"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Un portrait de femme moderne, active, rebelle, qui fait bouger les lignes, voilà ce que cherchent tous les éditeurs pour la prochaine rentrée littéraire. Et parmi eux, Delafeuille a intérêt, s'il veut garder son poste, à dénicher le livre qui sera au centre de l'attention en septembre. Mais contre toute logique commerciale, le roman qui l'attire vraiment est celui de Luc, auteur un rien misogyne auquel il est depuis longtemps lié. L'écrivain a décidé de consacrer son texte à Delphine, sa femme, et cette dernière que Delafeuille rencontre dans la vraie vie, devient son obsession. Pourtant, tous - directrice commerciale sans scrupule, libraire philosophe, étudiante inspirée - sont là pour lui rappeler les règles du jeu : aucune chance que cette histoire s'achève par une idylle entre l'éditeur et la femme de l'auteur.
Le Livre de la rentrée dresse un portrait drôle et acide de notre époque, de ses combats et de ses modes. Dans ce roman où le réel et la fiction s'entremêlent, Luc Chomarat se joue de la littérature et nous offre un hymne à la lecture et à l'imaginaire.
Au travers une critique caustique Luc Chomarat dresse un portrait de femme moderne à la fois drôle, rebelle et acide mêlant fiction et réalité. Les chapitres sont courts, l'auteur nous invite à une réflexion intelligente, la construction est habille, le ton est léger, Amour, Personnages sombres, Imaginaire.
" Mais bien sûr ! Et ils ne grandissent plus, pas ceux d’aujourd’hui. Ils vont traîner chez Pôle emploi au lieu d’aller au lycée, mais sinon, c’est les mêmes. Ils vont continuer à se gaver de Naruto jusqu’à l’âge de la retraite. Vous êtes entré dans une librairie, récemment ?"
Devenu spécialiste de la satire du milieu éditorial français avec L’espion qui venait du livre, Le polar de l’été, Un petit chef-d'œuvre de littérature et Le dernier thriller norvégien, Luc Chomarat convoque une nouvelle fois son personnage de prédilection, l’éditeur de fiction Delafeuille, pour un autre de ses drôles et vertigineux romans gigognes qui font de la mise en abyme un virtuose et infini jeu de miroirs.
Sa nouvelle directrice l’a mis au pied du mur : « un bon texte est un texte qui se vend. ». Alors, qu’il cesse de se piquer de littérature et s’active plutôt à dénicher la pépite commerciale qui, en s’imposant comme « le livre de la rentrée », leur rapportera le jackpot. Voilà donc ce bon vieux Delafeuille, s’il veut sauver sa tête et son emploi, contraint à la chasse au livre si bien dans l’air du temps qu’il sera de bon ton de se l’arracher, peu importe s’il ne vaut en réalité pas tripette. Il y a bien le roman du neveu de sa directrice, entièrement constitué de SMS avec les fautes qui vont avec. Mais il lui faudrait aussi un portrait de femme bien actuel, avec sa dose de « cul féministe », à défaut d’une louche de maladie, de malheurs, de planète en péril ou de dénonciation du capitalisme.
Or, invité quelques jours chez l’un de ses auteurs et amis, Luc, qui s’est établi au vert dans le Sud-Ouest, loin du cirque parisien, notre éditeur tombe sous le charme de l’épouse, Delphine, par ailleurs au coeur du livre que son mari a décidé de lui consacrer. Hélas, épanouie et parfaite dans son rôle d’épouse, de mère et de femme d’intérieur, elle est l’antithèse absolue de l’égérie féministe. Impossible donc de miser sur ce manuscrit en cours d’écriture, où il se découvre d’ailleurs lui aussi personnage. Mais comment peut-on retrouver ce que l’on est présentement en train de vivre dans un texte rédigé quelque temps auparavant ? Convaincu de sa réalité, Delafeuille ne serait-il en vérité que fictif ? Personnage, il l’a déjà été, puisque Luc l’a déjà fait figurer dans de précédents livres… signés Chomarat ! Luc et Chomarat ont d’ailleurs tous deux le même titre pour leur dernier livre… « Le livre de la rentrée » !
