier et c'est ce qu'elle fait..
Ce qui est bien amené du coup c'est ce besoin de parler (je tiens à préciser qu'à la fin on a une liste de numéros utiles). Il est dit à un moment "Appeler le numéro des enfants maltraités, le 119 ? C'était sa mère que l'on frappait surtout, ils ne pourraient rien [...] Céleste ne savait pas encore que ce numéro est une aide précieuse pour tous les enfants". Et hop message passé en 2 phrases. Je précise aussi que ce livre est une véritable bouffée d'espoir pour ces enfants. Que faire ? Parler. Est-ce que ça sert ? Bien sûr.
Ce que j'ai beaucoup aimé aussi c'est le côté psychologique qui est évoqué. Pourquoi ce père est comme ça ? Parce qu'il a manque d'affection, d'amour. Il n'a pas eu de modèle, il ne sait pas aimer. Il les aimes mais d'une mauvaise manière. C'est aussi expliqué aux enfants que le monde n'est pas manichéen comme dans les Disney. Les méchants ne sont pas juste méchant pour être méchant il y a des raisons derrière ça. Cependant elle ne dit pas qu'il faut pardonner ça, elle explique simplement pour faire comprendre que vous avez souffert, mais il a souffert aussi c'est pour cette raison qu'il est comme ça. Ça permet aussi d'expliquer qu'il ne faut tout de même pas reproduire ça.
La collection Instant T est une très bonne collection en préparation. Une collection qui est prévu pour parler de ce genre de sujet tabous pour les adolescents à partir de 11 ans. Et je pense que c'est réellement une très très belle collection en prévision. Je pense que je m'intéresserais aux prochaines parutions.
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