Désormais imbriqués jusqu’à l’inextricable, réel et fiction se font, pour le plus grand plaisir du lecteur, les complices d’une nouvelle machination littéraire de l’auteur, qui, moins loufoque que les précédentes, gagne en subtilité pour autant nous amuser que brocarder avec malice le monde éditorial et ses travers. Réjouissant et savoureux, virtuose dans l’art de nous désorienter à mesure que se creuse sa savante mise en abyme, le récit parvient haut la main à renouveler une partition dont Luc Chomarat a fait sa martingale.
L’éditeur Delafeuille, personnage récurrent dans les romans de Luc Chomarat, ne se souvient même pas de son prénom. C’est normal, c’est un personnage de fiction. Mais alors si tout ce qu’il vit est une fiction, a-t-il vraiment rencontré Delphine ? Il s’agit de la femme de son ami, Luc, un écrivain de polars qu’il connaît depuis longtemps. Il l’a invité un weekend chez lui dans le sud-ouest et il a alors fait la connaissance de sa famille, de son chien. Ils ont discuté du livre de la rentrée que Delafeuille devait absolument trouver sous la pression de sa patronne. Luc lui a aussi soumis un manuscrit, de littérature blanche cette fois-ci. Un livre qu’il a écrit sur sa femme Delphine. Delafeuille le lit et lui indique des corrections à y apporter notamment sur les femmes à l’ère post MeToo, des propos impensables à publier. Dans cette mise en abîme, l’auteur traite de nombreux sujets d’actualité, le covid étant également passé par là.
Les discussions à la fin sur l’autofiction et la métafiction sont très réussies. Toute cette histoire est d’ailleurs très drôle. On sent que Luc Chomarat s’est amusé à l’écrire. Les lecteurs se trouvent plongés dans le monde l’édition parisienne, chez Gibert, au salon du livre de Nancy. Certaines scènes sont à mourir de rire tellement l’auteur est ironique. C’est absolument réjouissant !
Les temps sont rudes dans le monde de l’édition et pour relancer sa maison indépendante, Delafeuille est sommé par sa nouvelle directrice commerciale de dénicher LE livre de la rentrée. Celui qui caracolera en tête des ventes, qui trustera les podiums des prix littéraires et dont les piles encombreront les librairies. Mais ce graal n’est pas simple à trouver pour cet éditeur un peu dépassé. Il a bien sous le coude un roman écrit sous forme de SMS, qu’il faudra dire avoir « reçu par la poste » pour nourrir les espoirs des apprentis écrivains, mais il est peu convaincu en dépit de l’enthousiasme de sa direction. A la faveur d’une invitation dans le Sud Ouest, il apprend que Luc, auteur et ami, vient de passer à « la blanche ». Un manuscrit qui attire son attention, peut-être parce qu’il y traite de sa femme Delphine, aux charmes de laquelle notre éditeur n’est pas insensible ….
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Ce roman est jubilatoire! A travers le portrait de cet éditeur un peu ringard il met en scène le monde de l’édition avec une ironie mordante. Tout y passe, de la déferlante de la rentrée littéraire à la pluie de manuscrits qui inondent les bureaux éditoriaux depuis la pandémie, de la course aux Prix, à la guerre entre maisons de la rive gauche, en passant par la grande messe des salons littéraires. C’est délicieusement satirique mais on sent que c’est plus vrai que nature et c’est très drôle. L’auteur s’y met aussi en scène, sans complaisance, et le livre devient alors une habile mise en abîme. Car où est la réalité et où est la fiction? Où finit le réel et où commence le roman? On est pris de vertige et c’est particulièrement réussi.
Une vraie bulle de fraîcheur et de légèreté qui fait vraiment du bien. Je vous met au défi de ne pas sourire quand vous saurez pourquoi, selon l’auteur, les trains sont toujours en retard à Angoulême …
Impatiente de rencontrer bientôt Luc Chomarat pour lui parler livres , … et beagle ;-)
Un savoureux mélange de fiction et d’autobiographie. Une histoire dans l’histoire. Un roman construit comme une commode avec des tiroirs qui communiqueraient entre eux.
C’est l’histoire d’un écrivain qui se nomme Luc, tiens comme Luc Chomarat, de sa femme belle et fascinante et d’un éditeur, Delafeuille. Tous ces personnages sont tantôt des personnages de romans, tantôt des personnes de la vraie vie. Difficile de démêler le vrai du faux, et tant pis ! Il est question de l’édition du prochain roman de la rentrée littéraire, de la recherche du manuscrit idéal qui fera le roman en tête de liste des prestigieux prix.
C’est drôle, cocasse, sans merci pour le côté commercial des romans qui paraissent en cette fin d’été. Ça nous renvoie à notre rapport au livre et à la lecture, ça nous interpelle sur l’industrie du Livre.
Un roman d’une grande originalité qui illustre parfaitement l’actualité, la vie des auteurs, de leur famille et leur lien avec leur éditeur.
C’est drôle, tendre et moqueur.
Luc Chomarat est un écrivain aux romans atypiques, dont les récits brouillent les codes et peuvent parfois perdre le lecteur en mêlant fiction et réalité, et c'est exquis!
Dans son dernier titre, il met en scène Delafeuille, un éditeur parisien, à qui l'on a posé un ultimatum : trouver LE livre de la rentrée littéraire, celui qui remportera des prix. Et si en plus, il surfe sur la vague du moment et est féministe, c'est encore mieux!
Lorsque Luc (tiens?), un auteur de roman noir avec qui il est ami, l'invite à passer quelques jours chez lui dans le sud et lui apprend qu'il travaille sur son prochain roman, de la littérature blanche cette fois-ci, avec une auto-fiction dont le personnage central est sa femme, Delafeuille se dit qu'il tient sont titre! D'autant plus que la femme de Luc ne le laisse pas indifférent! Ce serait l'occasion pour lui de répondre aux exigences de sa hiérarchie tout en se laissant aller au charme de la femme de son ami.
Voilà un roman drôle et acide mettant en scène avec beaucoup d'ironie le milieu littéraire actuel! On se plaît à ricaner devant cette course au manuscrit, cette envie de remporter tous les prix, cette frénésie de publication, mais surtout, on est subjugué par la manière avec laquelle l'auteur de ce roman joue avec les limites du réel et du fictionnel!
La mise en abyme est subtile et c'est là une des nombreuses qualités de cette lecture!
En outre, elle nous fait également nous questionner sur les rapports homme/femme ainsi que sur la vision qu'a l'homme de la femme moderne...
Un très bon moment de lecture, qui bouscule et fait sourire!
« Le Livre de la rentrée », et c’est peu dire. Un feu d’artifice littéraire.
Pétillant, subtil, raffiné, ce livre est une délectation. La vigueur d’un langage de virtuosité. Tant de malice, d’intelligence aiguë, dans une douceur telle, que l’on ouvre toutes les fenêtres de ce livre singulier, l’avant-garde du génie.
Sous ses faux airs de clown au nez rouge, s’élève une histoire aux multiples signaux. La caricature de nos idiosyncrasies, et c’est drôlement bien mené.
Sociologique, engagé, sociétal, les degrés sont l’acuité, l’éveil de nos fantasmes et désirs.
Les diktats, les arrières-pensées, les courants de mode, les habitus sont distillés. D’aucuns trouveront l’évocation de leurs petites habitudes et manies.
Ce livre est fascinant de justesse. Le regard d’aigle d’un auteur : Luc Chomarat qui observe, jongle, glisse entre les lignes, nos travers, notre conformisme, sans être critique, l’humour souverain et la pertinence époustouflante.
« - Les hommes médiocres et violents ne sont pas à fuir parce qu’ils sont des hommes, mais parce qu’ils sont médiocres et violents, non ? Et même chose pour les femmes, non ? ».
L’histoire est audacieuse et pointe du doigt là où ça fait mal. Bien au-delà le charme des sentiments, le macrocosme de l’identité. Les rôles inversés, comme une prise de pouvoir sur l’autre. Car oui, l’auteur plonge dans le récit et ses brasses sont des rires, des clins d’œil. Des myriades de surprises qui frôlent nos convictions et nos partis pris. Ce livre est profondément humain et acclame la quête de soi. L’envol d’une création littéraire, gémellaire avec « Delafeuille » personnage central de ce livre.
L’enjeu pour ce dernier, éditeur soumis aux pressions éditoriales de sa hiérarchie. Il se doit de trouver le manuscrit qui sera remarqué, en haut du podium. Il prend acte du manuscrit de son ami devenu, Luc, qu’il a déjà édité. Tourmenté, quelque peu fragilisé par cette quête du Graal, le défi pour lui. Il va se rendre dans le Sud-Ouest en bord de mer pour quelques jours chez Luc. Ce dernier vit dans une agréable maison, avec sa femme Delphine, leur fils et le chien Pablo, si, si. Parisiens parachutés, dans l’ère post-Covid, en plein air. Jogging pour lui et écriture, pour Delphine, le quotidien basique d’une femme au foyer. Pas un faux-pli, pas une poussière ne sont ignorés. Elle est belle, envoûtante, magnétique. Il est misogyne, bobo, lisse et son égo est surdimensionné. Delafeuille se fait discret. Il observe ce couple avec enfant, imagine un roman, sauf que.
Les conversations sont des leviers, des prises de risques. Chacun reste sur sa position. Un chat reste un chat. Le manuscrit va être semeur de zizanie. La fiction et le réel s’enlacent. Delafeuille et Delphine deviennent des protagonistes. Mais la vie, la vraie est dans l’éclat de la nouveauté. Delafeuille ressent des sentiments pour Delphine. Luc fond les décors. Attise la transmutation. Les pions avancent. Rien ne s’échappe. Delafeuille fait plusieurs séjours chez Luc. Comme un escompte hyperbolique du futur.
« - Et puis, ils me font marrer, tes collègues. Leur soi-disant respect des minorités. Il n’y a pas plus raciste qu’un éditeur parisien. Pourquoi crois-tu que, pour eux, « la blanche » est supérieure à « la noire » ?. Delafeuille sourit. -Je crois que tu vas un peu loin ? -Parce que tu penses comme eux. Tu es comme eux. Tu es l’un d’eux. L’éditeur ne releva pas. Raoul était un bon gars. Il fallait juste laisser glisser »... « À Paris on peut tomber amoureux tous les jours ».
Romantique, sensible, Delafeuille est dans une solennité amoureuse. Il ne dit rien. Delphine reste dans son rôle de femme soumise, effacée, à distance de ce qui pourrait faire trembler les murs de son antre. « Elle était vraiment leur mère à tous. C’était paradoxal. Elle ressemblait à un dessin de Kiraz. Pas à une madone à l’enfant ».
Luc reste constant dans sa toute puissance bourgeoise et désagréable. « - Je vais te filer mes vieilles Asics. Maintenant je porte des Brooks. J’ai franchi un pas important. -On n’a vraiment pas les mêmes problèmes ».
« Le Livre de la rentrée » est une mise en abîme psychologique des errances des rapports humains. « Sommes-nous ce que nous sommes ? ». Délicieusement politique et satirique. La traversée du miroir des existences inachevées en quête initiatique. Qui de la fiction ou du réel ? « Le Livre de la rentrée » est un pied de nez au monde éditorial. C’est un livre au fond, d’une gravité spectaculaire. Mais « Le Livre de la rentrée » n’est pas toujours celui que l’on croit, mais celui-ci. Apprendre à se méfier comme le disait Prosper Mérimée.
Une madeleine de Proust. Publié par les majeures Éditions La Manufacture de livres.
L’art de perdre le lecteur, pour son plus grand bonheur !
Au départ tout est simple, Delafeuille le bien nommé est éditeur, à la recherche du graal, le livre phare de la rentrée littéraire. Il reçoit un texte indigent, mais plébiscité par sa supérieure hiérarchique qui est la tante de, il faut donc faire avec. Là où ça se complique, c’est lorsque Delafeuille se déplace chez l’un de ses auteurs, Luc (eh eh), en train de se consacrer à l’écriture d’un roman, que nous sommes entrain de lire…
A chaque phrase, chaque nouveau chapitre, nous sommes contraints de recentrer la focale, sous peine de devenir fou (de joie!). C’est une prouesse et un régal.
Cela n’empêche en rien une critique non déguisée du monde de l’édition, mais est-on surpris ?
C’est drôle, inventif, et comme souvent avec Luc Chomarat, le titre peut être source de gags : présentez-vous dans une librairie pour demander le livre de la rentrée !
240 pages La manufacture de livres 24 août 2023
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